Pépin II a consacré par son action l'affirmation de la puissance d'une grande famille aristocratique, celle des Pippinides. Soutenue par ses richesses, ses liens de fidélité, sa parenté et l'appui d'un clergé, elle s'est emparée peu à peu de pouvoirs nombreux, empiétant de plus en plus sur les prérogatives royales. A la mort de Pépin, les rois mérovingiens sont terriblement affaiblis. Mais la nature héréditaire de la fonction de maire du palais n'est pas encore assez imposée et une concurrence subsiste. En effet, beaucoup de familles aristocratiques voient là la dernière occasion de faire barrage à la puissance des Pippinides. Par conséquent ses deux branches d'héritiers vont lutter dans un contexte où elles ne sont pas seules. De ces événements dépendra le sort de la dynastie mérovingienne.
Le Liber Historiae Francorum ou Gesta Regnum Francorum, Livre de l'Histoire des Francs, fut rédigé vers 727, soit peu après les événements que cet extrait relate, ceux ponctuant la période allant de 714, décès de Pépin, à 721, avènement de Thierry IV. Sont d'abord décrits les évènements amenant Rainfroi au palais et l'évasion de Charles (l. 1 à 10), puis l'arrivée au pouvoir de Chilpéric et les succès de son parti (l.11 à 19). Prennent ensuite place les succès, militaires pour la plupart, et définitifs, de Charles (l.19 à 31). Enfin la situation consécutive à sa victoire, notamment dans la gestion du pouvoir royal au tournant des années 720 est dépeinte. L'auteur peut être considéré comme contemporain aux événements, puisque la composition n'a lieu qu'une dizaine d'années après leur déroulement. Il est bien évidemment partial, vantant les mérites de Charles, militaires et moraux, puisqu'il est le tenant de la paix et de l'unité, voulu par Dieu.
Ces quelques années de lutte indécise aboutissent à la consécration des Pippinides et de Charles Martel. Comment, tout en maintenant la dynastie mérovingienne, ce personnage la condamne-t-il de manière irrévocable ?
De la même manière que le texte, la richesse et la densité des événements en cette période amène, afin de mieux saisir la logique et le sens de celle-ci, à construire le développement sur un plan chronologique.
[...] Cependant, alors qu'à sa mort en 737 Thierry IV n'est pas remplacé, Charles ne se décide pas à s'investir du pouvoir royal laissé en vacance. Il laisse cette tâche à son fils Pépin III le Bref, premier roi carolingien en 751. [...]
[...] Il prépare l'issue du conflit, qui doit lui être favorable, et l'abattement définitif des velléités neustriennes. Pour cela il faut s'emparer de Paris, qui est restée la capitale de Chilpéric II. Il réunit son armée et la mène à Reims. De leur côté, Chilpéric et Rainfroi se hâtèrent de préparer la guerre (l. 22) et tentèrent de se diriger vers Cologne. Charles retarda la prise de Paris pour aller à leur rencontre. Les deux armées se rejoignent à Vinchy (ou Vinciacum) entre Arras et Cambrai. [...]
[...] Pendant cette période, il reprend les trésors de son père à Plectrude (l.27). Il a ainsi un roi à sa disposition, la légitimité, la puissance symbolique, financière, et militaire pour éliminer définitivement Chilpéric. Le roi de Neustrie-Bourgogne dispose encore de solides appuis dans ces regna. Désormais coupé de ses alliés du nord, il recherche l'appui des princes du sud. Eudes, duc d'Aquitaine issu de la famille mérovingienne, est ainsi appelé en 719. Il accepte d'apporter son concours militaire à Chilpéric, y voyant une occasion de consolider son propre pouvoir. [...]
[...] Il se jette sur ses ennemis (l.15, l.19), même lorsqu'il leur est inférieur, mène des combats acharnés (l.24), va à la guerre avec une ferme intrépidité (l.29-30). Son surnom de Martel doit beaucoup à tout cela. En 716, Chilpéric rentre en Neustrie. A Amblève (ou Amblavum), près de l'abbaye de Stavelot, dans la région de Liège, Charles le rejoint et le vainc, ce qui lui cause de grandes pertes (l.19). Cette victoire peut marquer un tournant dans le déroulement des événements de ce conflit, un renversement de tendance. [...]
[...] Les Francs donc, choisissant Daniel, ancien clerc, l'installèrent à la tête du royaume (l.12). Il faut bien sûr que ses cheveux tonsurés deviennent longs, symbole et privilège des rois mérovingiens. Ce Daniel est le fils de Childéric II, roi d'Austrasie de 662 à 675. Il est préféré au fils de Dagobert III, le futur Thierry IV, alors en bas-âge. L'intronisation de Chilpéric II est le résultat de la prise par le parti neustrien de la capacité à faire le roi des Francs. [...]
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