Comme nous l'avons vu précédemment, l'art sacré occupe une place prépondérante dans la production artistique. Il ne faut pourtant pas négliger l'importance de la représentation impériale qui à bien des égards suscite de plus larges perspectives artistiques.
En 843, la fin de la crise iconoclaste et le rétablissement du culte des images marquent un renouveau des codes et des thèmes dans l'art byzantin. La situation politique de l'Empire se voit quant à elle stabilisée. Ainsi, ce nouvel essor tant artistique que politique annonce un deuxième âge d'or qui atteint son apogée au XI ème siècle avec la dynastie Macédonienne (867-1056) suivie par un Comnène (1057-1059), puis la dynastie des Doukas (1059-1081) et enfin la dynastie des Comnènes (1081-1185).
C'est au XI ème siècle que l'Empire Byzantin atteint son expansion territoriale maximale. Cutler écrit ainsi qu' « en 1025, à la mort de Basile II, l'empire est riche et puissant ». Une assise impériale rétablie amène ainsi prospérité et paix relative. Mais il convient d'apporter une nuance puisqu'à la fin du XIème ces conditions favorables se voient perturbées par des difficultés d'ordre économique et social.
Le rayonnement artistique byzantin s'étend à cette époque aux Etats voisins permettant à leurs souverains d'exprimer leur pouvoir sur le modèle byzantin. Il en va ainsi pour l'église Sainte-Sophie de Kiev, en 1043, construite par le prince Iaroslav. Il s'agit donc bien là d'une manifestation de l'art impérial dont l'objectif primordial est de magnifier le pouvoir suprême.
Le basileus incite un art au service d'une idéologie s'intégrant aussi bien dans une dimension sacrée que dans une dimension profane. L'art impérial s'adresse à un public diversifié en fonction du support ou de l'endroit dans lequel il se trouve. Ainsi, les sujets de l'Empire ne peuvent avoir accès aux arts somptuaires comme les couronnes, les trônes, les émaux, etc. Mais ils sont confrontés à l'idéologie impériale dans les églises. Cadeaux diplomatiques et arts précieux s'adressent quant à eux à une sphère plus élevée, que ce soit des souverains étrangers ou une élite sociale et religieuse. L'art impérial se développe donc à travers tous les supports artistiques que ce soit architecture, sculpture, peinture, miniatures, objets précieux, étoffes… avec une tendance marquée pour le XI ème selon Catherine Jolivet-Lévy et Jean-Pierre Sodini à une homogénéisation et à une multiplication de la production artistique par rapport au style plus hétérogène du Xème.
Si l'art impérial a pour objectif de sublimer le pouvoir du basileus, alors nous pouvons nous interroger sur cette mise en scène du pouvoir. Quelle est l'image de l'empereur, comment cherche-t-il à être vu et perçu par ses sujets, quel est le but recherché et les moyens et supports mis en œuvre ?
Nous tâcherons de répondre à ces questions à travers les deux dimensions majeures de cet art impérial : la dimension verticale et la dimension horizontale du pouvoir. Verticale car l'empereur est intégré dans une composition sacrée puisqu'il détient son pouvoir de Dieu ; horizontale car il est le chef suprême des hommes.
[...] Exemples de l'art impérial au XIe siècle Introduction Comme nous l'avons vu précédemment, l'art sacré occupe une place prépondérante dans la production artistique. Il ne faut pourtant pas négliger l'importance de la représentation impériale qui à bien des égards suscite de plus larges perspectives artistiques. En 843, la fin de la crise iconoclaste et le rétablissement du culte des images marquent un renouveau des codes et des thèmes dans l'art byzantin. La situation politique de l'Empire se voit quant à elle stabilisée. [...]
[...] Ce changement d'orientation de l'art impérial qui jusqu'alors se concevait comme triomphal, célèbre maintenant la piété des empereurs. C'est le recueil de lois de l'Epanagogé qui énonce les principes de la Théorie dyarchique. Les rapports se définissent comme une concorde et une symphonie des deux organes suprêmes du pouvoir (empereur et patriarche) contrairement aux anciennes théories. Cette iconographie officielle reflète la théorie dyarchique, elle n'aura plus comme objectif de célébrer le pouvoir universel de l'empereur. A / L'architecture : fondation et construction d'églises et de monastères De l'importance du rôle de fondateur pour l'Empereur Dans le monde byzantin, la construction d'un monastère est le lieu d'investissement principal des grandes fortunes. [...]
[...] Par exemple, pour illustrer cette idée, Cutler envisage le frontispice d'un livre contenant les Homélies de Jean Chrysostome conservé à la BNF. Cette image présente un personnage auquel l'inscription donne le nom de Nicéphore Botaniate, assis de face, avec une expression glaciale. Il est accompagné des personnifications de la Vérité et de la Justice et des dignitaires magnifiquement vêtus qu'il semble écraser. Tous les personnages semblent totalement immobiles. Ce manque de réalisme et cet hiératisme, d'après Cutler, cacheraient une réalité politique. [...]
[...] I - La dimension verticale du pouvoir : l'art impérial à travers le prisme du sacré La victoire de l'Orthodoxie en 843 va participer à la renaissance iconographique chrétienne qui suivra. Cette renaissance aura des retombées sur la production artistique impériale. Les oeuvres sont étroitement liées à des monuments de l'art ecclésiastique. Les mosaïques se trouvent dans les Eglises, les miniatures décorent les manuscrits religieux, les émaux sont fixés sur les reliquaires. Ainsi, selon Grabar, l'art impérial vient se réfugier auprès de l'art des Eglises Comment expliquer cette association systémique? Pourquoi l'art impérial cherche-t-il à s'associer à l'art religieux? [...]
[...] Cette bénédiction légitime les pouvoirs et le règne du premier empereur de la lignée des Comnènes qui accède au rang de souverain par un coup d'Etat. Le couronnement par le Christ L'appropriation de la sacralité et l'importance accordée au lignage impérial sont des thèmes développés dans le dernier manuscrit de l'ère macédonienne daté du milieu du XIe siècle conservé actuellement au monastère Sainte Catherine au Mont Sinaï. Il s'agirait d'un don de Constantin IX à son monastère de Saint-Georges des Manganes. L'organisation des images et leur sens respectif furent soigneusement pensés pour servir le message idéologique du manuscrit. [...]
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