Ce document de Guillaume de Puylaurens, écrit entre 1250 et 1275, nous présente la guerre contre l'hérésie albigeoise et son auteur achève sa chronique en nous relatant les débuts difficiles de l'Inquisition dans le Languedoc. C'est sur ce point que va se concentrer notre regard ; L'importance du document est incomparable, l'auteur est concis et précis, il n'occulte aucune donnée et n'hésite pas à offrir des indications au lecteur. La richesse de ce document nous permet de nous interroger sur la mise en place de cette juridiction spéciale de l'Eglise sous la direction directe du pape, comment l'inquisition va-t-elle s'organiser et se mettre en place dans le comté de Toulouse, telle va être notre interrogation tout au long de cette brève étude. Aussi, verrons-nous dans un premier temps les débuts difficiles de l'Inquisition, avant de nous pencher ensuite, sur les acteurs de cette installation afin de mieux appréhender dans un dernier temps, les méthodes de cette institution juridique religieuse.
[...] Guillaume Arnaud, quant à lui, est un juriste originaire de la région de Montpellier qui s'illustrera avec force dans son rôle d'inquisiteur. L'archevêque de Vienne, Jean de Bernin, va devenir légat du pape pour les régions de Narbonne, Aix et Arles, et ainsi prendre la succession, en 1233, de Gautier de Tournai, "l'évêque de Tournai étant déchargé de la charge de la légation, le vénérable père monseigneur Jean, archevêque de Vienne, lui est substitué comme légat." (l.13) Il va conserver l'équipe de son prédécesseur, cité plus haut, mais auquel il adjoint un assesseur : Arnaud Cathala. [...]
[...] Ce texte appartient donc au style historique de la chronique, propre au Moyen-âge, qui forme un recueil de faits historiques relatés dans l'ordre chronologique. Ce document de Guillaume de Puylaurens, écrit entre 1250 et 1275, nous présente la guerre contre l'hérésie albigeoise et son auteur achève sa chronique en nous relatant les débuts difficiles de l'Inquisition dans le Languedoc. C'est sur ce point que va se concentrer notre regard ; L'importance du document est incomparable, l'auteur est concis et précis, il n'occulte aucune donnée et n'hésite pas à offrir des indications au lecteur. [...]
[...] C'est précisément l'Eglise, qu'ils rejettent, qui les juge comme hérétique : "les ayant convaincues ils les déclarèrent hérétiques par jugement." (l.5) Même si l'hérésie est attestée depuis la fin du Xe siècle, c'est au XIIe siècle que les communautés jugées hérétiques abondent et connaissent leur apogée, "les hérétiques dans ce pays" (l.2) du Languedoc sont principalement des Cathares ou Albigeois, du nom de la région d'implantation, introduits vers 1150 par des seigneurs revenus de la seconde croisade. Sa doctrine est liée au manichéisme oriental, deux principes, le bien et le mal, et deux mondes, la matière et l'esprit. Le Valdéisme est aussi implanté dans cette région, la secte des vaudois s'est exportée de la région de Lyon pour s'implanter dans celle de Toulouse et de Montpellier. [...]
[...] Le premier est évoqué dans le texte par Guillaume de Puylaurens et présenté dans la première phase de l'Inquisition dans le Midi : "Ils citèrent à Toulouse quelques personnes dont on supposait qu'elles pouvaient être convaincues plus facilement, et les ayant convaincues ils les déclarèrent hérétiques par jugement." (l.4-5) Cette première procédure est la citation individuelle "ils citèrent" : il s'agit de désigner des personnages clefs ou faibles d'une paroisse "être convaincues plus facilement", susceptibles d'aider l'entreprise inquisitoriale, et de les citer à comparaître devant les inquisiteurs, là le suspect jure de révéler tout ce qu'il sait sur l'hérésie locale, l'individu qui ne répond pas favorablement à l'appel des inquisiteurs est automatiquement excommunié. Le tribunal de l'inquisition reste alors fixe, c'est aux suspects de venir à lui et même à toute la population de servir ses intérêts. [...]
[...] Par l'accusation et la dénonciation les populations servent l'Inquisition permettant la propagation des accusations par délation : "C'est ainsi que peu à peu l'Inquisition commença à toucher quelques grands hommes" (l.6). B. L'Inquisition au service de l'hérétique (quand le juge vient au condamné) La seconde procédure qui va largement se répandre, parallèlement à la première, c'est l'inquisition proprement dite : "inquisitio". Ce processus dit d'infamation se base sur la réputation et la rumeur qui circule au sein des populations et consiste au développement de grandes enquêtes et de vagues d'inculpation, voire de condamnation : "beaucoup de choses furent établies par la sollicitude du même légat dans le but de donner plus libre cours à l'Inquisition" (l.19). [...]
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