Jean II, fils de Philippe VI de Valois, lui succède au trône de France en 1350. Il est sacré à Reims le 26 septembre et fait son entrée dans Paris le 17 octobre. Même si la mort de son père ravive l'ambition à la couronne de France du roi d'Angleterre Edouard III ou encore de Charles de Navarre, personne ne remet réellement en cause la succession dynastique. L'historiographie s'est beaucoup moins attardée sur le règne de Jean II et de son père, pour leur préférer, en général, l'histoire du règne de Charles V, fils de Jean II, sous lequel se dessinent plus nettement les contours d'une politique royale en relation avec une opinion publique plus présente ou, en tout cas, plus bruyante. Il est difficile, pour savoir si Jean II était, comme le sous-entendrait son qualificatif, un roi bon, de faire le tri entre les témoignages contradictoires et la diversité des opinions qui l'ont jugé, et ainsi de se faire une idée claire de la question. Celle-ci nous renvoie plutôt naturellement à l'idée d'une opinion publique qui l'aurait jugé de son temps, ors, si le peuple a pu avoir une certaine idée de son roi, c'est surtout les rivalités entre grands ou la littérature postérieure qui influencèrent son image.
Pour répondre à la question, encore faudrait-il savoir comment comprendre ce qualificatif. Que signifie t-il pour ceux qui l'on donné, et pourquoi Jean II, alors que son personnage et son règne ont donné lieu à des jugements divers, a t-il pu hériter de ce qualificatif ? Celui ci est-il vraiment justifié ?
Nous répondrons en trois temps, en étudiant d'abord l'ambivalence de la figure de Jean II chez les contemporains et dans la littérature ; puis nous essayerons de voir quel idéal du prince a pu servir de grille de jugement à la figure de Jean II, tout en essayant de comprendre tout ce que peut englober le qualificatif de « bon » ; enfin, nous verrons quelles spécificités du règne de Jean ont pu marquer son image et l'orienter dans telle ou telle autre direction.
[...] Ors, ces impôts devinrent vite lourds, et remis en cause car l'argent ne semblait pas utilisé dans le bien commun mais dans des largesses particulières aux officiers, par exemple. Le peuple voulait des impôts équitables, mais surtout qu'on leur donne également les moyens de mieux vivre (Mézières parle de politique sociale). On cherche aussi à revenir à la bonne monnaie, c'est à dire à une monnaie stable et forte, seule garante de la prospérité qui est l'élément sans lequel paix et justice ne peuvent être bien établies. [...]
[...] Déjà, la noblesse s'était inquiétée des tentatives de Jean en 1347, lorsqu'il était duc de Normandie, de lever un impôt sur les nobles et le clergé. Pour satisfaire la noblesse autant que pour la contrôler, Jean crée aussi l'Ordre de l'Etoile : il cherchait à constituer une élite militaire qui fut engagée envers lui par un serment personnel. D'un autre côté, Jean fait l'effort de se rendre plus proche de ses sujets et de les écouter : il demande chaque année l'avis des communautés locales, par le biais de consultation des Etats régionaux qui se font à l'échelle des bailliages : il fait de ces consultations son instrument préféré de contact avec ses sujets. [...]
[...] Jean le Bon était-il un roi bon ? Jean II, fils de Philippe VI de Valois, lui succède au trône de France en 1350. Il est sacré à Reims le 26 septembre et fait son entrée dans Paris le 17 octobre. Même si la mort de son père ravive l'ambition à la couronne de France du roi d'Angleterre Edouard III ou encore de Charles de Navarre, personne ne remet réellement en cause la succession dynastique. L'historiographie s'est beaucoup moins attardée sur le règne de Jean II et de son père, pour leur préférer, en général, l'histoire du règne de Charles fils de Jean II, sous lequel se dessinent plus nettement les contours d'une politique royale en relation avec une opinion publique plus présente ou, en tout cas, plus bruyante. [...]
[...] Jean de Venette qui écrit pendant la captivité du roi en Angleterre admire le courage du roi. Les anglais même, dit-on, font l'éloge de Jean. Raymond Cazelles propose l'idée selon laquelle les contemporains se représentaient le roi plutôt comme un homme de cabinet, ce qui expliquerait la surprise devant un roi qui préfère la capture à la fuite. Malgré la faiblesse physique du roi, cette admiration a créé l'image d'un Jean II en puissant chevalier capable de faire tournoyer la hache de guerre au milieu de ses ennemis. [...]
[...] En définitive, il faut réussir à se défaire de siècles de légendes forgées à son sujet pour essayer de tirer des écrits sur Jean II les indices qui nous permettraient de dire que, peut-être, ce roi méritait son surnom. Bibliographie BARBEY, La fonction royale, essence et légitimité d'après les tractatus de Jean de Terre Vermeille, Paris, Nouvelles Editions Latines BORDONOVE, Jean le Bon et son Temps, Paris, Ramsay CAZELLES, Société politique, noblesse et couronne sous Jean le Bon et Charles Paris-Genève, Droz DEMURGER, Nouvelle histoire de la France médiévale, t : Temps de crises, temps d'espoir, Paris, Seuil KRYNEN, Idéal du prince et pouvoir royal en France à la fin du Moyen-Age, Paris, Picard MOLLAT, Genèse médiévale de la France moderne, Paris, Arthaud SENELLART, Les arts de gouverner, du regimen médiéval au concept de gouvernement, Paris, Seuil, 1995. [...]
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