A l'origine, les foires de Champagne sont locales et régionales, mais après 1180 elles deviennent le nœud du commerce occidental. Vers le milieu du XIIe siècle, les marchands flamands vendeurs de draps et les marchands italiens qui transportent des produits de l'Orient prennent l'habitude de se retrouver en Champagne à la limite des terres de France et des terres de l'Empire. Au XIIIe siècle, les foires de Champagne, qui sont au nombre de six et durent tout au long de l'année dans quatre villes (d'abord à Lagny, puis à Bar-sur-Aube, ensuite à Provins et à Troyes qui ont chacune deux foires), constituent le centre du négoce européen et le grand but du marchand itinérant. Les foires de Champagne sont l'endroit privilégié des échanges, des transactions entre marchands, de l'approvisionnement, de la vente en gros. Ce sont donc d'abord des foires de marchandises, puis on y procède de plus en plus à des échanges monétaires, ce rôle joué par les banquiers (les maîtres de la finance étant sans conteste les Italiens) devenant essentiel à partir de 1250.
Les foires de Champagne, qui suivent un cycle quasi permanent, forment le grand pôle des échanges européens mais il n'est guère de marché local qui ne soit encadré. Le choix des marchands ne fut pas le fait du hasard, il ne fut pas dicté par l'existence de routes ou de carrefours particulièrement favorables. Les marchands furent surtout sensibles aux mesures prises en leur faveur par les comtes de Champagne. Elles sont en général l'objet de l'attention des souverains et des pouvoirs locaux qui accordent aux marchands en ces occasions, conduits, privilèges, franchises et exemptions, mais en retirent ainsi des revenus par la perception des droits auxquels elles donnent lieu.
[...] Celui-ci était le pied poudreux le long des chemins ; désormais, du siège central de ses affaires, celui-là dirige, grâce à des techniques sans cesse plus évoluées, grâce à une organisation de plus en plus complexe, un réseau d'associés ou d'employés qui rend inutiles ses déplacements. Toutefois, la sédentarisation du commerce ne fut jamais complète avant la fin des temps modernes ; le nombre des foires (considérable dans tout l'Occident aux XIIe- XIIIe siècle) n'a pas faibli à la fin du Moyen Age, qui connut d'autres foires internationales, telles que celles d'Anvers, Francfort, Genève, Lyon, mais aucune ne joua le rôle vraiment immense qu'avait été celui des six foires de Champagne. [...]
[...] Les marchands furent surtout sensibles aux mesures prises en leur faveur par les comtes de Champagne. Elles sont en général l'objet de l'attention des souverains et des pouvoirs locaux qui accordent aux marchands en ces occasions, conduits, privilèges, franchises et exemptions, mais en retirent ainsi des revenus par la perception des droits auxquels elles donnent lieu. Notre corpus de document est composé d'une part, d'une charte de Thibaud, comte de Blois, pour les hommes de Provins, datant de 1137. Cette charte, autrement dit un acte écrit accordant le plus souvent une concession de biens ou de services, met en exergue les avantages concédés aux marchands des foires de Champagne par les comtes, ceux-ci imposant en retour des conditions et exigeant certains revenus de la part des marchands. [...]
[...] A l'origine, on construisait des baraquements provisoires sur les places ou en dehors de la ville. Puis, les habitants louèrent des pièces ou des maisons aux marchands. Enfin, des maisons spéciales furent bâties pour eux, en pierres pour résister aux incendies avec de grandes caves voûtées pour y entreposer les marchandises. Marchands et habitants jouissaient de privilèges importants et l'essor des foires est intimement lié à la croissance du pouvoir des comtes de Champagne et au libéralisme de leur politique. Les comtes de Champagne ont été plus habiles que bien d'autres seigneurs. [...]
[...] L'action comtale et le rôle des princes : accueil et sécurité des marchands (conduit, police, justice) Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la fortune des foires de Champagne vient moins de leur situation géographique que de facteurs politiques, des privilèges et avantages accordés par les pouvoirs locaux aux marchands. Leur essor date du moment où les comtes de Champagne (à commencer par Henri le Libéral, 1152-1181), dans le contexte de la paix princière, les ont placées sous leur protection. De ce fait, on doit tirer un enseignement général : si l'on excepte le cas des cités-Etats italiennes, la puissance économique urbaine n'a jamais pu supplanter le pouvoir du prince. [...]
[...] Dès lors, dans quelle mesure les foires de Champagne ont-elles dominé le commerce occidental par les échanges de marchandises de 1180 à 1250, avant de devenir une grande place de change puis décliner au début du XIVe siècle ? En premier lieu, il convient d'appréhender l'organisation des foires de Champagne, d'abord caractérisées par le négoce itinérant, avant d'apprécier, en deuxième lieu, les multiples avantages concédés par les comtes de Champagne aux marchands afin de promouvoir l'essor des foires. En dernier lieu, nous considèrerons les profondes mutations dans le rôle des foires de Champagne dès 1250, désormais tournées vers des activités financières prédominantes, ainsi que les facteurs de leur déclin après 1300. [...]
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