Les deux documents nous présentent deux scènes de banquet qui ont eu lieu vers la fin du Moyen-Âge, l'une se déroule à la Cour du duc de Berry et l'autre à celle du duc de Bourgogne. Le premier document est une miniature des frères Limbourg, extraite des Très riches heures du duc de Berry datant d'environ de 1415. Les frères Limbourg étaient des enlumineurs renommés au service du duc de Berry. Un livre d'heure est un recueil de prières à l'usage des laïques qui voulaient se tourner vers Dieu à certaines heures fixes de la journée, il est donc destiné à la dévotion privée. Les prières varient suivant le temps de l'année, chaque jour célèbre la fête d'un ou de plusieurs saints. Ce qui explique que ces livres débutent généralement par un calendrier, dont chaque mois occupe une page. Cette miniature est celle du mois de Janvier et on se rend vite compte que la personne glorifiée dans ce livre n'est pas le Seigneur mais le Duc. Le second document est un extrait des Mémoires d'Olivier de la Marche (1422-1502). Originaire d'une famille noble de Franche-Comté où le service des ducs était tradition, il fut page, écuyer, panetier, maître d'hôtel et bailli. Ce fidèle chevalier de la maison de Bourgogne fut un chroniqueur assez précis car il décrit et donne son avis sur des évènements auxquels il a participé. Dans cet extrait Olivier de la Marche décrit les entremets qui garnissaient les tables lors du Banquet du Faisan à Lille en février 1454.
L'automne du Moyen-Âge caractérise la fin de cette période qui correspond au XIVème et XVème siècle. Huizinga dans L'automne du Moyen-Âge, exclut toutes idées de déclin. Il parle au contraire de l'exaltation des tendances profondes de cette époque. Son livre démontre les imbrications profondes du Moyen-Âge et de la Renaissance « C'est dans cette automne que s'élaborent les ferments des printemps à venir ».
A deux siècles d'expansion (XII ème et XIII ème) vont succéder deux siècles de crise profonde. Les causes de la dépression sont multiples : guerre, famine et peste (1348)
La guerre de Cent Ans couvre la période de 116 ans (1337 à 1453) pendant laquelle s'affrontent la France et l'Angleterre lors de nombreux conflits, entrecoupés de trêves plus ou moins longues. Les péripéties de cette guerre dévalorisent le pouvoir royal au profit de l'aristocratie française Les grands du royaume cherchent, au moins en France, plus à contrôler l'autorité du souverain qu'à la détruire. A la fin du XIV ème siècle, face aux crises de folie dont souffre le roi Charles VI, ses oncles doivent gouverner le royaume, chacun d'eux tentent de se tailler une principauté (Louis d'Anjou, Jean duc de Berry…).Entre eux il y a de nombreux conflits politiques mais aussi militaires sous forme de guerre civile. Dans ce contexte deux parties s'affrontent, les Orléans partisans d'un état fort et les Bourguignons autour du duc qui souhaite l'autonomie des princes.
[...] La création d'ordres de chevalerie, comme celui de la Toison d'Or fondé en 1430 par Philippe le Bon duc de Bourgogne, participe à renforcer cet esprit chevaleresque. Ces ordres étaient soumis à un formalisme rigide et voués à la défense des valeurs les plus traditionnelles. L'Ordre de la Toison d'Or a pour but de magnifier la maison de Bourgogne et d'assurer entre les princes et ses sujets une fidélité jurée sur les principes de la chevalerie et de la religion. Huizinga dans L'automne du Moyen-Âge, estime que le système de valeur aristocratique était complètement désuet et inadapté aux exigences de cette époque. [...]
[...] Le calendrier des Très riches heures du duc de Berry, s'efforce de transmettre un message de paix à la Cour et de paix au village. Le duc de Berry était un grand homme d'État et le chef de la diplomatie française. Face aux revendications anglaises, le duc affirme dans ce calendrier que le prince et ses terres sont sous la protection de la couronne. La volonté de paix affichée par le duc n'avait rien avoir avec de la faiblesse, il voulait la paix entre les princes pour mieux défendre le royaume et la couronne contre l'adversaire anglais. [...]
[...] Le luxe est nécessaire aux élites, pour asseoir leur prestige, leur autorité morale et pour se distinguer des autres couches sociales. Il faut avoir, par exemple, une table ouverte et bien garnie et de nombreux domestiques. Dans la miniature de janvier du calendrier des Très riches heures du duc de Berry, on peut remarquer le faste de la table du duc. Jean de Berry aimait accumuler autour de lui des splendeurs de toutes sortes. On peut apercevoir de nombreux plats et un grand objet d'orfèvrerie que les inventaires du duc nomment la salière du Pavillon Au premier plan, des écuyers tranchants et des valets du gobelet assurent le service, l'un d'eux coupe un morceau de viande pour un lévrier et deux petits chiens courent sur la table au milieu des plats. [...]
[...] Ces tournois permettaient à la noblesse de définir une hiérarchie des valeurs et d'exprimer un idéal d'unité interne. Les princes, eux, tentaient lors de ces compétitions d'affirmer leur pouvoir. Les aristocrates étalaient leur talent guerrier et affichaient leur monopole de la violence légitime. Pour tous la guerre est une nécessité, elle est la justification des impôts qu'ils lèvent et dont ils profitent. Mais elle est aussi un genre de vie, dont l'aspect chevaleresque a toujours fasciné. La fête glorifiait cet idéal chevaleresque. Par toute une série de rituels, la chevalerie donnait à ces fêtes un aspect solennel. [...]
[...] La culture des élites laïques à "l'automne du Moyen-Age" Les deux documents nous présentent deux scènes de banquet qui ont eu lieu vers la fin du Moyen-Âge, l'une se déroule à la Cour du duc de Berry et l'autre à celle du duc de Bourgogne. Le premier document est une miniature des frères Limbourg, extraite des Très riches heures du duc de Berry datant d'environs de 1415. Les frères Limbourg étaient des enlumineurs renommés au service du duc de Berry. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture