En approuvant le 19 octobre 2007 le texte du « traité modificatif » de Lisbonne, le Conseil européen a affiché sa volonté de relancer la construction du projet européiste. Si l'horizon de celui-ci n'est pas encore parfaitement dessiné, nombre s'accordent à reconnaître l'Empire de Charlemagne comme le berceau des tentatives d'unification politique de l'Europe.
En divisant cet Empire en trois grands ensembles, le traité de Verdun marque par conséquent l'acte de décès de la « renovatio imperii romani » et préfigure le chemin stato-national que va prendre l'Europe après l'an mil. Signé en 843 par les trois petits-fils de Charlemagne, Lothaire Ier, Louis le Germanique et Charles le Chauve, il octroie respectivement à chacun la Lotharingie – qui disparaît rapidement –, la Francie orientale à l'est du Rhin, et la Francie occidentale. Cette dernière, la future France, sera le seul des trois royaumes à échapper aux dislocations ultérieures. Néanmoins, peut-on pour autant affirmer que cette Francia Occidentalis est le terreau de la construction de l'Etat-nation français ?
[...] Ces Serments, mis par écrit par Nithard, constituent ainsi un acte de rébellion face au latin dominant et achèvent un peu plus le démembrement du Regnum Francorum. Comme le résume le linguiste Claude Hagège, dans le cas du français, le lien entre le linguistique et le politique apparaît avec une parfaite clarté : la naissance du français, c'est celle de la France. Enfin, dans le symbole politique qui associe Verdun aux prémices de l'Etat. L'Empire, incapable de résoudre les problèmes d'invasion et d'insurrection, n'est plus le cadre adapté à l'exercice du pouvoir. [...]
[...] MUSSOT-GOULARD, La France carolingienne (843-987), PUF - C. BRÜHL, Naissance de deux peuples - Français et Allemands (IXe-XIe siècle)-, Fayard M. GANSHOF, l'échec de Charlemagne C. r. de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Echec de l'Ordinatio imperii de 817 Traité de Meerssen de 870 qui consacre la disparition de la Lotharingie au profit de Charles le Chauve et Louis le Germanique J.VERRIERE, Genèse de la nation française, Champs Flammarion, Paris D.NORDMAN, Frontières de France, Gallimard, Paris G. [...]
[...] La Francia Occidentalis issue du partage de Verdun de 843 : simple vestige du Regnum Francorum ou terreau de la construction stato-nationale française ? En approuvant le 19 octobre 2007 le texte du traité modificatif de Lisbonne, le Conseil Européen a affiché sa volonté de relancer la construction du projet européiste. Si l'horizon de celui-ci n'est pas encore parfaitement dessiné, nombre s'accordent à reconnaître l'Empire de Charlemagne comme le berceau des tentatives d'unification politique de l'Europe. En divisant cet Empire en trois grands ensembles, le traité de Verdun marque par conséquent l'acte de décès de la renovatio imperii romani et préfigure le chemin stato-national que va prendre l'Europe après l'an mil. [...]
[...] Ceci se traduit notamment par le capitulaire de Coulaines (843) qui accorde aux grands du royaume la promesse de ne plus les démettre de leurs charges ni les priver des biens concédés, ce qui peut être considéré comme les prémices de la féodalité ; dans cette monarchie contractuelle, le roi n'est plus que le premier parmi ses pairs. La Francia Occidentalis est donc avant tout le royaume des principautés territoriales. A la base, les sujets ne comprennent pas encore l'idée supérieure d'ordre d'unité, d'Etat. Ils en restent à l'idée d'un lien personnel vassalique d'homme à homme. De plus, outre la montée en puissance de l'aristocratie, les incursions normandes ils atteignent Paris en 845 achèvent de désagréger l'administration carolingienne. Les missi sont ainsi progressivement remplacés par de grands commandements régionaux, dont émergera notamment la dynastie capétienne. [...]
[...] A l'est du royaume est née la limite des Quatre rivières l'Escaut, la Meuse, la Saône, le Rhône qui signe la ligne intelligible séparant le royaume du Saint-Empire. Bien que simplification grossière de la réalité territoriale, cette frontière fut invoquée à maintes reprises comme l'illustration de la remarquable continuité géographique française[6] jusqu'à l'annexion de l'Alsace au 17e siècle. Le partage de Verdun est donc un marqueur national a posteriori, non dans son application stricte, mais parce qu'il donne symboliquement naissance à la future France. Ensuite, dans le symbole culturel que constitue la naissance du français en tant que langue écrite. [...]
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