il convient de définir ce que l'on entend par « législation romaine » : il s'agit de l'ensemble des lois, des dispositions législatives romaines, relatives ici, en l'occurrence, aux Judéens de la Palestine et de la Diaspora.
En ce qui concerne les sources : contrairement à ce que l'on pourrait supposer, la bibliographie à ce sujet est relativement limitée. L'essentiel de notre documentation à ce sujet provient de Flavius Josèphe (né en 37 de notre ère et mort vers l'an 100 de notre ère à Rome), représentant de l'aristocratie de Jérusalem, qui voue un véritable culte mais il choisit cependant de gagner Rome en 71 où il devient un auteur apologétique officiel de l'empire. Sa principale œuvre écrite a été les Antiquités judéennes. Il nous livre une trentaine de documents (lettres, décrets, édits) s'étendant chronologiquement du début des guerres civiles (vers 49 avant notre ère) aux premières années de L'empire. Flavius Josèphe précise qu'il n'a pas été exhaustif, indiquant par là qu'il a opéré un choix dans la documentation dont il disposait, pour ne donner sans doute que ce qui lui paraissait favorable. Il ne cache d'ailleurs pas ses intentions puisqu'il précise qu'il rapporte toutes ces dispositions afin de montrer la bienveillance romaine à l'égard du judaïsme. Il ajoute aussi qu'il a voulu rappeler aux grecs que Rome n'a pas empêché les Judéens de suivre leurs coutumes ancestrales, mais au contraire, les a aidés à les conserver.
Ces textes, transmis par Flavius Josèphe, constituent un ensemble unique sans parallèle. On ignore, en revanche, où il a puisé sa documentation : sources personnelles, compilation due à Nicolas de Damas, consultation des archives romaines. En outre, la constitution de telles collections était nécessaire dans la mesure où la publicité se faisait assez mal. Cette manière de faire explique la corruption de certains passages (erreur ou suppression pour le nom des magistrats, déplacements chronologiques, paragraphes tronqués...), puisqu'il s'agissait de conserver ce qui paraissait faire une jurisprudence favorable. Si l'on résume ces textes sous la forme d'un tableau chronologique, on voit qu'ils se répartissent en quatre dossiers distincts : le premier émane du consul pompéien Lucius Lentulus ou des ses lieutenants et date du tout début de la guerre civile ; le deuxième est constitué des décisions prises par le dictateur Jules César (né en 100 avant notre ère et mort en 44 avant notre ère) ou à son instigation (la dictature est une magistrature extraordinaire à Rome : le dictateur est doté de pouvoirs exceptionnels pour une fonction précise essentielle à la survie de Rome lors d'un danger militaire éminent. César sera nommé pour une période illimitée et non par le Sénat. Cette magistrature disparaîtra après lui) ; le troisième consiste en une petite séquence datant de l'époque des Trimvirs (ce sont les membres d'une association de trois magistrats puis à la fin de la République, ce sont les membres d'une association de trois chefs militaires. Il s'agit ici du second triumvirat formé en 43 avant notre ère par Octave (futur empereur Auguste), Antoine et Lépide, qui prend un caractère institutionnel.) ; le dernier, enfin, est dû à l'empereur Auguste et à ses collaborateurs et il concerne uniquement l'Asie et la Cyrénaïque. A cela, il faut ajouter quelques documents pour lesquels on ne peut pas proposer de datation certaine (à savoir les « incerta »).
La problématique est la suivante : en quoi consiste exactement cette législation romaine à l'égard des Judéens ? Quelles en sont ses principales caractéristiques, ses apports et son impact envers les Judéens ?
Nous étudierons dans une première partie les lois octroyées aux Judéens de la Palestine puis dans une seconde partie, nous traiterons des lois octroyées aux Judéens de la Diaspora. Enfin, dans une troisième et dernière partie, nous tenterons de savoir s'il faut parler ou non de « privilèges » en faveur des Judéens.
[...] Pour la Diaspora, c'est le souci de la concorde, de l'entente qui l'emporte et les cités sont engagées à reconnaître la spécificité des communautés judéennes qu'elles soient constituées en politeumata comme en Orient ou en thiases et collèges comme en Occident. Par une application logique de ces conceptions juridiques, Rome a été conduite à reconnaître la solidarité entre la Palestine et la Diaspora. Mais bien que son attitude à l'égard de la Palestine soit dictée par des motifs strictement politiques (le règlement de la succession d'Hérode et la guerre en 66 de notre ère en sont des preuves), les décisions à l'égard des communautés de la Diaspora sont dues au simple respect des convictions religieuses. [...]
[...] Par conséquent, on peut dire qu'il n'y avait pas de législation romaine spécifique aux Judéens de la Palestine et de la Diaspora. Enfin, il ne faut pas oublier que l'essentiel de la documentation sur ce sujet nous provient de Flavius Josèphe qui, d'ailleurs, rapporte toutes ces dispositions vis-à-vis des Judéens afin de montrer la bienveillance romaine à leur égard et pour rappeler aux Grecs que les Romains n'ont pas empêché les Judéens de suivre leurs coutumes ancestrales. De plus, selon lui, ces textes sont la preuve irréfutable de l'amitié des Romains pour les Judéens. [...]
[...] Dans le domaine militaire, les dispositions de César sont différentes puisque cette fois, il dispense toute la Palestine de fournir son contingent de troupes auxiliaires, contrairement à ce qui est imposé d'habitude aux tributaires. En effet, il faut se rappeler que l'armée romaine est composée de légions exclusivement recrutées parmi les citoyens, au contraire des contingents d'auxiliaires qui sont levés chez les peuples et les cités alliées, à leurs frais, ou bien fournies plus ou moins gracieusement par les dynastes vassaux. De plus, avec césar, aucune compensation n'est demandée en échange et s'y ajoute même la dispense de fournir un logement pour l'hivernage des troupes régulières. [...]
[...] La législation augustéenne Lorsqu' Octave arrive au pouvoir, il supprime la République et met en place un nouveau régime à Rome à savoir le Principat. En effet, Octave, futur empereur Auguste, fonde l'empire romain en 27 avant notre ère. Il faut d'abord savoir que la législation impériale se fait par édits (des prescriptions d'ordre général), rescrits (réponses données par l'empereur à des questions précises), mandats (instructions de caractère administratif qui s'applique à un territoire donné mais peut s'étendre plus largement) et par décrets (décisions judiciaires faisant jurisprudence). [...]
[...] C'est pour cela que l'on peut affirmer que la législation césarienne est une législation fondamentale envers les Judéens. La législation triumvirienne Les Triumvirs confirment les décisions antérieures pour la Palestine qui se comprennent à la lumière des changements constants d'obédience (obéissance ou soumission à un supérieur) survenus au cours de la guerre civile entre les triumvirs et les Républicains. De toute manière, les dispositions conservées ici s'inscrivent dans l'esprit de la législation césarienne ou s'en réclament. II/ Les lois octroyées aux judéens de la Diaspora La législation pompéienne Pendant les guerres civiles, les premières décisions sont ponctuelles et concernent des membres de la Diaspora qu'il s'agisse de citoyens romains d'origine judéenne, refusant l'enrôlement dans les légions ou de ceux qui, résidant dans les cités grecques, veulent garder leurs coutumes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture