Le XIVème siècle est par excellence le siècle des révoltes, c'est à dire de réaction spontanée de colère ou de défense d'une partie de la population face au pouvoir. Ces révoltes ne sont pas méditées, réfléchies, n'ont ni programmes, ni but précis. Elles éclatent partout en Europe et la France n'y échappe pas, avec notamment la Jacquerie de 1358 et la Harelle de Rouen de 1382. Cette vague de violence naît dans un contexte très difficile au niveau politique, militaire, économique comme social pour le royaume de France. Les paysans des riches plaines du bassin parisien et les habitants de Rouen se soulèvent durant ce XIVème siècle qui réunit tous les malheurs de ce temps de crise.
Ces deux révoltes, la première rurale, la seconde urbaine sont connues par différentes sources, essentiellement des chroniques et des lettres de rémissions. Il s'agit surtout d'auteurs de chroniques contemporains des événements comme Jean Froissard, Jean le Bel et Jean de Venette. Ces trois chroniqueurs ont laissé un témoignage différent des événements de 1358 les uns étant favorables aux milieux dirigeants, d'autres sympathisant à la cause populaire, d'où souvent un manque d'objectivité. Pour la Harelle, il faut ajouter l'auteur de la chronique des quatre premiers Valois, un clerc.
Jean Froissard, grand chroniqueur du XIVème siècle n'a pas été le témoin direct des révoltes, son admiration pour la chevalerie et sa petite estime pour les non nobles se ressentent dans ses Chroniques de France, d'Angleterre et des pays voisins qui constituent une histoire officielle rédigée environ 20 ans après les faits.
Malgré ses liens avec le parti aristocratique, Jean le Bel se montre très soucieux de la vérité et fais preuve de plus d'objectivité. Ce chanoine de Saint Lambert de Liège, est informé par des témoins directs des événements. C'est lui qui nomme le chef des révoltés paysans, Jacques Bonhomme, d'où le nom de Jacquerie. Froissard reprend ce terme dans son texte.
Le Liégeois Jean de Venette, moine mendiant de l'ordre des Carmes, est lui témoin oculaire d'une partie des faits. Il a parfaitement compris les revendications des paysans et déploré les massacres dont ils furent victimes. Il critique dans ses chroniques le pouvoir politique et la société. Cet auteur prouve que la cause des révoltés a retenu l'attention, la connaissance de la Jacquerie ne se limite ainsi pas à la documentation laissée par le parti vainqueur.
Outre les chroniques, des documents administratifs nous renseignent sur le déroulement des révoltes comme les lettres de rémission accordées par la chancellerie royale. Ces lettres du roi sont obtenues, par les accusés, lors des poursuites, avant le jugement, et en général contre de l'argent. Rédigée selon la supplique présentée par l'accusé, elles reflètent son point de vue. Même s'il s'efforce de peindre ses actes sous les couleurs les plus favorables, pour se disculper, il est de son intérêt à les décrire de façon assez complète pour se trouver à l'abri de toute poursuite.
Cependant ses sources n'émanent jamais véritablement des révoltés, illettrés pour la plupart, et ne révèlent pas leurs aspirations, leurs véritables espoirs.
[...] Lors du déclenchement de la Harelle de Rouen, la situation politique est tout aussi difficile pour la France dont le roi est Charles VI le fou. Son père, Charles dauphin pendant la Jacquerie, a vaincu Charles le Mauvais en 1364, a reconquis nombre de possessions anglaises (Rouergue, Quercy et Périgord en 1369, Limousin et Poitou en 1372, Aunis et Saintonge en 1373) et surtout a rétabli l'autorité royale mise à mal par son père, Jean II le Bon. La situation semble plus stable, mais il meurt en 1380 alors que son fils n'a que 12 ans. [...]
[...] de France, Paris Texte cité d'après M. Roux, Textes relatifs à la civilisation du Moyen-Age, Paris, Nathan p. 174-175. LUCE (Siméon), Histoire de la Jacquerie d'après des documents inédits, Paris p. 261-262. [...]
[...] Elles éclatent partout en Europe et la France n'y échappe pas, avec notamment la Jacquerie de 1358 et la Harelle de Rouen de 1382. Cette vague de violence naît dans un contexte très difficile au niveau politique, militaire, économique comme social pour le royaume de France. Les paysans des riches plaines du bassin parisien et les habitants de Rouen se soulèvent durant ce XIVème siècle qui réunit tous les malheurs de ce temps de crise. Ces deux révoltes, la première rurale, la seconde urbaine sont connues par différentes sources, essentiellement des chroniques et des lettres de rémission. [...]
[...] Ainsi, les troubles déclenchés par la lutte du roi contre Charles le Mauvais entraînent une reprise de la guerre contre les Anglais en 1355. La situation économique et sociale La guerre va fournir de nouveaux motifs de révolte à la paysannerie. Les campagnes sont durement touchées par les réquisitions des soldats du Régent, du roi d'Angleterre, du roi de Navarre et des Compagnies. Les Compagnies sont des bandes de brigands, fortes de 30 à 40 hommes, qui mettent à feu et à sang les campagnes du bassin parisien. [...]
[...] La politique de ces derniers engendre un mouvement général de mécontentement qui se traduit par une révolte des plus pauvres en 1381. Ainsi, la guerre n'est pas une cause directe du soulèvement de Rouen, mais indirectement elle contribue à l'augmentation des impôts et a ainsi une conséquence économique. En effet, la situation politique et militaire influe sur la situation économique et sociale du royaume. Rouen a ressenti durement le poids des exigences fiscales, et c'est lorsque les ducs de Berry et de Bourgogne ont voulu établir un impôt supplémentaire que le peuple se souleva contre les bourgeois et les gens d'Etat. [...]
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