Le texte qui nous est donné d'étudier est une lettre, voire un rapport, rédigé par l'ambassadeur Liutprand de Crémone à la demande de son empereur Otton Ier, lors de son voyage diplomatique à Constantinople en 968. Ce récit se découpe en plusieurs parties toutes marquées par une hargne violente envers le pouvoir Byzantin. Le narrateur y décrit d'abord une procession le 7 juin, jour de la Pentecôte, entourée de tout le cérémonial religieux et politique qui l'accompagne. Il nous décrit ensuite à travers des détails cinglants et abondant le déroulement du repas suivant la cérémonie, comment il perçoit les Byzantins et comment Nicéphore Phocas, empereur illégitime de Byzance, considère l'empire de son maître.
Nous essaierons, au travers d'une étude approfondie de l'extrait proposé, de dégager les grands traits de la situation politique entre Empire d'Orient et Empire d'Occident. Quelles représentations chacun se fait il se de l'autre ? Comment ces visions, trop souvent déformées, influencent t elles les relations entre ces deux puissances ? Outre, la référence permanente au texte pour appuyer nos propos, nous ferons continuellement appel à des points d'ordre historique et géopolitique, permettant de mieux cerner la situation complexe et en perpétuelle évolution qui règne autour du monde byzantin. Nous verrons tout d'abord comment Byzance est perçue par cet ambassadeur occidental et comment cela joue t il sur les rapports avec l'Occident. Puis nous tenterons d'analyser la perception que se font les Byzantins, plus particulièrement l'empereur guerrier Nicéphore Phocas, de l'empire d'Otton Ier. On fera cependant attention à la validité des propos du narrateur, qui rappelons le est envoyé par l'empereur occidental, en relativisant constamment son récit empli de jugements débordant de haine, d'une sévérité excessive et probablement fort exagérée.
[...] Comme nous l'avons vu précédemment, il attribue cette incapacité à leur gloutonnerie et leur goût pour la boisson, mais il évoque également la faible ampleur des moyens. Ligne 28 : ton maître n'a pas une flotte nombreuse. L'Occident est vu une fois de plus comme inférieur aux Byzantins, thalassocratie par excellence qui possède une flotte considérable. Fig Gravure du basileus Nicéphore II Phocas, représenté ici en véritable empereur stratège, tenant son arme levée dans la main droite. Nicéphore effectue une comparaison entre son empire et son rival : il perçoit ce dernier comme affaibli et démoli tandis qu'il voit le sien comme vigoureux et puissant. [...]
[...] Au Moyen Âge, l'Orient représentait l'utopie du raffinement et des richesses et suscitait dans l'imaginaire populaire la convoitise d'un luxe inconnu. de l'Occident du fait qu'elle était chrétienne et que, par conséquent, elle offrait un monde à Byzance, quant à elle, avait intégré ce modèle de luxe et de beauté, d'abord par l'héritage des Romains et des Perses, et ensuite par ses contacts maintenus avec les peuples musulmans après le VIIe siècle. Byzance suscitait d'autant plus l'admiration la fois mystérieux mais non pas complètement étranger. [...]
[...] L'emploi de l'adverbe longtemps nous montre aussi que pour lui ce repas fût ennuyeux et donc peu plaisant comme le laisse à penser l'expression scènes d'ivrognerie Cette expression d'ailleurs ne fait qu'amplifier le tableau de décadence que nous dépeint l'auteur, et l'on semble bien loin de l'émerveillement et de la splendeur que suscitait Byzance avant cette ambassade. Une hospitalité diplomatique discutable Comme nous l'avons dit dans l'introduction, Liutprand de Crémone se rend à Byzance dans un but diplomatique. En effet, il est envoyé par Otton Premier, empereur romain d'occident, pour trouver une épouse à son fils, Otton II. Ce mariage dissimule une idée précise : la princesse byzantine apporterait pour dot en occident les terres italiennes manquantes à Otton Premier pour compléter son royaume. [...]
[...] Lors de sa première ambassade, Liutprand de Crémone témoignait d'un émerveillement et d'une fascination pour les splendeurs d'or et de pourpre de la cour de Byzance et de ses fastes. En 968, à son retour dans la Reine des Villes on ne trouve que dégoût et détestation pour cet empire dirigé d'une main de fer par un imposteur qui n'a pas la stature d'un homme d'une telle envergure. Nous avons axé notre étude sur les représentations que l'on se fait de l'autre, la vision souvent déformée, exagérée de son ennemi. [...]
[...] L'autre, dans le premier cas Byzance, est vu comme un peuple de barbares belliqueux, rustre et loin d'être l'héritière de la richesse de Rome. Son empereur accapare tous les pouvoirs, appauvrissant ses terres et sa cour, ne jurant que par le conflit armé et menant son peuple à sa perte. Dans le second cas, l'autre qu'est l'empire d'Otton Ier, est perçu comme un groupement d'hommes lâches avides de beuveries, ne sachant pas se battre et loin de pouvoir défier la flotte de la thalassocratie byzantine. [...]
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