La dévotion est la docilité à servir Dieu et l'empressement à lui offrir sa volonté. Au XIVe siècle naît le mouvement religieux de la devotio moderna, sa dénomination implique qu'il s'agit d'une façon différente de servir Dieu et suppose donc que l'on reconnaît qu'il y a besoin d'un changement.
Depuis le Xème siècle en effet, se sont succédés la Réforme grégorienne et la Lutte du sacerdoce et de l'Empire ; et le Grand Schisme rythme le XIVe siècle. L'Église dans cette longue crise temporelle semble incapable d'assumer son rôle de guide spirituel. Le clergé séculier, dont la dépravation a pu être exagérée, subit comme le reste des hommes les difficultés de la fin du Moyen Âge.
Mais malgré la crise, l'Église a renforcé son contrôle sur les âmes dans la continuité du concile de Latran IV de 1215, et le christianisme est devenu la religion des œuvres : on prie pour les âmes au Purgatoire, pour soi-même et les pèlerinages populaires se développent ainsi que la vente d'indulgences. Apparaît ainsi une nouvelle piété sentimentale qui rassure les âmes angoissées en les menant hors du monde. Mais celle-ci indigne ceux pour qui la foi et la piété sont avant tout intérieures. Certains d'entre eux, sans s'attaquer aux structures de l'Église comme le font les hérétiques, essaient de donner un exemple de dévotion nouvelle. C'est le cas en Rhénanie et aux Pays-Bas où se développe la devotio moderna qui s'étend en Occident.
Mais quelle alternative la devotio moderna donne-t-elle à cette nouvelle économie du Salut ?
[...] Le copiste devait noter les passages qui l'avaient frappé et se constituer ainsi des rapiaria, de petites anthologies. Dans l'esprit des bénédictins, les meilleurs écrivains ont tenu à transcrire eux-mêmes les textes spirituels dont ils avaient le plus souvent usage comme la Bible, les ouvrages de saint Augustin et de saint Bernard. On ne s'étonne pas alors que de nombreux Frères devinrent écrivains, ayant acquis à copier les grands maîtres, une grande culture et une habitude de la réflexion personnelle. [...]
[...] Mais quelle alternative la devotio moderna donne-t-elle à cette nouvelle économie du Salut ? Nous verrons d'abord comment s'est mise en place cette nouvelle école religieuse avant de nous intéresser à ses activités et à la manière dont on y pratique le christianisme. I La mise en place d'une nouvelle école religieuse De la mystique rhénane à Ruysbroeck Au cœur de la spiritualité dans la devotio moderna se trouvent le modèle de l'Église primitive et la vie comme suite personnelle du Christ, dans la pauvreté, l'humilité et le silence. [...]
[...] Le dévot médite sur les fins dernières, les bienfaits de Dieu, la Passion. Mais toujours en contact avec la réalité, la devotio moderna pousse à agir, il faut porter le fardeau les uns des autres, il ne faut pas s'isoler dans la contemplation. On met en commun les réflexions, on s'encourage mutuellement ainsi Dieu est accessible à toute âme de bonne volonté. Dans cette logique d'une religion abordable par tous, les Frères firent connaître dans leurs sermons en langue vulgaire des textes classiques jusqu'alors réservés aux seuls clercs. [...]
[...] Avec l'Imitation se diffusa la devotio moderna dont elle est un des chefs d'œuvre qui nous informe de la vie du chrétien dévot. III La pratique de la religion dans la devotio moderna A la source de la définition de la dévotion Le chrétien de la Devotio moderna pratique la réelle définition de la dévotion. Comme on l'a vu, il s'agit de la docilité à servir Dieu et l'empressement à lui offrir sa volonté. Ainsi, être dévoué suppose une totale sujétion de l'homme à Dieu. [...]
[...] Par la suite, la vie active des Frères contribua à la diffusion de la devotio moderna. II La vie active des dévots Un renouveau de l'enseignement C'est d'abord à travers un renouveau de l'enseignement qu'elle se manifesta. Groote avait été étudiant de l'université de Paris et Radewin un magister artium c'est-à-dire un maître à Prague. Tous deux étaient convaincus de la nécessité du savoir. Groote commença son apostolat en s'intéressant aux pauvres étudiants et il était sans cesse question de créer des collèges à leur usage, il en ouvrit un au vicariat de Saint-Paul. [...]
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