Cours d'histoire portant sur la Renaissance Carolingienne. Le terme de « Renaissance » culturelle Carolingienne, traduisant le mot latin "renovatio", est l'un des moins discutés par l'historiographie : si quantité de questions continuent de se poser et de donner lieu à débats, concernant nombre d'aspects de la période Carolingienne, deux faits au moins paraissent acquis, dont on ne discute que pour approfondir les modalités de leur mise en place et de leur développement ; c'est d'une part le rôle de l'Église dans le gouvernement idéologique et pratique de l'Empire, et d'autre part la volonté de l'empereur et de ses successeurs d'appuyer la restauration politique carolingienne sur l'alliance initiée dès 751 par Pépin le Bref avec la papauté (et dès Clovis avec le Christianisme et l'appareil ecclésiastique occidental).
[...] Enfin, les Carolingiens ont remis en honneur l'idée d'une nécessaire diffusion de la culture, certes sur des bases étroitement utilitaires : disposer de bons prêtres capables d'encadrer sacramentellement et moralement les Chrétiens des paroisses à peine formées ; et les recruter chez les hommes libres, pour éviter de faire des églises locales uniquement des lieux et des outils de promotion sociale. En ce sens, la réforme grégorienne postérieure, qui s'est si violemment attaquée à l'église impériale allemande héritière pour une large part des structures carolingiennes, lui doit cependant un certain nombre d'intuitions et d'amorces. Y compris l'idée que seuls des Grands laïcs dotés d'une véritable culture chrétienne pouvaient accomplir correctement leurs tâches de gouvernement. [...]
[...] Outils et méthodes de la Renaissance Outre le rôle d'Académie palatine, la cour d'Aix réunit au palais les fils et filles de la haute aristocratie franque, qui participent aux joutes intellectuelles jusque dans la piscine où Charles aime se détendre. Notons en particulier la stimulation donnée par ce milieu à la musique religieuse occidentale, grâce à la réception d'un second orgue hydraulique byzantin pour la chapelle royale (le premier remontait à Pépin le Bref en 757) : une schola cantorum (école des chantres) forme des spécialistes ensuite dispersés dans les différents monastères pour former les clercs locaux à la liturgie romaine ; ce phénomène explique dès le IXe siècle de remarquables progrès accomplis dans la théorie et la pratique musicales. [...]
[...] La connaissance du contenu de l'enseignement demeure beaucoup plus théorique : au-delà de l'instruction éléméentaire que décrit brièvement l'Admonitio (voir supra : notes, calcul, chant, etc.), Théodulf, toujours lui, expose la façon dont devrait s'effectuer l'apprentissage des 7 arts libéraux, d'abord le trivium (grammaire, rhétorique, dialectique), puis le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie). On retrouve ici la conception augustinienne de la culture : l'amour des lettres (trivium) est propédeutique au désir de Dieu (quadrivium : les disciplines scientifiques qui y figurent ont avant tout pour but de correctement célébrer la liturgie et de bien calculer les dates des principales fêtes du calendrier chrétien). On rejoint ainsi la culture des élites, dont tout indique que le renouveau constitue la grande réussite de la Renaissance carolingienne. [...]
[...] Conclusion : Il est difficile de mesurer l'impact de la Rennaisance carolingienne. A moyen terme, elle fut réelle, car le fait que les capitulaires du IXe siècle, ceux de Charles le Chauve ou Louis le Germanique, soient moins obsédés par les problèmes de l'enseignement que ceux de Charlemagne, ne témoigne probablement pas, comme on l'a longtemps cru, d'un désintérêt de ces souverains, très cultivés, pour ces aspects de leur gouvernement ; c'est au contraire sous leurs règnes que les effets de la dite Renaissance se font pleinement sentir. [...]
[...] Significativement aussi, l'un des secteurs les plus vigoureux de la littérature, à l'imitation de son poids dans la culture classique, est l'histoire : Annales Regni Francorum Annales du royaume des Francs, officielles), Annales de Saint-Bertin en Francie occidentale (qui les prolongent après 829, jusqu'en 861), de Fulda en Francie orientale. D'autres annales monastiques existent, ainsi celles de Lorsch tenues par Ricbod, abbé et archevêque de Trêves, membre de l'Académie palatine ; et bien sûr, côté papal, le Liber pontificalis, suite de biographies des papes depuis le VIe siècle. [...]
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