Retracer l'histoire de la sorcellerie en quelques lignes est une tâche ardue et présomptueuse, ce n'est pas non plus le but de ce travail. Néanmoins, rappeler les grandes lignes du processus permet de mieux comprendre l'évolution de la position de l'Église et des pouvoirs laïcs par rapport aux pratiques illicites.
Pendant le Haut Moyen Âge, les conciles et les auteurs ecclésiastiques condamnent tièdement les pratiques qui s'apparentent à la sorcellerie et aux arts occultes, tels que les sortilèges, les maléfices, les incantations aux démons et au diable, les philtres et toutes les formes de divination. Plus tard, l'époque carolingienne est marquée par un effort législatif plus intense et systématique pour endiguer les pratiques non admises par l'orthodoxie religieuse. Relayé par la collaboration sans précédent des autorités séculières et ecclésiastiques, le souverain chrétien légifère ainsi contre les maléfices dans ses capitulaires. La croyance au diable est à cette époque vivace et ses complices, sorciers et sorcières, sont perçus comme des individus capables de nuire et de tuer. Néanmoins, la sorcellerie est placée durant toute cette période sous le signe des fantasmes et des illusions diaboliques. À cet égard, le canon Episcopi, qui constitue la charte de la théorie du fantasme diabolique à l'aube du Xe siècle, est intégré au droit canonique vers 1140 par Gratien. Il exhorte les prêtres à expulser des églises paroissiales les « petites femmes » victimes des « illusions et fantasmes des démons » . Bien que redoutés, les maléfices sexuels, les sorts jetés sur le bétail ou les orages provoqués par les « faiseurs de tempêtes » ne sont pas au centre des préoccupations des juges et des clercs avant le XIIIe siècle. Les autorités laïques et ecclésiastiques se focalisent jusqu'alors essentiellement sur le danger autrement menaçant de l'hérésie, ce qui permet une véritable « floraison du merveilleux ».
[...] Néanmoins, la sorcellerie est placée durant toute cette période sous le signe des fantasmes et des illusions diaboliques. À cet égard, le canon Episcopi, qui constitue la charte de la théorie du fantasme diabolique à l'aube du Xe siècle, est intégré au droit canonique vers 1140 par Gratien. Il exhorte les prêtres à expulser des églises paroissiales les petites femmes victimes des illusions et fantasmes des démons Bien que redoutés, les maléfices sexuels, les sorts jetés sur le bétail ou les orages provoqués par les faiseurs de tempêtes ne sont pas au centre des préoccupations des juges et des clercs avant le XIIIe siècle. [...]
[...] Médiévales, 44, Paris, PUV, Printemps 2003, p. 155-172. ROCHELANDET Brigitte, La sorcellerie autrefois, Paris, Horvath ROSSIAUD Jacques, La prostitution médiévale, Paris, Flammarion ROUCHE Michel (dir.), La femme au Moyen Âge, Maubeuge RUSSEL Jeffrey Burton, Witchcraft in the Middle Ages, Ithaca SCHMITT Jean-Claude, Les superstitions dans Histoire de la France religieuse, dir. J. Le Goff, R. Rémond, t Paris p. 417-551. SCHMITT Jean-Claude, L'histoire des marginaux dans J. Le Goff (dir.), R. [...]
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[...] cit., p Déjà en 1322 le canon XXIV du concile de Palerme rappelle que le droit canonique et le droit civil réprouvent la superstition funeste sortilegorum, maleficorum, incantatorum, et interdit que les fidèles se rendent ni chez les individus de cette sorte ni chez les devins ; on retrouve cette triple condamnation dans le décret II du concile provincial de Bourges en 1528 ; Richard Wagner, Sorcier et Magicien. Contribution à l'histoire du vocabulaire de la magie, p Nicolau Eymerich et Francisco Peña, Le Manuel des inquisiteurs, éd. et trad. [...]
[...] Manuels de confesseurs et interrogatoire d'inquisition en Languedoc et en Catalogne (XIIIeme-XIVeme siècles) dans Actes du 99e Congrès national des Sociétés savantes, Paris p. 333-352. CHELINI Jean, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Paris, Hachette CHELINI Jean, BRANTHOMME Henry, Histoire des pèlerinages non chrétiens. Entre magique et sacré : le chemin des Dieux, Paris, Hachette CHARPENTIER Josane, La Sorcellerie en Pays Basque, Paris, Librairie Guénégaud CHÈNE Catherine et OSTORERO Martine, Démonologie et misogynie. L'émergence d'un discours spécifique sur la femme dans l'élaboration doctrinale du sabbat au XVe s. dans A.-L. Head Köning et L. [...]
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