« J'ai senti qu'en toi brillent des vertus sublimes : la fermeté d'âme, le sens de la justice, la générosité, la gravité et le plus vif penchant pour les études ».
Cette éloge de Frederico de Montefeltro faite par le philosophe et mathématicien Donato Acciajuoli (1429-1478) dresse un portrait plus global de celui qui, dans un Quattrocento en plein « embrasement artistique » (P. Milza), veut se comporter et agir en prince humaniste.
Dès la fin du XIIIe siècle, les énergies de Dante, Pétrarque, Boccace et bien d'autres ont donné naissance à une espèce nouvelle de savants, érudits et artistes, lancés hors du sombre âge médiéval vers l'éclaircie des « temps modernes ». Cette Renaissance se fait au sein même du centre le plus important du pouvoir politique, la cour princière. En attirant dans leurs bibliothèques des artistes et lettrés, les seigneurs se muent en véritables mécènes. Les Visconti à Pavie, Alphonse V à Naples, les Médicis à Florence, le pape Nicolas V à Rome et Frédéric de Montefltro (1422-1482) à Urbino. Ce dernier, en véritable guide humaniste, transforme son duché en capitale intellectuelle de l'Italie de la Renaissance. Nait en 1422, Federico a reçu sa formation à Venise et surtout Mantoue, à la cour de Gianfrancesco Gonzaga. Il y suivit l'enseignement novateur de Vittorino da Feltre (1378-1446) en alternant exercices du corps et exercices de l'esprit. Glorieux condottiere, Frederico se place parmi les princes les plus instruits d'Italie. En succédant en 1444 à son demi-frère Oddantonio, il devient seigneur d'Urbino avant d'être transformé en duc en 1474 par le pape.
[...] Cette société d'humanistes courtisans animés par une même ambition nous est décrite par Badassare Castiglione (1478-1529). Cet homme de plume et d'épée a servi à la cour des Gonzaga à Mantoue avant d'arriver à celle de Guidobaldo à Urbino. Dans son Libro del Cortigiano, rédigé entre 1508 et 1516 en langue vulgaire, il érige l'homme de cour en représentant de la société de la Renaissance aux cotés des princes et humanistes. Alors qu'a cette époque on compte quelques 1400 traités consacrés au gentilhomme, le manuel de Castiglione fait autorité en matière de savoir-vivre aristocratique. [...]
[...] La cour des ducs d'Urbino Frederico et Guibaldo de Montefeltro L'Italie de la Renaissance DELUMEAU Jean-Pierre et HEULLANT-DONAT Isabelle, L'Italie au Moyen Age, V e-XVe siècle, Paris, Hachette GARIN Eugenio, Moyen Age et Renaissance, Paris, Gallimard GUT Philippe, L'Italie de la Renaissance à 'Unité,XVI e-XIXe siècle, Paris, Hachette MILZA Pierre, Histoire de l'Italie, Des origines à nos jours, Paris, Fayard La cour des ducs d'Urbino GRAZIA PERNIS Maria, Le platonisme de Marsile Ficin à la cour d'Urbin, Paris, Champion Références internet AMENOS BERENGUER Ester., Aparences: Art, histoire et actualité culturelle Armes et lettres : Urbino sous Federico da Montefeltro : http://www.aparences.net/art-et-mecenat/les-seigneurs-urbino/urbino-sousguidobaldo-da-montefeltro/ Urbino sous Guidobaldo da Montefeltro: http://www.aparences.net/art-et-mecenat/les-seigneurs-urbino/armes-et-lettresurbino-sous-federico-da-montefeltro/ I. La cour d'Urbino A. Le magnétisme du mécènat B. Une société d'humanistes courtisans II. Les armes du prince humaniste A. Une bibliothèque d'abondance B. Mise en perspective de l'architecture III. Le palais cité A. [...]
[...] Fort et surtout riche de ses succès de condottiere, Frederico place ses profits de guerres au service de la création artistique. Dans les différentes cours princières d'Italie, l'investissement dans la Renaissance est rendue possible par l'accumulation d'un capital au grès des différentes conquêtes. Le Palais d'Urbino, construit à partir de 1444 permet à Frederico de Montefletro de rassembler autours de lui savants et artistes. L'action de son fils se place dans la continuité. Eduqué par des intellectuels comme Ludovico Odasio, Ottaviano Ubaldini ou le mathématicien Luca Pacioli, Guidobaldo va se montrer encore plus cultivé que son père. [...]
[...] La conquête des grands noms se fait au service de la gloire des oligarques. Au Quattrocento le mécénat assure aux artistes une protection et une sécurité matérielle et il le fait sortir de plus en plus de l'anonymat dans lequel son statut d'artisan le limitait alors. Si l'entrée des artistes comme des savants dans la domesticanza annonçait pour eux une ascension sociale, elle permit également aux ducs de placer ces illustres hommes au service de leur gloire personnelle. Comme l'annonce aux lignes 10-11 du document 1 Baldassare Castiglione, les ducs d'Urbino s'attachèrent à ce que leur cour fut constamment remplie de très nobles et valeureux gentilshommes Ce groupe contribue à la stabilité du pouvoir en renvoyant par leur conversations la cour dans une harmonie civile où les arts civilisateurs peuvent être développés. [...]
[...] La réorganisation de l'espace se veut elle aussi humaniste et la lettre de nomination (document pour les travaux du palais glorifie ces hommes qui se distinguent par leur esprits et leur vertu, surtout qu'il s'agit de celle que les antiques et les modernes ont porté si haut, la vertu de l'architecture La référence aux Anciens vient la encore guider la politique de réorganisation des espaces de représentation du pouvoir. C'est l'architecte dalmate Luciano Laurana, qu'appel Federico de Montefeltro en 1466 pour continuer les travaux déjà en cours de sa résidence. Entre deux tours, la façade des Torricini, composées des loggias superposées, marque une rupture avec les architectures conçues derrières des problématiques stratégiques de défense militaire. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture