« Beau fils », ainsi Saint Louis s'adresse à son successeur sur son lit de mort, afin de lui transmettre ses dernières recommandations quant à la façon de gouverner.
Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis, naît à Poissy le 25 avril 1214. Neuvième dans la dynastie des Capétiens directs, il succède à son père Louis VIII au trône de France en 1226. Etant mineur, la reine mère Blanche de Castille assure la régence. Le 27 mai 1234 il épouse Marguerite de Provence, avec qui il aura onze enfants. Louis IX est le modèle par excellence du roi chrétien qui sert sa foi et son peuple, en assumant pleinement son rôle de souverain. Il participe à la 7e croisade (1248-1254) et à la 8e en 1270, qui lui a été fatale. En effet, espérant convertir au christianisme le sultan de Tunis, il décède après avoir contracté la peste le 25 août 1270. Sur son lit de mort il transmet au futur Philippe III, dit le Hardi, ses enseignements, à travers un testament qui est une sorte de guide, de règlement qui accompagnera Philippe dans sa vie de roi. Ces Enseignements, écrits probablement par le roi lui-même, nous sont parvenus grâce à sir Jean de Joinville (1224-1317), chroniqueur français. Apparenté par son père aux ducs de Bourgogne et par sa mère à l'empereur d'Allemagne Frédéric II, il reçoit une instruction assez respectable pour l'époque. Tout jeune, il est envoyé à la cour de Thibaud IV, comte de Champagne et de Navarre. Il succède à son père en 1248 comme sénéchal de Champagne. Très proche du roi lors de la 7e croisade, il termine en 1309 la rédaction de ses mémoires, à la demande de la reine Jeanne de Navarre, le Livre des saintes paroles et des bonnes actions de notre saint roi Louis, qui apparaît comme un témoignage direct d'un homme qui a partagé la vie de son roi et qui le décrit comme un souverain courageux, animé d'une foi ardente.
Saint Louis a vécu selon certains principes qu'il souhaite transmettre à sa descendance. On peut alors se demander quels enseignements, quels valeurs et idéaux le roi Louis IX veut inculquer à son fils Philippe.
[...] Saint Louis rendait la justice ostensiblement, en prenant comme référence le personnage du roi Salomon, référence biblique de la justice par excellence. Il tenait particulièrement à accueillir à sa table les pauvres et les mendiants et ils leur lavait les pieds. Son sentiment de justice était dépassé par sa foi et sa compassion. Louis IX était constamment en quête de vérité, car c'est à travers elle qu'il considérait un jugement comme bon. Ainsi il exhorte son fils à prendre position pour les pauvres, qui ne peuvent se défendre, jusqu'à tant que la vérité soit déclarée (l. [...]
[...] tout comme lui-même avait pris l'habitude d'en ordonner dès que la nécessité apparaissait. En 1247, par exemple, il fait entreprendre de vastes enquêtes à travers le royaume afin de traquer les abus de toute sorte. Pour que rendre justice devienne une tâche plus facile et sûre, Saint Louis modernise l'administration. Il prend garde de s'entourer de bons prévôts et de bons baillis (l. officiers ou magistrats chargés d'une juridiction ou bien d'une haute surveillance, voire des fonctions financières et policières pour ce qui regarde les derniers. [...]
[...] À travers ses enseignements on peut retracer la façon de gouverner du roi lui-même. On remarque qu'il tenait autant à la sagesse de ses ambitions qu'au rôle de défenseur de la paix et d'arbitre impartial qu'il a accepté de jouer entre les grands de son royaume, auprès de ses sujets et dans les affaires européennes. Son règne, marqué par la prospérité, la paix et le souci de justice, laissera un souvenir nostalgique aux générations suivantes, qui connaîtront des temps difficiles. [...]
[...] Cependant, le roi commande la plus grande armée et dirige le plus grand royaume d'Europe. Sa réputation de sainteté est déjà établie de son vivant, alors qu'il se définit par une autre valeur : la justice. À travers ses enseignements, Saint Louis apparaît comme un roi soucieux de rendre justice. La première recommandation qu'il fait à son fils Philippe est l'impartialité, dont lui-même faisait preuve vis-à-vis de ses sujets. Il ne regardait ni à droite ni à gauche (l. 34). [...]
[...] Prends garde que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables. Et enfin, très doux fils, fais chanter des messes pour mon âme et dire des oraisons par tout ton royaume ; et octroie-moi une part spéciale et entière en tout le bien que tu feras. Beau cher fils, je te donne toutes les bénédictions qu'un bon père peut donner à un fils. Et que la bénite Trinité et tous les saints te gardent et défendent de tous maux ; et que Dieu te donne la grâce de taire toujours sa volonté, de sorte qu'il soit honoré par toi, et que toi et moi nous puissions, après cette vie mortelle, être ensemble avec lui, et le louer sans fin. [...]
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