Cours d'histoire médiévale de faculté : Histoire de la Réforme en France à partir de 1516 ainsi que les rapports entre les catholiques et les protestants jusqu'au XVIIIème siècle.
[...] Une partie de la haute noblesse se rallie également, dans les années 1550, aux thèses calvinistes, jetant ainsi les bases du conflit politique qui s'ouvrira dans la décennie suivante. L'église réformée devient progressivement dans cette période une véritable institution, dotée d'une structure presbytéro-synodale (l'autorité fondamentale est dans les mains des églises locales, qui envoient leurs délégués aux synodes provinciaux qui, à leur tour, désignent les représentants aux synodes nationaux. En 1559 a lieu le premier synode national de l'église réformée, qui rédige aussi la première confession de foi (confirmée successivement à La Rochelle en 1571). [...]
[...] A la fin de cette période, le protestantisme atteint environ 10% de la population française. Religion largement minoritaire, donc, mais bien installée dans de nombreuses villes liées aux échanges internationaux et carrefours d'importants réseaux de circulation des idées. Mais au-delà de ces données, ce qui doit être souligné, c'est qu'il s'agit d'une période pendant laquelle les jeux ne sont pas encore fait, la partage entre confessions religieuses concurrentes n'est pas définitif. Les hommes et les femmes qui ont accès à un minimum d'information (à travers la lecture individuelle ou les lectures collectives, les prédications opposées, la circulation des idées à travers les réseaux des marchandises, les voyages, etc.) se confrontent avec ces idées nouvelles, les comparent aux anciennes, y trouvent ou n'y trouvent pas leur compte, les embrassent ou les rejettent, en entier ou par morceaux. [...]
[...] Les règnes de son fils Louis XIII et de son petit-fils Louis XIV sont marqués par de multiples tentatives de réduire la présence protestante et les privilèges accordés par l'édit de Nantes, comme c'est le cas, par exemple, de l'Edit de Nîmes (1629), à la suite duquel les protestants ne garderont que les privilèges religieux et juridiques (plus de places de sûreté, ni de garnisons). Des attaques contre les protestants se multiplient tout le siècle durant, qui vont de l'insertion de clauses de catholicité dans la réglementation des accès à certaines professions, à l'interdiction de l'exercice de certains métiers, à l'interdiction des mariages mixtes pour les catholiques, à la mise en place d'une caisse des conversions pour payer les conversions des protestants souhaitant changer de religion, pour en arriver dans les années 1680 aux dragonnades, et en finir avec la révocation de l'édit de Nantes et l'interdiction du culte protestant en1685 (je n'ai fait que quelques exemples, non exhaustifs). [...]
[...] Les protestants obtiennent aussi un certain nombre de places de sûreté, dont les garnisons sont financées par le pouvoir royal, l'institution de Chambres de l'édit (tribunaux où siègent autant de protestants que de catholiques), leurs écoles et leurs pasteurs sont financés par la monarchie, et d'autres clauses plus spécifiques qui règlent leur présence, leurs droits (ou mieux : leurs privilèges) et leurs devoirs. Une cohabitation s'installe donc dans le royaume, cas atypique, voire unique, dans le panorama religieux européen (vous pourrez indépendamment voir la manière dont d'autres Etats de l'Europe règlent les conflits religieux, par ex. l'Angleterre, ou l'Empire, en comparant par ex. l'édit de Nantes avec la Paix d'Augsbourg en 1555). [...]
[...] D'autant plus que les idées réformées trouvent un certain écho au sein même de la famille royale : la sœur de François 1er, Marguerite, devenue reine de Navarre en 1527, fait de sa cour à Neyrac un foyer de ce qu'on appelle l'évangélisme (cette position modérée à l'égard des idées réformées n'empêchent pas le roi d'exécuter un certain nombre de luthériens La position de la monarchie se radicalise néanmoins à l'intérieur dès 1534, lors de l'affaire des placards : dans la nuit du 17 au 18 octobre, à Paris, Tours, Orléans, Blois, Rouen, Amboise (dans le château royal) sont affichés des placards contestant la doctrine catholique de la présence réelle du corps du Christ dans l'eucharistie. La messe et le clergé sont ridiculisés et attaqués. L'idée d'un mouvement organisée, pouvant arriver jusqu'au seuil de la chambre à coucher du roi commence à faire peur et suscite une réponse rapide de la part du roi. [...]
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