Évêques et réforme en France et en Bourgogne

Résumé du document

Le modèle à suivre est celui de l'épiscopat carolingien représenté par Hincmar de Reims (845-882) mêlant grandeur, autorité, organisation du clergé, respect du « bon roi » tout en imposant ses principes aux politiques. On ne trouvera pas de prélat lui ressemblant dans notre période. Pour autant il faut bien voir le pouvoir spirituel de l'évêque, successeur des apôtres, maître du culte qui délègue son autorité aux autres prêtres de son diocèse. Pour autant les limites des diocèses étaient floues et vécues comme « une nébuleuse de localités gravitant autour d'une église commune » (G Fournier).

Seul détenteur de la parole, l'évêque institue les prêtres et abbés qui ne peuvent se passer de son ordination. Les laïcs rendent aussi des comptes à l'évêque en matière de mœurs et d'hérésie. L'évêque est défenseur des pauvres et des orphelins.

Extraits

[...] Violences par des seigneurs ou des clercs anti grégoriens mais aussi contre des clercs dénoncés par le pape ou ses légats (ce qui semblait prévisible Mais c'est surtout en Italie et en Germanie que l'on trouve l'expression la plus antigrégorienne par le biais de l'Anonyme Normand vers 1100 pour le clergé rouennais qui prône l'égalité des fidèles et refuse la primauté romaine Vers l'apaisement (1080-1120) Plus de souplesse sous Urbain II avec éviction des intransigeants comme Hugues de Die. Voyage en France en 1095, pour la croisade mais aussi dans un but de pacification. On veut apaiser et revenir à l'harmonie. Débats qui concernent les lieux plutôt que les hommes. Sens tente de se démarquer de la primatie lyonnaise et Tours face aux Eglises bretonnes. Reims est confirmée comme église seconde de la Belgique après Cambrai. [...]

[...] L'évêque contrôle certains droits régaliens (battre monnaie, justice, ) mais il contrôle aussi l'élection des abbés dans les monastères fondés par l'Ordinaire (contrôle des élections à Savigny ou Ainay pour l'archevêque de Lyon) L'évêque est donc un puissant et le cas d'Auxerre connu par les Gesta espiscoporum est éloquent avec un personnage comme Hugues, implanté dans le jeu politique français et bourguignon L'Eglise et le siècle Election aux mains des grands. En Bourgogne, importance du diocèse de Lyon tenu par Burchard Ier puis II (fils de rois de Bourgogne) de 949 à 1031. Même exemple en France avec Gauzlin, abbé de Fleury et bâtard d'Hugues Capet. La plupart des familles y ont installé leur progéniture malgré les protestations des clercs qui veulent défendre leur indépendance et qualifie cela de simonie. [...]

[...] Une telle intransigeance empêche bien entendu l'assimilation. De même, les prêtres sont peu formés et l'examen avant ordination est formel. Pour pallier cela, les évêques organisent des synodes diocésains une ou deux fois l'an avec présence obligatoire. Selon les responsables, une bonne prédication, des avertissements et éventuellement des sanctions devraient faire évoluer les mentalités. [...]

[...] Différence de nombres de chanoines au chapitre. Généralement 12 au sud mais beaucoup plus au nord (42 à Langres à Autun) avec une tendance à l'augmentation fin Xè s. Une hiérarchie se crée dans ces collèges. Personnages des archidiacres, collaborateurs directs de l'évêque qui se multiplient avec la densification du réseau. Une sacristie veille le trésor, un chantre dirige le cœur. On trouve un chanoine écolâtre important là où se trouve une école. D'ailleurs les chanoines brûlés à l'hérésie d'Orléans en 1022 étaient de fins lettrés aptes au débat théologique mais gênants. [...]

[...] Le temps de l'intransigeance (1050-1080) Pour corriger le troupeau, il faut corriger le pasteur. Pour cela, les papes visitent les prélats et convoquent synodes et conciles. Premier voyage de Léon IX en 1049 en France. Tenue d'un concile où des prélats comme Hugues de Breteuil, arrivé confiant, se voient accusés de tous les maux. S'enfuyant, il revient au cours d'un nouveau concile en habits de pénitent et le pape lui pardonne. Cela montre bien l'état de psychodrame qui règne dans l'Eglise avec un extrême dans tous les gestes et interprétations. [...]