Gouverner en Islam, pouvoir musulman, jihâd, guerre, fonction régalienne, accession au pouvoir, loi des Turcs, dâr al-harb, realpolitik, théorie politique musulmane
Le concept de guerre et ses implications n'avaient connu que peu de ferveur en études historiques depuis la remise en cause du paradigme de "l'histoire-bataille" par l'École des Annales dès l'après-Seconde Guerre mondiale. Ce focus historiographique s'est certes maintenu plus longtemps en histoire de l'Islam médiéval du fait de la prégnance de l'histoire des croisades, autant que parce que les spécialistes de l'Histoire du Proche-Orient développaient, incidemment, à la même époque un intérêt nouveau pour des périodes jusque-là peu étudiées, et qui se trouvaient justement marquées par l'avènement d'une classe guerrière, souvent turque ou berbère, produisant des régimes fortement militarisés et n'hésitant pas à porter la guerre contre les puissances européennes comme contre leurs propres coreligionnaires.
[...] La conjoncture est donc globalement défavorable à l'Islam jusqu'à l'arrivée des Almoravides, puis des Almohades, quoique, localement, les princes locaux sachent souvent se servir du dâr al-Harb et entretenir avec lui des rapports autres que d'ordre guerrier, davantage tournés vers la realpolitik, et privilégiant des négociations parfois à leur désavantage pour éviter le conflit ouvert : on est là bien loin de l'idéal primitif du jihâd conquérant, censé être relancé régulièrement par le souverain. Un dernier problème se pose par ailleurs aux pouvoirs musulmans face à la dichotomie traditionnelle entre dâr al-‘islâm et dâr al-Harb : le Xème siècle marque en effet la fin de cette apparente binarité, en ouvrant le temps des ennemis de l'intérieur Si en effet le dâr al-islâm est traditionnellement défini comme l'espace où le détenteur du pouvoir est musulman, alors où doit-on ranger le califat concurrent et surtout chiite des Fâtimides ? [...]
[...] Agrégation d'histoire-géographie Epreuve de dissertation d'histoire Exemple de copie (concours blanc Paris-IV 2016, notée 16/20) Sujet : LE POUVOIR ET LA GUERRE Plan de la copie : Le pouvoir musulman n'est-il caractérisé que par sa capacité à faire la guerre, sous la forme du jihâd ? La guerre, fonction régalienne par excellence et fondement de la légitimité du pouvoir L'usage de la force comme prérogative du pouvoir justifiée par la philosophie politique musulmane La capacité à mener la guerre, principal critère du choix du souverain : destitution des faibles, légitimation de l'usurpation des forts La guerre comme moyen de l'accession au pouvoir ? [...]
[...] * Ainsi la théorie ancienne n'est-elle pas foncièrement fausse : de nouvelles réalités ethniques investissent bien le pouvoir dans le monde musulman à partir du Xème siècle et se montrent plus aptes à mener le jihâd et défendre les populations, désormais, que ses composantes arabes. Mais puisqu'il s'agit également d'une période de recul du monde musulman face aux attaques extérieures venues du dâr al-Harb intéressons-nous désormais aux relations mises en place par ces nouveaux pouvoirs avec l'extérieur du monde musulman, RAPPEL HISTORIO EXEMPLE PRECIS ET DATE CONCLUSION DE LA PARTIE PRECEDENTE INTRO DE LA THESE DE LA PARTIE dont nous verrons qu'elles sont bien plus diversifiées que la simple pratique de la guerre. [...]
[...] A commencer par les contingences matérielles qu'amène la fin immédiate de l'état de guerre : le rôle de l'Etat est, tout autant, de démobiliser et de récompenser les armées après la guerre. Pour cela, la réponse traditionnelle du pouvoir musulman depuis les débuts du califat abbasside est l'iqtâc, système de concession viagère et d'affermage de l'impôt étudié de manière pionnière par Claude Cahen dans les années 1970. A la base prévu pour des régions nouvellement conquises, le système se généralise sur le principe de la concession, par le pouvoir central, d'une rente formée par un pourcentage important de l'impôt foncier (kharag), à récolter auprès des populations indigènes d'une province. [...]
[...] Cependant, depuis le milieu du XIème siècle, cette expansion progressive du monde musulman s'est transformée en une régression avec les attaques successives des Croisades puis de la Reconquista sur les fronts nord (méditerranéen et castillan) et des Mongols sur le front est. Le mot d'ordre devient donc de plus en plus celui de la consolidation et de la sécurisation des frontières, plutôt que de l'extension du dâr al-‘islâm une seule fait exception, la déferlante seldjoukide en Anatolie après 1071, non étudiée ici. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture