Guerre dans les royaumes, France, Bourgogne, Germanie, bataille du Lechfeld, comte Géraud d'Aurillac, évêque de Beauvais, assemblée de Compiègne
Les sociétés occidentales des Xe et XIe siècles sont assurément marquées par l'intensité des compétitions que mènent les grandes familles issues pour la plupart de l'ancienne aristocratie carolingienne. Les formes que prennent ces luttes sont variées. Force est de constater qu'elles s'exacerbent par moment et déchaînent des épisodes d'une violence plus ou moins grande que l'on nomme faides et qui provoquent la guerre (werra). D'un autre côté, il existe une forme de guerre que les clercs estiment légitime (bellum) : celle qui assure l'ordre public et en particulier la protection de l'Église.
[...] En effet, jusqu'au milieu du IXe siècle, la paix carolingienne était assurée par le souverain. Au tournant des IXe-Xe siècles, la crise de la royauté provoque l'élaboration de nouveaux schémas, déjà en partie pensés par deux moines d'Auxerre, Haymon (vers 850) puis son disciple Heiric († 875). L'ordre social idéal repose alors sur ceux qui assurent la subsistance (agricultores), ceux qui par la prière préparent le salut de tous dans l'au- delà (oratores), mais aussi sur un groupe spécifique de guerriers (bellatores) dont la fonction est, par le métier des armes, d'assurer la paix. [...]
[...] Limiter la guerre La réflexion carolingienne envisageant l'existence d'un ordre de la société consacré au maintien de la paix se heurta cependant à une réalité beaucoup plus complexe. La fragmentation des pouvoirs et la multiplication des seigneuries locales contribuaient en effet à entretenir une situation de petites guerres permanentes entre milites dont les premières victimes étaient les gens désarmés (inermes), paysans et clercs. Dans ce contexte, évêques et abbés s'engagèrent pour le respect de la paix en réunissant des assemblées au cours desquelles les puissants promettaient, sous peine de graves sanctions spirituelles, de respecter les biens et les personnes de ces inermes (document 3). [...]
[...] Elle apparaît ainsi dans l'Empire comme auxiliaire du pouvoir impérial. C. Une guerre juste : la croisade Si d'un côté l'Église tente d'endiguer les violences provoquées par la guerre, elle cherche aussi à les canaliser en promouvant une pratique juste de la guerre, non seulement en Occident (la protection des faibles), mais surtout en l'exportant hors de la Chrétienté. L'Église antique a dans un premier temps réprouvé l'usage des armes : à l'image de saint Martin, la sainteté chrétienne ne pouvait se concevoir qu'à la suite de l'abandon de la carrière militaire. [...]
[...] Il conviendra donc dans un premier temps de rappeler que, par ses acteurs et ses développements, la guerre est une réalité multiforme aux Xe-XIe siècles. Mais dans tous les cas, la guerre apparaît comme l'exaspération d'un ordre social – aux fondements carolingiens, mais profondément et diversement transformés au cours de la période – qu'il sera ainsi possible de caractériser. Enfin, une dernière partie développera la place de la guerre dans les représentations, essentiellement cléricales, et les efforts faits pour transformer les activités militaires. [...]
[...] De vastes territoires, notamment dans le sud des royaumes et en Aquitaine, restèrent donc hors de l'influence directe du pouvoir central. Dans le cadre d'une société qui se développe dès le Xe siècle sur des bases nouvelles et s'organise à l'échelon local autour de la seigneurie châtelaine, le service militaire est pris en charge par les liens personnels tissés par l'engagement vassalique. Les vassaux ont donc, selon leur rang social, des obligations militaires vis-à-vis de leurs seigneurs, qui en retour leur accordent un bénéfice ou fief. [...]
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