L'inquisition espagnole, un nom qui peut être écrit avec le sang des milliers de victimes emportées dans sa lutte, sur plus de trois siècles. Tribunal imparable au service de l'Église dans l'éradication de l'hérésie, cette institution est à la fois politique et religieuse. Elle a été un puissant instrument de pouvoir, de contrôle du territoire, de propagation du catholicisme en tant que religion d'État, du respect envers le dogme du Christ... Elle inspire, par ses méthodes, de la peur à tous les Espagnols ou étrangers résidant sur ses terres, ainsi que la crainte, pour la population, de se voir inquiétée et le nom de toute une famille à jamais souillé par cette marque indélébile. Progressivement, l'inquisition va éliminer la diversité religieuse, mais aussi culturelle, présentes sur le sol ibérique au profit de l'uniformité. Cette situation découle de nombreuses décisions politiques mises en place par les rois catholiques puis perpétuées par leurs successeurs. Spécialiste de l'Espagne classique, l'historien Raphaël Carrasco voit au travers du Saint-Office (autre nom donné) deux perceptions : « d'un côté nous trouvons une inquisition spectaculaire, vengeresse, cruelle, médiévale en un mot, qui désigne l'ennemi collectif, l'hérétique, l'autre, traître à son pays, à sa foi et à son roi [...] de l'autre côté on voit apparaître une inquisition contre-réformiste, à la tâche aux côtés de la nouvelle Église romaine, usant de formes atténuées d'intimidation et mettant en avant une préoccupation essentielle pour l'instruction du peuple chrétien. ». Là est toute la particularité de cette institution qui évolue au cours des années. Le royaume est pour les autorités scindé en deux catégories bien distinctes : la première, constitue l'existence même de la création et de la lutte du Saint-Office, ce qui nous montre aussi que l'Espagne est en proie à une guerre interne qu'elle mène contre les exclus de la pureté catholique ; la seconde, forme le modèle pour lequel cette politique ségrégationniste se bat pour les garder dans le droit chemin c'est à dire les « purs » ou les « vieux-chrétiens », ceux en qui coule depuis des générations le sang catholique, l'amour de la religion, le respect et le dévouement envers la royauté. Toutefois, il ne faut jamais oublier que l'inquisition veille toujours et sur tout, même les plus fidèles, les serviteurs de l'ordre peuvent être à leur tour inquiétés...
[...] Déjà, la question du monopole espagnol sur le territoire fait débat. Les Pays-Bas se scindent alors en deux à la suite de nombreuses révoltes contre la domination des Habsbourg : les catholiques du Sud, effrayé par les excès des calvinistes, forment le 6 janvier 1579 l'union d'Arras [ ] les Espagnols sont assurés du [ ] maintient de la religion catholique et de l'interdiction du culte réformé. Les calvinistes forment l'union d'Utrecht (23 janvier 1579) avec les sept provinces du Nord qui finiront par devenir un État indépendant en 1648 Dans le Nouveau Monde, la mission évangélisatrice est la raison pour laquelle le Saint Office s'installe. [...]
[...] Conclusion Réunie au sein d'une même institution, l'entreprise commune de l'Église et de l'État domine le paysage de l'Espagne classique pendant de nombreuses années. Construite autour d'un antijudaïsme exacerbé, l'Inquisition a fait de l'hérésie son combat. Ses politiques, influencées par les deux puissances qui l'ont créée, se sont renouvelées avec le temps pour contrôler de façon continue la population et éviter le risque de déviance. La puissance du monarque repose sur la religion catholique et son pouvoir lui vient de dieu, autoriser le développement de cultures minoritaires peut à postériori se retourner contre lui si la moindre d'entre elles venait à prendre du pouvoir et s'imposer. [...]
[...] Dans cette société espagnole, il y a beaucoup de méfiance à l'encontre des étrangers. Néanmoins, la communauté tzigane reste numériquement faible : un millier de personnes environ au début du XVIe siècle, deux à trois mille cent ans plus tard Très tôt, les autorités se sont efforcées à encadrer ces individus, à les pousser à se sédentariser. En 1499, les Rois Catholiques leur imposent de choisir entre la recherche d'un métier et d'une résidence fixe ou bien de quitter définitivement le pays. [...]
[...] ISBN 7181-3803-3 Documents sur support électronique DEFOURNEAUX, Marcelin ; DOSSAT, Yves, Inquisition, in : Encyclopædia Universalis Disponible sur internet : DEDIEU, Jean-Pierre, L'Inquisition, BREF, Les Éditions du Cerf p. 39- 53. In : Google Books. Disponible sur internet : RABINOVITCH, David ; KING, Colin, Les dossiers secrets de l'Inquisition, les larmes de l'Espagne, Inquisition Production INC. In : France 5 Documentaire disponible sur internet : CARRASCO, Raphaël, L'Inquisition et ses réformes au XVIe siècle, p.13. CARRASCO, Raphaël, L'Inquisition espagnole et la construction de la monarchie confessionnelle (1478-1561), p.36. [...]
[...] Carrasco) La répression inquisitoriale des converses Les converses sont les descendants des juifs, qui contraint d'épouser la religion catholique pour rester sur le sol espagnol, ont reçu le baptême. Les conversions débutent dès la fin du XIVe siècle, pour se poursuivre tout le long du XVe siècle et s'arrêter en 1492. Cette date est importante dans le devenir des juifs d'Espagne. Devant l'ampleur du phénomène, les Rois Catholiques prennent une décision radicale inspirée par le Grand Inquisiteur Tómas de Torquemada. [...]
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