«Carnaval est mort.
Il n'est pas mort, il dort»
- Dicton médiéval-
Le carnaval est immortel, car on en parle toujours. Il s'agit d'un sujet complexe, mêlant anthropologie et histoire, et dont les origines sont pour le moins incertaines. Il est légitime de se demander en quoi la personne qui fait un travail de recherche sur ce sujet est aventureuse. La connaissance de ce phénomène est difficile à acquérir puisque ses origines sont enracinées dans des sociétés dont les écrits n'en font pas directement mention. Par ailleurs, ceux qui ont écrit des études sur le sujet doivent s'en tenir à des conjectures et à des suppositions. C'est également une manifestation en constante évolution, car elle se transforme à travers le temps au même rythme que les sociétés changent.
Un premier pas dans la bonne direction pourrait être de définir ce qu'est le carnaval. Dans un ouvrage de référence sur le Moyen-âge, on y trouve la définition suivante :
Le carnaval est un rituel collectif calendaire mentionné dès le XIIe siècle. (...) Par contraste avec le carême dont il marque l'entrée (...), le carnaval se caractérise par l'exaltation et la consommation de viandes grasses, ([...). [Il] se distingue par ses mascarades bruyantes et joyeuses, (...).
Tout les excès sont permis lors du carnaval, bien souvent sous le couvert du masque. Ce phénomène à son lot d'obscénités : travestissement, simulation d'actes sexuels, inversion de l'ordre social, etc. De plus, il est intéressant de voir à quel point l'Église en a fait grand cas. Dès le IIe siècle, les Pères de l'Église s'insurgent contre ces pratiques impies et lutte avec acharnement pour les interdire, sans toutefois y parvenir
[...] Le carnaval de Venise, dont il est question dans la précédente citation, comportait la particularité de détourner l'attention de la masse des actions politiques des dirigeants. Ainsi, les autorités pouvaient légiférer comme bon leur semblait sans avoir de réelle opposition. Malgré tout, le carnaval pouvait aussi aller à l'encontre du pouvoir lorsque les tensions sociales étaient trop fortes. En outre, le carnaval est une soupape qui sert à évacuer le trop-plein. (...)
[...] Puis, le cinquième jour, on sacrifiait le prisonnier. Le but principal de cette fête était de protéger le pouvoir royal en faisant porter les torts du vrai roi au monarque provisoire[21]. Par contre, ce n'est pas tous les auteurs qui s'accordent pour donner autant d'importance à cette fête. Or, certaines font l'unanimité parmi les spécialistes. C'est, par exemple, le cas des dionysies. Ces fêtes célébraient le dieu grec Dionysos, qui était lié au vin, à la jouissance et au plaisir charnel. [...]
[...] Alors que le carnaval est une fête licencieuse, le carême est un moment d'abstinence. Cette période de l'année, durant laquelle était situées les fêtes païenne mentionnées précédemment, se trouve donc à être située avant le carême et c'est l'influence de ce dernier qui les amènera à devenir ce que l'on appelle le carnaval. Ces fêtes se trouvent donc absorbé par la chrétienté. Selon la seconde théorie, les manifestations carnavalesques remontent à très longtemps et elles n'ont aucunement besoin du carême pour se définir. [...]
[...] Lors du carnaval, il y a confrontation de deux conceptions: païenne et chrétienne. À force d'acharnement, l'Église a fini par transformer le carnaval. Toutefois, les coutumes fondamentalement païennes ont été préservées. Bien entendu, l'énergie déployée par le haut clergé a su faire disparaître les rites les plus répréhensibles. Au Moyen-âge, les gens participants au carnaval n'avaient pas conscience qu'ils commettaient un sacrilège. Pour eux, il s'agissait seulement de coutumes et d'amusements annuels, au grand damne de l'Église[35]. Finalement, l'une des conséquences du carnaval est la conservation d'une culture païenne fortement ancrée dans la société. [...]
[...] Cit. p.17 Claude GAIGNEBET. Le carnaval, Paris, Éditions Payot p. 18-19 Michel FEUILLET. Op cit., p.20 Il s'agit du mercredi précédant Pâques de 46 jours. In Oleg KOCHTCHOUK. Op cit. p.72 Michel FEUILLET. Op cit p.41 Ibid, p Véronique DUMAS, Op cit., p Michel FEUILLET. Op cit., p.24 Véronique DUMAS. Op cit p Béatrice de VILLAINES et Guillaume d'ANLAU. [...]
[...] Comme le cerf, Jésus-Christ vainc la mort et ramène la vie. Les mues annuelles du cerf le rajeunissent éternellement et évoquent la Résurrection.[29] Au Moyen-Âge, plusieurs auteurs ont écrit sur la chute des bois de cerf, dont le moment correspond avec la période de réjouissance qu'est le carnaval. Ce phénomène donnait lieu à des fêtes collectives, lors desquelles on se déguisait en cerfs et que l'hiver, incarné en la personne d'une vieille femme, sortait dans les rues. On brulait ensuite un mannequin à l'effigie de l'hiver afin de le chasser[30]. [...]
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