Le document présenté est tiré du Memoriale Guilielmi Venturae civis Astensis de la collection Rerum italicarum scriptores daté de 1727. Le texte est un véritable témoignage sur le premier jubilé de l'an 1300. L'auteur, Guglielmo était un catholique italien qui a effectué un pèlerinage dans la capitale pontificale, Rome, lors de cette année sainte de 1300. Il faut rappeler qu'un jubilé est une année durant laquelle l'Eglise accorde des indulgences c'est-à-dire des rémissions accordées par le pape de la peine temporelle due aux péchés. Cette année sainte est aussi issue d'une pratique juive selon laquelle tous les cinquante ans une année était consacrée à Dieu et au repos. De l'hébreu « yôbel », son du cor qui annonce la fête et du latin « jubilarum » qui exprime un cri d'allégresse des bergers, le jubilé est dans la tradition juive une grande fête religieuse, dans la religion chrétienne le jubilé sera une année à pèlerinage. Guglielmo était présent à Rome lors du jubilé. Durant cette année sainte l'Eglise et surtout le pontificat étaient au sommet. C'est alors avec faste que l'on célèbre le treizième centenaire de la naissance de Jésus en 1300, fête proclamée par le pape Boniface VIII avec la bulle Antiquorum. Une trêve s'était instaurée entre le pape et le roi de Francie Philippe IV Le Bel depuis 1297 et la grande famille des Colonna est réduite à l'impuissance. Le premier jubilé est une année sainte mais aussi la marque d'un pontificat à son apogée. Que nous transmet alors le témoignage de Guglielmo sur la situation du pontificat romain et sur les pratiques religieuses à l'aube du XIVème siècle ? Nous verrons d'abord que le jubilé répond à un besoin religieux des fidèles. Puis nous remarquerons que l'Eglise représentée et gouvernée par Boniface VIII mettra à profit cet élan spirituel.
[...] Ils viennent des pays limitrophes, ils sont espagnols, français, allemands, hongrois etc . Le voyage jusqu'à Rome exigeait un gros effort, un déracinement de longue durée et comportait de nombreux dangers. Pourtant cela n'a pas découragé l'immense foule de pèlerins à faire absoudre leurs péchés à Rome. Le jubilé de 1300 qui attire de nombreux chrétiens apporte également un profit à la cité romaine. un profit pour la ville de Rome La ville pontificale va profiter de l'afflux de nombreux chrétiens lors des pèlerinages durant une année complète. [...]
[...] Il répond donc favorablement à la demande des fidèles mais il exalte aussi sa fonction de successeur de saint Pierre et depuis la réforme Grégorienne, de vicaire du Christ. Boniface VIII fixe enfin les dates du jubilé toujours en fonction des moments religieux symboliques. Le jubilé occupe une année entière à partir du jour de noël 1299. La bulle est rétroactive : prononcé le 22 février 1300, elle débute en fait le 25 décembre 1299. Ce qui confirme que le pape a été pris de court et qu'il répond à une demande pressente. [...]
[...] Ce pèlerinage romain est vraiment important. Le pape Boniface VIII instaure alors un Jubilé qui répond aux besoins du peuple pour le salut de l'Eglise. La réponse favorable du pape On apprend des lignes 5 à 11 nous avons entendu dire aux anciens que tous les chrétiens qui, ( seraient absous et de la faute et de la peine. Boniface et ses cardinaux, réunissant un concile, ( ils statuèrent, ordonnèrent et décrétèrent que le jubilé de 1300 ne répond qu'à une demande et à une pratique déjà bien ancrée dans l'esprit des fidèles. [...]
[...] Le séjour était profitable à la ville. Beaucoup d'auberges s'ouvrent et même un guide fait visiter les basiliques. Les semaines les plus chargées correspondaient au calendrier liturgique. Les pèlerins venaient surtout en février mois de l'annonce du jubilé et aussi mois de la fête de la purification de la vierge (le 2 février), mais surtout à paques et à noël, date à laquelle l'auteur s'est rendu à Rome. Les dépenses engagées dans la ville par les fidèles ont rapportés beaucoup d'argent à Rome. [...]
[...] En somme le jubilé de 1300 n'est qu'un aboutissement de traditions religieuses. Les chrétiens préoccupés par leur salut amenèrent le pape boniface VIII à instaurer ce jubilé. Mais même si ce jubilé n'est qu'une réponse à la demande de nombreux pèlerins c'est surtout la marque d'un pontificat puissant. Le pontificat exprime à travers ce jubilé sa volonté de contrôler et de corriger toute activité humaine, domination qui est à la fois temporelle et spirituelle. Le témoignage de Guglielmo est intéressant : il montre bien que l'on venait à Rome en pèlerinage avant le premier jubilé mais que le pape en profite pour renforcer sa position. [...]
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