On connaît habituellement deux périodes dans la production champenoise : le IXe siècle avec Reims où l'archevêque Ebbon développe cette production et dans les grands scriptoria des abbayes champenoises (notamment Hautvillers). Le style pictural est raffiné, style par commodité appelé « école carolingienne de Reims » (cf catalogue de la BNF sur ce sujet). Les manuscrits les plus connus restent l'Evangéliaire d'Ebbon conservé à Epernay, ou le Psautier d'Utrecht (un des jalons de l'histoire de l'art de l'enluminure liée à la renaissance carolingienne). Le XIe-XIIe siècles correspond à une intensification de l'activité des scriptoria des abbayes bénédictines rémoises dont les bibliothèques s'enrichissent de nombreux volumes. L'influence de Cîteaux à travers l'abbaye de Clairvaux, 3e fille de l'ordre, sous l'abbatiat de saint Bernard qui la dirigea de 1115 (fondation) à 1153, en fit un centre intellectuel important.
Récemment une troisième période a été relevée, celle de la « splendeur de la cour de Champagne » (titre d'une exposition) avec Henri le Libéral (2° moitié du XIIe siècle) qui constitua la première bibliothèque princière et qui fut le siège d'une cour raffinée influencée par la comtesse Marie, protectrice de Chrétien de Troyes.
[...] Dans ce milieu se dessine à la fin du siècle un courant humaniste. Le chanoine Jacques Dorey possède, avant manuscrits dont les Métamorphoses d'Ovide ; la bibliothèque personnel de l'évêque Jacques Raguier, successeur et neveu de Louis (1483-1518) rassemble elle aussi des auteurs classiques. Ses cousins Etienne et Louis Budé, chanoines de la cathédrale de Troyes, reçoivent souvent la visite de leur frère Guillaume Budé. La plus grande partie de leurs livres sont imprimés. Tout près de la cathédrale, la collégiale Saint Etienne est elle aussi un pôle de la culture ; on relève notamment parmi les chanoines les noms de Sébastien Mamerot, d'Odoart Hennequin et Jean Le Peley. [...]
[...] Les contacts entre les deux familles sont fructueux car les deux sont très riches. Toute cette fratrie Le Pely Molé Hennequin s'est passionnée pour les livres. Ils étaient réputés pour posséder de très beaux manuscrits. Ils avaient également dans leur famille cousine des Léguisé de beaux exemples de bibliothèques, notamment celles de l'évêque Jean Léguisé et de Guillaume Léguisé, archidiacre. Guyot II Le Peley fit notamment appel à Jean Colombe pour illustrer plusieurs manuscrits. On trouve les armoiries de la famille dans un Lancelot en prose, un livre d'heures peint par Jean Colombe ; ce dernier illustra encore une Histoire de Jules César pour Guyot II. [...]
[...] Le roi restent méfiant face aux troyens et à leurs relations avec les Bourguignons (il supprime le conseil de ville en 1470 pensant que les assemblées populaires sont causes de troubles). Il le remplace par un conseil d'échevins qui siègent dès 1470. Parmi les échevins et maires, les grandes familles troyennes laïques (Molé, Liboron, Mauroy, de Marisy, etc des marchands, des ecclésiastiques, des hommes de loi, souvent apparentés entre eux. De son côté, Louis de Laval a apporté son propre chapelain, Sébastien Mamerot, qui devient chanoine et chantre de la collégiale St Etienne de 1472 à 1478. [...]
[...] BIBOLET (Françoise), Le mécénat troyen : les bourgeois de Troyes à la fin du XVe siècle pp. 17-34. Les dommages causés par la guerre de cent ans sont pansés tardivement au milieu du XVe siècle ; les activités commerciales reprennent alors que la situation politique et économique se trouve troublée par le voisinage bourguignon. Troyes et la guerre contre la Bourgogne : dès 1465 une partie de la noblesse se révolte contre Louis XI en formant la ligue du bien public à laquelle participent Charles le téméraire et Louis de Luxembourg qui entretiennent de bonnes relations avec les notables troyens. [...]
[...] Ils mourront tous deux au début du XVIe siècle. Guillaume est un homme d'affaires avisé en faisant du commerce avec Arras (armement, métal, sel, etc Dévoué à sa ville, il fait partie de l'échevinage de 1472 à 1474 puis en 1492 et de 1495 à 1497. Il prouve son goût artistique en faisant don de vitraux et achète de nombreux manuscrits. Il possède un manuscrit de la Passion du Christ portant ses armoiries et celles de sa femme et décoré par l'atelier du Maître de Guillaume Lambert installé à Lyon (Guillaume y séjourne parfois). [...]
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