La fin du XIVe siècle correspond à une période où les grands du royaume accentuent leur pouvoir et leur pression sur le gouvernement central et le roi. En effet, le pouvoir royal faiblit au fur et à mesure que la folie de Charles VI devient irrémédiable, dont la première manifestation le 31 août 1392 précipite et provoque la chute du gouvernement des Marmousets (1388-1392). Si les princes du royaume de France sont animés de volonté d'indépendance et tentent d'affirmer leur souveraineté face au roi, ils ont besoin du roi pour obtenir des sources de revenus substantielles, placer leur clientèle au sein du Conseil du roi afin d'en influencer les décisions. Les princes ne peuvent, par conséquent, rompre les liens avec le roi de France.
Au contraire, parallèlement à la folie croissante de Charles VI et au développement des institutions étatiques, les princes rivalisent désormais entre eux pour convoiter le Conseil du roi et noyauter l'administration centrale. Les premiers signes de la rivalité émergent entre les princes les plus puissants et influents du royaume. En ce sens, les ducs de Bourgogne et d'Orléans voient leurs intérêts diverger. Les rivalités et la lutte pour contrôler le pouvoir royal commencent donc dès la fin du XIVe siècle. Elles s'intensifient au début du XVe siècle et marquent le début de la guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs quand le 23 novembre 1407, le duc de Bourgogne Jean sans Peur fait assassiner le duc d'Orléans, Louis d'Orléans. Ce crime politique, qui souille le sang royal, ouvre une longue période de conflits et de rivalités, aussi bien armés, politiques qu'idéologiques, qui s'achève officiellement en 1435 avec le traité d'Arras sanctionnant la réconciliation entre les deux partis.
[...] La violence et la terreur sont par conséquent des formes politiques de la rivalité Armagnacs/Bourguignons. Outre les nombreux conflits civils que la lutte Armagnac/Bourguignon génère dans les villes et les campagnes, les deux camps n'hésitent pas à procéder à des massacres massifs, comme c'est le cas en 1413 après la révolte cabochienne (26-27 mai). Les Armagnacs, qui contrôlent le gouvernement jusqu'en 1418 (prise de Paris par Jean sans Peur), épurent l'administration par la terreur. Les épurations et les valses d'officiers royaux sont fréquentes pendant la guerre civile. [...]
[...] Les rivalités et la lutte pour contrôler le pouvoir royal commencent donc dès la fin du XIVe siècle. Elles s'intensifient au début du XVe siècle et marquent le début de la guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs quand le 23 novembre 1407, le duc de Bourgogne Jean sans Peur fait assassiner le duc d'Orléans, Louis d'Orléans. Ce crime politique, qui souille le sang royal, ouvre une longue période de conflits et de rivalités, aussi bien armés, politiques qu'idéologiques, qui s'achève officiellement en 1435 avec le traité d'Arras sanctionnant la réconciliation entre les deux partis. [...]
[...] L'opinion publique est le support de toutes formes de propagande destinées à diaboliser l'ennemi. L'espace public naît dans le royaume de France et les formes politiques de la rivalité Armagnacs/Bourguignons y sont relayées. L'opinion publique est désormais indispensable pour les ducs de Bourgogne et d'Orléans dans la mesure où les initiatives privées, face à l'affaiblissement du pouvoir royal, ont besoin d'un soutien nouveau. La compétition engage des intérêts considérables pour chacun des deux camps et l'espace public se voit investi par la lutte Armagnacs/Bourguignons par l'intermédiaire du recours massif à la propagande. [...]
[...] Bourguignon et Armagnac deviennent des injures qui ébranlent l'image de chacun des deux camps. À ce titre, Jeanne d'Arc est désignée comme la putain des Armagnacs par les Bourguignons. La pratique de l'injure revêt une importance éminente dans cette société fondée sur l'honneur. On accuse, en outre, l'ennemi de pratiquer la magie, on l'assimile au catharisme ou on l'accuse encore de se livrer à des prophéties naturellement prohibées. Armagnacs et Bourguignons ont également recours à l'Église pour véhiculer leur propagande. [...]
[...] De la même façon, le nouveau duc de Bourgogne Philippe le Bon veut laver l'honneur de Jean sans Peur et accepte la réconciliation avec les Armagnacs en 1435 (traité d'Arras) quand Charles VII dénonce publiquement le meurtre de Jean sans Peur. Les deux camps ont donc recours à la propagande pour diffuser les moyens de légitimer leurs actions. Au total, depuis la fin du XIVe siècle jusqu'à la fin de la guerre civile en 1435, Armagnacs et Bourguignons s'affrontent sur plusieurs champs : institutionnel, politique, idéologique, militaire, etc. Les protagonistes déplacent leurs rivalités dans la sphère publique en ayant massivement recours à la propagande et la diabolisation de l'ennemi. [...]
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