Cours d'histoire médiévale étudiant la puissance des aristocraties laïques et ecclésiastiques dans la société carolingienne. Analyse de l'impact de la mise en place des structures politiques carolingiennes sur la société qui tout à la fois, les produit et les reçoit.
[...] Les prélats entre royauté et aristocratie Jusqu'ici, les aristocrates aux fonctions d'ecclésiastiques ont été assez peu évoqués en tant que tels : tout ce qui a été dit précédemment, en- dehors bien sûr du mariage (encore qu'ils en sont les théoriciens à défaut d'en être les acteurs), s'applique à eux, car l'époque carolingienne se caractérise par une compénétration extrême des sphères de l'Église et de l'État. Dans les généalogies aristocratiques, cela se marque au fait que certains fils sont destinés à l'Église ; ou que certains aristocrates terminent leur carrière comme moines (voir l'exemple du Whillelmide Guillaume de Gellone). [...]
[...] Pour éviter de convoquer sans discernement, le même texte prévoit un système de regroupement des manses (unité d'exploitation de la terre, probablement d'origine fiscale) qui permet soit à des propriétaires suffisamment riches, soit à plusieurs exploitations réunies (c'est le système des aidants et des partants de fournir des contingents : il faut 3 manses minimum en 807, puis 4 en 808, pour fournir un combattant. Les effectifs sont difficiles à estimer, la meilleure méthode restant celle mise au point par K. [...]
[...] Cette approche du monde carolingien, ressourcée aux problématiques des sciences sociales, et dont on peut critiquer tel ou tel excès, rencontre il est vrai une caractéristique forte du groupe dirigeant : son unicité, clercs comme laïcs provenant des mêmes familles aristocratiques ; en particulier leur capital symbolique tient en large part au monopole qu'ils exercent sur la définition et le maniement du sacré, ce qui explique la mainmise traditionnelle, jugée deux siècles plus tard choquante voire hérétique par la réforme grégorienne (cf. [...]
[...] Par une habile récupération, la vieille fides qui constituait avec la proles et le sacramentum l'un des trois piliers du mariage chrétien selon saint Augustin, est ainsi enrichie d'une nouvelle charge psychologique par l'amalgame qui en est fait avec la fides vassalique, plus présente à la mentalité aristocratique. C'est désormais sur cette fides tous azimuts que se fonde sans ambages la vertu laïque, respect par l'individu des contrats implicites qui le lient à son ordo [sa catégorie sociale d'appartenance], à sa famille, à son prince (P. Toubert). [...]
[...] D'où l'effort pour équilibrer en permanence les relations entre le roi et son aristocratie : le roi donne, mais doit pouvoir reprendre ; c'est pourquoi il doit surplomber les Grands, pourquoi aussi Charlemagne n'a pas voulu par exemple s'allier aux autres familles austrasiennes ; son fils Louis le Pieux au contraire, animé d'une conception différente du christianisme, plus charitable (au sens fort de la caritas, l'amour en Dieu du genre humain), conçoit l'aristocratie comme le service supérieur de l'Empire chrétien et s'allie en conséquence à elle, acceptant de ce fait de s'« abaisser socialement : ses enfants, issus de deux souches aristocratiques alliées distinctes, se font pourtant la guerre et se séparent paradoxalement (cf. cours dans un processus associant l'ancien (les traditionnelles rivalités aristocratiques) et le nouveau (la constitution aux côtés des rois d'une couche supérieure homogène de l'aristocratie, débouchant à terme sur un processus d'élection, et non de succession dynastique, du roi). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture