«Et cramponnez-vous tous ensemble à la corde d'Allah et ne soyez pas divisés» (Coran, 3,103).
Malgré cette injonction du Coran concernant l'unité des musulmans, il est difficile de ne pas penser que la Communauté des Croyants, l'Oumma, n'a pas su obéir à ce commandement.
En effet, si l'Islam s'étend rapidement après la Révélation de Mohammed, cette expansion est plus celle d'une religion profondément plurielle que d'un bloc monolithique, car, en dépit d'un sens profond de leur identité religieuse, les musulmans se divisent très rapidement après la mort de Mohammed. C'est en effet durant la période des quatre califes rashidun (« bien guidés »), entre 632 et 661, qu'apparaissent les premières dissensions au sein de l'Oumma, tensions qui aboutiront à une scission de l'Islam en trois branches distinctes – elles-mêmes subdivisées – appelée la Fitna. De même ces dissensions s'accompagnent de réflexions théologiques aboutissant à différentes constructions dogmatiques présentant des visages de l'Islam parfois très contrastés.
Quelles sont les principales caractéristiques de ce pluralisme de l'Islam, et en quoi celui-ci enrichit-il ou au contraire affaiblit-il la religion ?
Pour apporter un éclairage sur ce sujet, on peut s'intéresser aux trois branches de l'Islam issues de la Fitna, qui divisent profondément la religion, mais également aux constructions théologiques des premiers siècles de l'Islam, qui tentent d'enrichir la pensée musulmane.
[...] C'est dans ce cadre que se développe parallèlement la falsafa, philosophie musulmane inspirée de la tradition philosophique grecque, à partir du IXe siècle et jusqu'au XIIe siècle. Cette philosophie, profondément marquée par l'école néo- platonicienne (Aristote, Plotin, Porphyre . influence la mystique musulmane, mais aussi les constructions dogmatiques précédemment évoquées. En effet, elle entretient des rapports étroits avec le chiisme, le soufisme et le kalam, pour qui elle est source d'inspiration, tout en se trouvant fréquemment confrontée aux réticences de l'orthodoxie et des traditionnalistes. [...]
[...] 186) Les ismaéliens La branche de l'ismaélisme doit son nom à l'imam Ismaïl, fils de Jafar al- Sadik, choisi en tant que septième imam par un groupe de chiites lui étant restés fidèles par delà la mort (Ismaïl mourut avant de devenir imam, mais les ismaéliens considèrent que sa mort ne lui ôte pas le droit à l'imamat), et vu comme le septième prophète qui reviendra à la fin des temps, comme précurseur du Mahdi ou comme le Mahdi lui-même. Le chiffre sept est hautement symbolique dans l'ismaélisme. L'ismaélisme est axé sur une dimension très ésotérique de la religion, et s'est lui-même séparé en trois tendances principales : les druzes, les nizarides et les moustalides. [...]
[...] (Il est à noter que les prises de position concernant les objets du kalam sont loin d'être dénués de fondements et d'implications politiques: ainsi, cette question du déterminisme a une grande importance par rapport au pouvoir politique en place. Ceci est particulièrement visible dans le cas du califat des Omeyyades: si tout est déterminé par Dieu, alors leur présence au pouvoir est légitime. Les jabrites seront d'ailleurs des soutiens des Omeyyades, tandis que les qadarites leur seront opposés) la risala, la mission de prophétie de Mohammed. al-asma wa l-ahkam, la question des noms et des statuts, c'est à dire du pêcheur, de son salut, de sa punition par Dieu et de sa place dans l'Oumma. [...]
[...] En effet, la falsafa naît grâce à la volonté d'intellectuels et de savants musulmans de traduire en arabe des textes philosophiques grecs et leurs commentaires, jusqu'alors conservés en grec ou en syriaque en Syrie et en Palestine. (Ces initiatives furent à l'origine de la constitution de grandes bibliothèques, comme le le Bayt al-hikma du calife al-Mamoun, ou le Dâr al-Kutub.) Mêlé à des traditions perses et indiennes de gnose, cet héritage hellénique est à l'origine de la fondation d'une philosophie musulmane originale, dont les principales figures se retrouveront aussi bien en Orient al-Kindi, al- Farabi, Ibn Sina (dit Avicenne) que dans l'Occident musulman Ibn Toufayl (dit Aboubacer), Ibn Rushd (dit Averroès, et connu dans le monde latin comme le grand commentateur d'Aristote). [...]
[...] Celui-ci est condamné à un enfer éternel (moins rigoureux que celui du kafir) mais ne sera pas exclu de l'Oumma. al-amr bi l-maarouf wa l-nahyi an al-mounkar, l'ordre de Dieu de commander le bien et d'interdire le mal: la réprobation silencieuse du mal n'est pas suffisante, et, face à sa manifestation (religieuse ou politique) l'homme doit lutter pour que le bien triomphe. La doctrine moutaziliste est originale, car elle mêle une extrême intransigeance dans sa conception du divin et un certain sens de la liberté dans sa conception de l'homme. [...]
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