Avec la fin des raides vikings, l'économie médiévale prend un nouvel essor. Le dynamisme monétaire, qui connaît son apogée au cours du XIIIe siècle, relance les échanges et le commerce, faisant du marchand un acteur de premier plan. Pourtant, c'est une vision tripartite de la société médiévale que nous lègue Adalbéron de Laon lorsqu'il distingue ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent. Cette dernière catégorie reste longtemps réservée aux paysans et ignore non seulement les marchands, mais aussi tous ceux qui s'établissent en ville. Or, la ville, lieu privilégié des échanges, n'a de cesse de se développer au cours de ce que Jacques Le Goff appelle la « révolution » commerciale. Du Xe au XIVe siècle, ce sont ainsi deux conceptions qui s'opposent : celle d'une société traditionnelle tournée vers une économie « naturelle » revendiquée par l'Église et celle d'une société en pleine expansion, qui sort de ce cadre pour célébrer la naissance de l'individu. Au cours de cette mutation, les marchands jouent un rôle prépondérant et leurs activités, loin de se cantonner aux frontières mouvantes du royaume de France, engendrent des flux étonnants, du royaume d'Angleterre jusqu'au vaste Orient. Au sein de cet ensemble, deux zones se distinguent par leur dynamisme : l'Italie du Nord avec sa thalassocratie, et la Flandre du textile.
[...] De nombreux textes bibliques traitent de l'argent et sont unanimes : Si ton frère tombe dans la gêne ( tu ne lui donneras pas d'argent pour en tirer du profit ni de la nourriture pour en recevoir des intérêts (Lévitique) ; Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïrait l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon (Evangile selon Matthieu). Ce que l'Eglise reproche au marchand, c'est d'abord le maniement de l'argent, qui va souvent de pair avec l'avaritia (la cupidité) qui détrône, à la tête des 7 péchés capitaux, la superbia (l'orgueil), péché féodal. L'argent, qui remplace Dieu dans le cœur de beaucoup d'hommes, est une grande menace pour l'Église. [...]
[...] Le marchand-banquier Leur richesse leur permet d'accéder à une nouvelle fonction : celle du marchand-banquier. La diffusion de la monnaie se fait uniquement par l'intermédiaire du marchand qui l'introduit d'ailleurs dans les campagnes. Les grandes foires, où les marchands amènent l'argent des mines de leurs pays, nécessitent l'intervention de changeurs qui seuls sont capables de juger de la valeur d'une monnaie par rapport à l'autre et d'assurer l'honnêteté de la transaction. L'argent devient un produit commercial dont l'usure se fait une spécialité. [...]
[...] Quelle est l'influence du marchand sur la société médiévale au cours de cette période de mutation ? Du marchand itinérant au marchand sédentaire II) Les difficultés face à l'Eglise III) Le marchand dans la société médiévale Du marchand itinérant au marchand sédentaire Les pieds poudreux Ce qui caractérise le marchand médiéval, c'est le voyage. Durant la haute MA, on se souvient des Vikings qui détiennent tous les atouts indispensables à la bonne marche de leur commerce. Leur connaissance de la navigation et leur réputation de guerriers en font de redoutables marchands. [...]
[...] Au XIIIe siècle, c'est surtout le cas dans les villes des deux zones commerciales les plus dynamiques : en Italie du Nord, ce sont les Alberti ou les Peruzzi à Florence, les Balbi à Venise ou les Grimaldi à Sienne ; en Flandre, ce sont les Le Blond à Douai ou les Stanfort à Arras. Au début du XIVe siècle, le divorce entre travail et capital est établi et annonce l'ère des hommes d'affaires. Des destins étonnants Cependant, tous ne choisissent pas de suivre les traces de leurs pères. [...]
[...] Les routes sont aussi très mauvaises et il est rare que la marchandise arrive en bon état. Le moyen le plus efficace et le moins cher reste le transport maritime qui prend réellement son essor à partir du XIIe siècle grâce aux techniques nouvelles (le gouvernail d'étambot, la voile latine, la boussole, les progrès de la cartographie). Même si les aménagements les plus importants ont lieu à la fin du MA, on peut néanmoins noter la mise en place du premier pont suspendu en 1237 qui ouvre par le Gothard la voie la plus courte entre Allemagne et Italie. [...]
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