« L'histoire a pour but de décrire, au moyen de documents, les sociétés passées et leurs métamorphoses ».
Cette citation de Charles Seignobos s'inscrit dans le courant de ce que l'on appelle l'école méthodique de la fin du XIXe siècle, qui tend à faire de l'histoire une science à part entière. Nous en avons ici une illustration grâce à ce texte issu de l'ouvrage paru en 1898 et intitulé Introduction aux études historiques, et rédigé conjointement par C. Seignobos et C.-V. Langlois.
C. Seignobos (1854-1942) est un historien français qui a étudié à l'Ecole Normale Supérieure. C'est au cours de ce cursus qu'il a suivi les cours d'historiens tels que Fustel de Coulanges (1830-1889) ou encore Ernest Lavisse (1842-1922), qui sont tous deux des précurseurs de la nouvelle méthodologie historique apparaissant à la fin du XIXe siècle et par lesquels Seignobos est fortement influencé. Il puise également ses idées dans la méthodologie historienne allemande qu'il a pu observer au cours de ses multiples séjours à Göttingen, Berlin, Munich ou encore Leipzig. On le considère comme l'un des leaders de l'école positiviste, il contribue grandement à mettre en place les principes de ce que l'on appelle l'histoire méthodique, dont les bases nous sont fournies par ce texte. C.-V. Langlois (1863-1929) est également un historien, spécialisé dans la période du Moyen Age, qui a lui fréquenté l'Ecole des Chartes et dont les influences en ce qui concerne la science historique sont sensiblement les mêmes que celles de Seignobos. Les deux auteurs sont par ailleurs titulaires du doctorat d'histoire et professeurs à la Sorbonne, et sont considérés comme les têtes de file du mouvement de l'école méthodique.
[...] C'est ce que l'on remarque aux lignes 32-39, lorsque les auteurs parlent de trace psychologique (l.32) pour évoquer ce type de document. Ils montrent aux lignes 32-33 que cette trace psychologique doit être nécessairement critiquée et observée avec recul, car elle est en réalité, comme ils l'expliquent, un signe conventionnel de l'impression produite par le fait sur le témoin (l.33-34), ce qui signifie qu'elle n'est jamais objective. C'est une raison supplémentaire pour laquelle le fait historique ne peut être relaté à partir d'une connaissance directe, qui influencerait, ne serait-ce qu'inconsciemment celui qui l'écrit et produirait par conséquent, un résultat dénué d'objectivité. [...]
[...] Extrait de l'Introduction aux études historiques, de C. Seignobos et C.-V. Langlois. L'histoire a pour but de décrire, au moyen de documents, les sociétés passées et leurs métamorphoses Cette citation de Charles Seignobos s'inscrit dans le courant de ce que l'on appelle l'école méthodique de la fin du XIXe siècle, qui tend à faire de l'histoire une science à part entière. Nous en avons ici une illustration grâce à ce texte issu de l'ouvrage paru en 1898 et intitulé Introduction aux études historiques, et rédigé conjointement par C. [...]
[...] Le fait historique n'est donc pas un élément figé, il faut en étudier les causes, mais également les conséquences, l'une de ces dernières étant justement la production de documents sur les faits en question. On peut ajouter que Seignobos et Langlois admettent eux-mêmes les limites de leur raisonnement aux lignes 19-21, ils ont donc conscience que la connaissance indirecte peut également s'avérer faussée par le moindre petit détail ayant échappé à l'historien durant son raisonnement. Cela montre ainsi la fragilité de la science historique de l'école méthodique, qui est toutefois la seule vraie méthode permettant de relater des faits de manière objective. [...]
[...] Dans le cas contraire, il ne s'agirait pas de relation historique, mais plutôt d'un témoignage. Etant écrit que la science historique n'est pas du tout, quoi qu'on en ait dit, une science d'observation (l.13-14), ce qui la distingue des sciences que l'on appelle communément les sciences dures qui consistent à observer le résultat d'expériences, il est nécessaire de mettre en place de nouveaux principes, de nouvelles méthodes afin de faire des faits historiques une connaissance scientifique (l.24). Ce paragraphe participe ici de la volonté des historiens de la fin du XIXe siècle de voir leur discipline s'émanciper totalement des autres domaines, et d'être reconnue définitivement comme une science à part entière. [...]
[...] Bibliographie BLOCH M., Apologie pour l'histoire ou métier d'historien, Paris rééd. A. Colin BOURDE G., MARTIN H., Les écoles historiques, Paris MARROU H.-I., L'histoire et ses méthodes, Paris, Bibl. de la Pléiade MARROU H.-I., De la connaissance historique, Paris, Seuil PROST A., Douze leçons sur l'histoire, Paris, Seuil, 1996. [...]
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