Du IXe au XVe siècle, une institution née lentement de l'opposition puis de l'alliance de deux idéaux contraires, ignorée des pouvoirs, soumise à un code qui ne fut jamais qu'oral. Cette institution se nomme la chevalerie. Dès la seconde moitié du XIe siècle, des textes de plus en plus nombreux où, sans autres commentaires, il est question de "faire" ou d'"ordonner" un chevalier : un compromis est établi entre le guerrier et le chrétien. On parle dès lors de "chevalerie sacralisée". On attend ainsi du chevalier le respect de la vie de l'adversaire, l'utilisation raisonnable de la force qui doit servir la justice et le droit, l'aide à apporter aux dames, aux faibles et aux victimes, la fréquentation des églises et le salut de son âme (...)
[...] Tout cela est dû à un alignement, un rattachement entre le pouvoir de l'Église, en l'occurrence de chrétiens, et le camp de la chevalerie. Mais cette recherche perpétuelle du salut est-elle vraiment obligatoire lorsque l'on va mourir ? Les chevaliers doivent ils revenir sur terre pour expier leurs péchés, en quête ainsi du fameux salut prisé ? C'est ici toute la teneur que nous allons développer dans la deuxième partie et qui en est la thèse essentielle de Pierre le Vénérable. Il arrive qu'un chevalier ne confesse pas tous ses péchés. [...]
[...] Pierre le Vénérable attire notre attention ici, sur les appariations de défunts qui viennent dire aux vivants leurs maux dans l'au-delà. L'extrait moralisateur va permettre de nous demander si le chevalier de Dieu est avant tout un individu dont la première tâche est le salut de sa propre âme et non pas une lutte contre les partisans des doctrines qui nient l'utilité des suffrages pour les défunts. Pour y aboutir, le commentaire de document se déroulera en trois parties. Nous développerons l'idée de la nécessité du salut, signe d'obligation envers l'Église. [...]
[...] Comme précédemment, le chevalier va le rassurer afin de lui faire indirectement dire qu'il est normal de voir des défunts et qu'ils ne sont pas la pour les horrifier Tu n'as rien à redouter [ ] que tu aies pitié de moi l 56). Cette deuxième apparition apparait ainsi comme l'épisode charnier de la morale. Pierre le Vénérable à travers le prêtre Etienne insiste à faire croire aux défunts, revenant sur terre afin d'assurer leur saluts. Implicitement, on en vient à assurer la continuité de la religion qui en est la base à l'époque. Cette idée que Dieu et ses messagers gouvernent nous est encore indiquée par le fait qu'il ne va pas retarder l'échéance de sa mission (l. [...]
[...] On peut aussi lire le De miraculis comme une œuvre militante, dans la continuité des actions de Pierre. Il entend faire de Cluny la citadelle du Christ et donc la cible privilégiée, et vaine, de Satan, puisque huit des dix démons du recueil apparaissent à Cluny. Montrer des défunts venant implorer les suffrages des vivants, insister sur la nécessité du culte des morts sont aussi une manière de justifier l'existence des occupations quotidiennes de l'ordre, un moyen de montrer aux chrétiens que leurs dons et aumônes, qui enrichissent l'abbaye, ont des fins spirituelles. [...]
[...] KAPLAN, Le Moyen-Âge, XIe XVe siècle, Paris, Bréal - Ouvrages spéciaux ( P. DU PUY DE CLINCHAMPS, La Chevalerie, Paris, Puf ( J. FLORI, Chevaliers et chevalerie au Moyen-Âge, Paris, Hachette Littératures ( B. MERDRIGNAC, La vie religieuse en France au Moyen-Âge, Paris, Ophrys - Sites internet Médiathèque ( Wikipédia ( Universalis ( Encarta 2004 Du IXe au XVe siècle, une institution née lentement de l'opposition puis de l'alliance de deux idéaux contraires, ignorée des pouvoirs, soumise à un code qui ne fut jamais qu'oral. Cette institution se nomme la chevalerie. [...]
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