Jean Petit, Louis D’Orléans, légitimation du tyrannicide, Charles VI, Jean Sans Peur, royaume de France
Le 23 novembre 1407, Il est un peu plus de 7 heures du soir, à Paris, lorsque le duc Louis 1er d'Orléans, fils du roi Charles V, accompagné de 10 hommes quitte l'hôtel où loge la reine Isabeau, sa belle-sœur. Il part en direction du palais du roi Charles VI, son frère. Arrivé presque à l'angle de la rue des Rosiers, il est assailli par une dizaine d'hommes masqués, armés d'épées et de haches qui se jetèrent sur lui. Le duc d'Orléans gît dans la boue, affreusement mutilé, main gauche tranchée, tête éclatée. Les assaillants s'enfuirent à cheval pour se réfugier à l'hôtel d'Artois, résidence du duc de Bourgogne. Vite menée par le prévôt de Paris, l'enquête révèle que cet homicide est un crime politique. Dès le lendemain, tout Paris connaît l'incroyable nouvelle : c'est le duc Jean sans Peur qui a commandité le meurtre du duc d'Orléans. Celui-ci, qui avait quitté la capitale, va y revenir afin de se justifier. Sur le chemin, la population est nombreuse et acquise à la cause du duc de Bourgogne
[...] Il va particulièrement insister sur ce caractère dans la mineure de son discours. Petit va établir un véritable réquisitoire contre Louis D'Orléans coupable selon lui d'avoir commis le plus haut degré du crime de lèse-majesté à savoir le 4e (le premier étant envers le roi, second envers la reine, tiers envers le dauphin et les enfants, quart envers la chose publique) (l2 4). Il lui reproche notamment de s'être allié avec les ennemis du royaume (peut-être les sorciers car Louis D'Orléans a été désigné comme responsable de la folie de son frère par « poisons, venins et intoxications ») afin de profiter de la folie de son frère et prendre ainsi le trône. [...]
[...] Bien décidé à asseoir sa domination nouvellement acquise, Jean Sans Peur prit bien soin de se réconcilier avec la maison d'Orléans par la paix de Chartres signée le 09 mars 1409. Cette cérémonie fut un véritable crève-cœur pour les fils du duc décédé qui en larmes, accordèrent leur pardon à Jean sans Peur. Puis, ils prêtèrent le serment sur les Évangiles de respecter cette paix qui venait d'être signée (mais cette paix ne fut qu'une illusion et les années qui vont suivre vont nous le prouver). [...]
[...] I Louis D'Orléans, un tyran à la Cour de Charles VI A Quelques mots sur Jean Petit Normand d'origine, Jean Petit s'essaya tout d'abord à l'écriture de vers (le moins que l'on puisse dire c'est que ce ne fut pas une franche réussite), idem pour les sermons. Toutefois Jean Petit était quelqu'un de très cultivé ce qui lui valut d'être très tôt distingué et pensionné par le duc de Bourgogne. A l'université de Paris, il étudia les Arts, le droit mais aussi la théologie, discipline qu'il va exercer jusqu'à en devenir docteur en 1402. Concernant son titre de maître, on peut rattacher cela au fait qu'il s'était investi d'une mission religieuse (il fut notamment prêtre dans le diocèse de Rouen). [...]
[...] Afin de légitimer cet acte, Jean Sans Peur va en appeler en mars 1408 à un docteur en théologie, Jean Petit. Ce dernier va alors mettre en place un discours faramineux afin de souligner l'intelligence qu'a eu le duc de faire assassiner son rival d'Orléans, pour le bien du royaume : ce sera la fameuse Justification. Celle-ci nous est retranscrite dans quelques ouvrages, notamment dans la Chronique d'Enguerrand de Monstrelet (chronique allant de 1400 à 1444 et composée de deux tomes). [...]
[...] Bref les arguments de maître Jean Petit et la force politique et militaire de son maître firent plier la Cour de France. Enfin Petit termine son plaidoyer en faveur de Jean Sans Peur par une référence à Dieu 35 36) et par une phrase latine pour que le duc soit béni « pour des siècles et des siècles ». Bref il conclut sa Justification en présentant finalement Jean Sans Peur comme un serviteur de Dieu, ayant commis cet acte pour le bien du royaume, et cela au grand dam de la veuve du duc d'Orléans Valentina Visconti et de ses fils, qui comptent bien ne pas laisser s'établir dans le royaume cette soi-disant Vérité. [...]
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