L’héritage de l’Antiquité au Moyen-Age, réécriture médiévale des mythes, époque médiévale, genre romanesque, espace littéraire français
La naissance du roman en vers à l'époque médiévale est principalement marquée par l'utilisation de la matière de Rome. Les auteurs de l'époque moyenâgeuse réadaptent les mythes en leur insufflant un nouvel aspect de nature féodale. Deux modes de pensée, deux visions différentes du monde cohabitent. Ainsi, dans Le legs du Moyen-âge, A. Pauphilet écrit à propos de l'auteur du Roman d'Enéas : « En mêlant ainsi l'étrange avec le familier, il contribue à créer une de ces délicieuses contrées romanesques où l'on ne ressent qu'un dépaysement limité et qui sont les charmes de notre ancienne littérature. Ses personnages sont aussi hybrides et vivent dans un climat moral incertain. Ils portent dans leur aventure antique des âmes touchées d'idées modernes, et leur originalité est de n'appartenir tout à fait à aucun temps. L'auteur abandonne ses modèles anciens quand ses contemporains risqueraient d'en être déconcertés, car il veut être surprenant mais intelligible. »
Les auteurs de romans contemporains de celui du Roman d'Enéas, porteurs de la naissance d'un genre nouveau adopteraient donc une attitude novatrice en se réappropriant le modèle antique. Le problème de la réappropriation réside dans le fait que le rapport au monde et à la société au Moyen-Age et dans l'Antiquité se trouve souvent en contradiction.
[...] Tout d'abord, le rejet des dieux antiques et de la religion païenne est souvent automatique dans les romans antiques. Pour preuve, dans le Roman de Thèbes, la figure positive d'Apollon, dieu des arts qui avait pour attribution de rendre les oracles, est instantanément évacuée. Lors des cinq cents premiers vers, le clerc dresse un portrait sombre de la divinité et le met en scène de manière à en faire un sorcier douteux représentatif de la duplicité, et donc de la monstruosité. [...]
[...] La naissance sans doute illégitime d'Alexandre fait de lui un personnage bancal. Nectanabus, le père sans doute biologique du héros, est alors présenté comme un sorcier et un instructeur et n'est que peu évoqué dans la version d'Alexandre de Paris. Cependant, dans le Roman de toute chevalerie de Thomas de Kent, un passage explicite clairement le traquenard que Nectanabus tend à la mère d'Alexandre. Ce dernier possède donc certains défauts comme sa non appartenance à la religion chrétienne et des traces de sang probablement impures qui ne lui font pas totalement atteindre l'idéal de chevalerie requis. [...]
[...] Ainsi, dans Le legs du Moyen-âge, A. Pauphilet écrit à propos de l'auteur du Roman d'Enéas : En mêlant ainsi l'étrange avec le familier, il contribue à créer une de ces délicieuses contrées romanesques où l'on ne ressent qu'un dépaysement limité et qui sont les charmes de notre ancienne littérature. Ses personnages sont aussi hybrides et vivent dans un climat moral incertain. Ils portent dans leur aventure antique des âmes touchées d'idées modernes, et leur originalité est de n'appartenir tout à fait à aucun temps. [...]
[...] Cette idée d'accumulation des fautes évoque le concept chrétien d'abyssus abyssum invocat déjà explicité dans les psaumes de David. En somme, il y a dans la réécriture médiévale des mythes une volonté de conserver le savoir et les figures majeures antiques dans une optique de transmission des valeurs féodales et chrétiennes. Ces récits se veulent informatifs et didactiques. Cependant, les auteurs médiévaux doivent faire face au paganisme et à la culture antique qui ne sont pas toujours en adéquation avec le christianisme et les mœurs médiévales. [...]
[...] En second lieu, les lieux sont riches de leur spécificité hybride. Ils sont autant d'entre deux marquant la frontière entre la lointaine antiquité et le moyen-âge connu, ce qui fait naitre la monstruosité constituante d'un cadre merveilleux. Le merveilleux est également utilisé pour décrire des contrées inconnues comme lors de la conquête des indes dans le Roman d'Alexandre. Les divinités païennes se transforment en magie et les végétaux s'animent pour transmettre des augures. Les lieux sont chargés d'une force symbolique intense. Le merveilleux fait peur mais attire. [...]
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