Décret, Ilion, Antiochos, roi
Le texte dont il est ici question est un décret, émis par la cité d'Ilion, en l'honneur du roi Antiochos.
Cette simple phrase amène toute une série d'éléments qu'il nous faut expliquer. Ce texte est en réalité une gravure. C'est donc un document épigraphique. La stèle a été attestée comme provenant de la cité d'Ilion, mais elle a été retrouvé à Sigée, une autre cité de Troade.
La cité d'Ilion, sur le site de laquelle on a retrouvée la dite gravure, se trouve en Anatolie (grossièrement, l'Asie Mineure), à l'endroit où Troie se trouvait auparavant. Déjà chargée d'histoire, la cité se trouve dans l'empire séleucide au moment où l'inscription aurait été établie.
Notre intitulé ne stipule cependant pas de quel Antiochos il s'agit, car en effet, il y en eut plusieurs. Les historiens débattant, on pense qu'il aurait pu s'agir d'Antiochos III, mais plus vraisemblablement d'Antiochos Ier. Cet Antiochos, qui a régné de 281 à 261 avant Jésus Christ, a reçu le surnom de Sôter, le “sauveur”. Il est le descendant de Séleucos Ier Nikatôr, qui a fondé la dynastie séleucide et qui est lui-même le fils d'Antiochos, l'un des généraux de Philippe II et d'Alexandre le Grand. Antiochos Ier, s'il a hérité d'un empire puissant a dû mené des conflits dès le début de son règne. Toutefois, il semble que l'on ait peu de sources écrites au sujet de ce roi séleucide.
Pour en revenir à notre texte, c'est un décret. Pour définition, on pourra admettre qu'il s'agit d'une décision, produite par une autorité supérieure, en l'occurence la cité d'Ilion. C'est donc la cité qui doit être prise en tant qu'auteur.
Par ailleurs, il s'agit ici d'un décret honorifique, c'est-à-dire, concrètement, de mesures qui vont ou ont été prises en l'honneur d'une personne : Antiochos Ier. Ce texte étant une inscription, on peut penser que son destinataire est le peuple de la cité ainsi que les alentours, à qui il s'est agi d'annoncer les mesures prises.
Ce texte soulève plusieurs thèmes, autour d'un fil conducteur en particulier : l'excellente gestion du royaume par Antiochos Ier. Dans ce document, il s'agit de mettre en avant ce qui a été accompli par le roi. Cette initiative de la cité de rendre hommage constitue une source de renseignements précieuse sur ce qu'on peut considérer comme étant des vertus, à un moment de la période hellénistique que l'on peut avoir du mal à saisir.
Ainsi, qu'est ce qui fait d'Antiochos, selon la cité d'Ilion, un grand roi ? Comment remercie t-on et rend-on hommage à ce qui est défini comme des bienfaits ? Quelle place la cité fait-elle à ceux sur qui Antiochos a pu s'appuyer pour mener ses campagnes ? En clair, quel mérite peut-on accorder à Antiochos, selon Ilion ?
[...] La forme des honneurs rendus au roi A. La portée de l'honneur rendu à Antiochos Ier Envoyer une ambassade, comme c'est décrit ligne 41 au roi est essentiel. C'est une institution exceptionnelle, à la différence du Conseil (ligne 19) ou au démos, le peuple en tant que corps politique. L'ambassade, ici, est envoyée au nom du peuple. Il faut comprendre au nom de la cité. Il s'agit de faire en sorte que le roi soit bien conscient que la cité lui rend un honneur, avec toutes les implications que l'on peut y voir, en particulier la relative soumission. [...]
[...] La statue, érigée dans le sanctuaire (ligne est un honneur particulièrement important. L'utilisation de l'or est, comme on peut s'y attendre, la preuve d'une volonté d'impressioner et de marquer les esprits des sujets comme celui du roi. On pouvait aussi en ériger en marbre ou en bronze, mais le meilleur élément restait le bronze doré. La statue, pour sa part, reprend le thème militaire en étant une statue équestre. Elle sert à représenter le héros conquérant, le héros qui charge à la tête de ses troupes. [...]
[...] La statue qui est érigée l'est dans le lieu le plus en vue. L'éloge public, rendu pour les valeurs (ligne 31) est cependant quelque chose de traditionnel, quelque chose d'usuel depuis l'époque classique. L'éloge religieux est à la fois une spécificité et une banalité de la cité. L'appel à la divinité d'Athéna Ilias, protectrice spécifique de la cité, et à Apollon, reconnu fondateur de la dynastie montre comment les cités pouvaient se démarquer les unes des autres. Les sacrifices chez les uns pouvaient tenir en d'autres actes symboliques, une initiative non figée et totalement laissée à l'imagination des responsables.Les offrandes faites dans le temple ne consistaient pas nécessairement en un don, mais comme le rappelent Michel et Ginette-Anne Pauliat, “il peut s'agir d'incliner un dieu à exaucer une prière. [...]
[...] Il l'est devant l'histoire. Mais plus qu'à la guerre, les “amis”, les philoi sont de véritables organes de gouvernement. Pour paraphraser Laurent Capdetrey dans son livre Le pouvoir séleucide : Territoire, administration, finances d'un royaume hellénistique : “Si la source de décision demeurait le roi, l'entourage royal conservait dans les faits une capacité à influencer ses décisions”. Il faut bien prendre du recul par rapport au texte : les philoi n'accompagnent pas le roi dans un but entièrement désintéressé. D'une façon générale, l'entourage a lui aussi un intérêt à la conquête et au maintien du roi, des intérêts politiques (l'héritage d'une circonscription, l'attribution d'une charge administrative) ou économiques (le butin issu des conquêtes). [...]
[...] Et Athéna, elle, est la déesse gardienne de la cité. Le nom d'”Athéna Ilias” ligne 20 est une référence au nom d'Ilion. Ici, elle est la déesse protectrice (Polias ligne 11) de la cité. Le fait d'accorder une place particulière au roi, dans le temple, est un honneur important aux yeux de la cité. En outre, notons que l'hommage est rendu au cours des Panathénées. Celles-ci sont des fêtes religieuses annuelles en l'honneur d'Athéna. C'est un moment qui lui est consacré, et on y fait une place au roi. [...]
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