Du 11ème au 13ème siècle, une conjoncture économique très favorable anime l'ensemble de l'Occident. Cette
dynamique propice est fondée sur une lente expansion de la population, sur l'extension des superficies cultivées et sur la
bonne croissance des productions. Mais cette période, dont l'apogée se situe durant le règne de Saint Louis (1226-1270),
précède une terrible catastrophe, qui touche tout l'ensemble de l'Occident au milieu du XIVème siècle, et plus précisément
à partir de 1348. Cette année-là, la peste noire envahit l'Occident, l'entraînant dans une crise profonde qui essouffle les
campagnes.
[...] D'autres historiens ont donc cherché une explication dans un dérèglement du système seigneurial sur lequel s'est fondé l'essor des campagnes entre le XIème et le XIIIème siècle. Guy Blois, par exemple, parle d'une crise du féodalisme Selon ce schéma, du XIème siècle aux années 1250, la prospérité des campagnes a résulté d'une entente tacite entre maîtres et paysans : le seigneur assurait des services indispensables et coûteux en échange d'un prélèvement sur la production paysanne (rente seigneuriale). Toutefois, ce système suppose que le poids de la fiscalité ne menace ni la liberté, ni l'outil de travail, ni la subsistance du paysan. [...]
[...] A la fin du XIIIème siècle et dans la première moitié du XIVème siècle, la croissance démographique se serait poursuivie tandis Sources : La vie rurale en France au Moyen Âge (Xe-XVe siècle), Samuel LETURCQ, Cursus Armand Colin La vie au Moyen Age, Robert DELORT, Seuil, Points Histoire que l'essor des campagnes parvenait à un seuil écologique (épuisement des sols, baisse de la productivité sur des terres insuffisamment amendées technologique (incapacité à innove en matière d'amendement des sols économique et social (réaction seigneuriale, paupérisation Ce blocage structurel aurait créé un déséquilibre entre offre et demande. Vint un moment où les campagnes ne parvinrent plus à satisfaire les besoins en nourriture d'un monde devenu trop plein Puis, à partir du milieu du XIVème siècle, alors que la saignée démographique (due aux famines et aux épidémies) relâche la pression sur les terres et diminue la demande en grains, les crises frumentaires reviennent régulièrement. Ceci démontre donc l'insuffisance de l'interprétation malthusienne : la baisse démographique n'améliore pas la situation économico-sociale. [...]
[...] La culture de la vigne connaît un essor tout particulier, dans le courant des XIème-XIIème siècles. C'est surtout à partir de la seconde moitié du XIIème siècle que la viticulture commerciale se développe, notamment dans la moitié méridionale du royaume de France : en Gascogne toulousaine, on note une expansion de l'activité viticole bien plus rapide que l'accroissement naturel de la population ; de même, les ports de La Rochelle et de Bordeaux offrent un débouché commercial aux vignobles d'Aquitaine, du Bordelais, de l'Aunis et de la Saintonge, dont les excédents font l'objet d'une exportation profitable vers les régions nordiques de l'Europe (Angleterre, Flandre Dès la fin du XIIème siècle, le prix du bétail semble croître considérablement. [...]
[...] Dès 1480-1490, les terroirs riches produisaient autant (voire plus) qu'au XIIIème siècle. Les fermiers qui avaient pleinement participé et profité de ce grand effort de reconstruction accèdent alors à une certaine aisance. En revanche, tous les paysans qui se sont tenus à l'écart de ce mouvement, par manque de moyen ou d'ambition, sombrent alors dans la médiocrité et l'endettement. La vie agraire dans les campagnes françaises entre le 10ème et le 15ème siècle est d'une extraordinaire vitalité liée à une profonde capacité d'adaptation et d'innovation. [...]
[...] En 1560, la France a recouvré son niveau de peuplement du début du XIVème siècle, ce qui implique que la population a doublé entre 1450 et 1560. Cette croissance soutenue et prolongée de la population entraîne une relance de la machine économique. L'essor du nombre de bouches à nourrir stimule le marché des produits agricoles, dont la production connaît un nouveau développement. L'aspiration des ménages à s'installer durablement, combinée à la volonté des seigneurs de rebâtir le patrimoine ruiné, entraîne une reconstruction des exploitations agricoles. [...]
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