Encadrer, protéger, diriger les populations sont les fonctions que la société reconnaît à l'aristocratie. Pour cela, ils bénéficient de qualités guerrières, de moyens matériaux (richesse) et d'un réseau social étendu (famille, amis). A cela s'ajoute la fonction de service, soit la compétence administrative. Enfin, son dernier atout est son dynamisme religieux : l'aristocratie guide les populations dans le cadre de l'Eglise. Ainsi, aux fonctions temporelles s'ajoute le « sacré ». L'aristocratie encadre donc la population dans la sphère publique et privée, même si à l'époque on ne distingue pas ces deux systèmes d'encadrement.
•Public : L'aristocrate est le représentant du roi (dans le palais et en province)
•Privé : Il domine dans ses terres propres (il détient le pouvoir sur les hommes vivant sur ses terres)
Ce système provient de la defensio romaine (la défense publique assurée par l'Etat romain) et le pouvoir du maître sur la familia (potestas romaine ou mund germanique : soit le privé). Les rois utilisent ces deux pouvoirs : c'est « l'interprétation des deux formes de protection » (Régine Le Jan), soit la protection du citoyen et des dépendants.
A partir du milieu du VIIIe siècle, soit à partir de l'arrivée des Carolingiens au pouvoir (751), Pépin le Bref puis Charlemagne réforment ce système en faisant de l'élite une aristocratie avant tout de « service », qui se hiérarchise : on distingue désormais une élite minoritaire très proche du pouvoir (la proceres) gouvernant au côté du roi, du reste (la nobiles). Selon Régine Le Jan, « encadrer, protéger et prélever, telles étaient les fonctions de l'aristocratie ».
[...] Donc, sous Charlemagne se met en place une pyramide hiérarchisée avec : Roi (sommet) proceres nobiles milice Charlemagne souhaitait ainsi mieux contrôler son aristocratie, mais elle va surtout profiter aux proceres qui possèdent un lien étroit au pouvoir royal mais aussi une puissance liée à leur grand nombre de vassaux. De cette façon, ils détiennent une grande puissance sur des régions entières. A la fin du IXe siècle, les proceres vont être autonomes sur leurs régions, qui deviennent de véritables principautés. Quant à la nobiles, ces aristocrates sont de plus en plus dépendants. Certains intègrent la milice pour tirer leur épingle du jeu. [...]
[...] Donc, la guerre a été le moteur de la puissance royale. Or, les rois d'après Dagobert Ier guerroient plus entre eux que pour l'expansion. L'aristocratie suit alors les maires du palais qui comptent de nombreux grands militaires, comme chez les Pippinides : Pépin d'Herstal (Pépin II, Pépin le Gros, Pépin le Jeune 676-714) Charles Martel (717-741), son fils bâtard, reprend le pouvoir paternel grâce à sa puissance militaire. Il devient ainsi le véritable maître du royaume, plus reconnu que le roi lui-même, les Mérovingiens étant considérés comme des rois fainéants Pépin le Bref (741-751) lui succède (l'autre fils de Charles Martel, Carloman, se fait moine). [...]
[...] Aussi, le roi affirme sa puissance par la guerre et la puissance de son aristocratie Le roi, chef de guerre Le roi est celui qui mène ses hommes à la victoire et donc au butin, qu'il partage avec ses guerriers. Les grands rois sont ceux qui mènent leurs aristocrates à la guerre, les autres sont oubliés. Ex1 : La génération de Clovis et fils (481-années 540) marque l'hégémonie franque. Clovis mène une expédition de Tournai à la région parisienne (Siagrius), puis en Alsace jusqu'à la royauté d'Aquitaine en cherchant à rejoindre la Méditerranée. Les Wisigoths se réfugient alors en Espagne. [...]
[...] Les autres aristocrates ne sont là que pour écouter. C'est dans ces familles que le roi prend ses vassi dominici car ils lui sont fidèles et donc à l'abri de la corruption. Ils sont très cultivés, voire érudits (comme Alcuin sous Charlemagne) : ils sont formés au palais par des maîtres réputés, ils peuvent s'exprimer parfaitement en latin de bon niveau (seule langue écrite) et possèdent des livres (ex : Evrard de Frioul). Ce niveau de culture est aussi possédé par des femmes (comme Dhuoda qui a écrit/dicté dans un latin parfait une œuvre concernant l'éducation de son fils, seule œuvre féminine du haut Moyen-Âge). [...]
[...] Le pouvoir domanial : la villa Les terres que l'aristocratie possède de propriété pleine et entière (terres ancestrales héritées, achetées . ) s'appellent les alleux. Il existe aussi des terres que l'aristocrate reçoit par le roi à titre de rémunération pour un service, mais aussi des terres du fisc octroyées en bénéfice par le roi à ses vassaux pour s'assurer leur fidélité. Ces bénéfices peuvent être à leur tour divisés et donnés à exploiter. Donc, le patrimoine nobiliaire se compose des alleux et des terres publiques. [...]
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