« Un prophète, avec une autorité ne reposant pas sur le sang mais sur la religion, était capable de se tenir au-dessus des groupes rivaux et de tenir le rôle d'arbitre. » Cette définition du prophète Muhammad de W. Montgomery Watt dans Mahomet montre bien que celui-ci est avant tout un chef religieux. En effet, Muhammad quitte la Mecque pour Yatrib et instaure une Chartre afin de réunir grâce à une seule religion et un seul Dieu toute une communauté dans laquelle dominent les principes de fraternités, d'égalité et de solidarité. Dès lors celui-ci devient non seulement un chef religieux représentant d'Allah mais aussi politique. Le document à expliquer est un extrait de cette chartre plus communément appelée « La Constitution de Médine » établit en 622 et tirée de La vie de Muhammad d'après Ibn Ishaq publié par Ibn Isham. Ibn Ishaq (704-167) est un historien traditionaliste musulman arabe. Il est connu pour avoir rédigé la première « biographie du prophète » Muhammad, appelée Sîra, contenant la Constitution de Médine présenter sous formes d'articles, à la différence du document dont nous sommes en présence. En effet, cette biographie ne nous est parvenue que sous la forme de la version remaniée par Ibn Isham, un généalogiste et grammairien arabe, connue sous le nom de Biographie du messager de Dieu, Muhammad ben'Abd Allah ou encore La biographie du prophète. En dehors de quelques mots d'introduction Ibn Ishaq ne nous dit rien, sur la façon dont ce document lui échut, ni quand, ni comment cette Constitution rentra en vigueur. Depuis cette Constitution la ville de Médine (madînat al-nabî), ville du prophète, devient le siège actif d'une communauté dont Muhammad est le chef spirituel et temporel. Cette chartre à pour objectif premier d'unir en un tout ordonné les différents groupes d'hommes qui y vivaient et contient les bases de l'organisation de la communauté. Elle règle donc les rapports des croyants entre eux ainsi que les rapports des différents groupes, son but est pratique, mais en même temps sa dessine la première esquisse de la constitution théocratique qui peu à peu a fait de l'Islam une religion.
Quels sont alors les lignes fortes de cette chartre permettant l'union des fidèles selon des règles précises et la propagation d'une nouvelle religion? Qu'est-ce qui fait l'originalité de ce document et sa dimension religieuse?
Pour y répondre il est nécessaire de faire une analyse des origines de la Constitution de Médine puis de voir comment celle-ci est un appel à la formation d'une nouvelle communauté afin de donner naissance à une nouvelle religion: l'Islam.
[...] On a souvent appelé ce texte Constitution de Médine comme sur le document ci-contre. Cependant cette formulation n'est pas adéquate au langage du texte. Outre le fait que le nom Médine (al-Madîna) n'y figure pas, parler de constitution est anachronique car cela fait penser à un État organisé et risque de projeter sur le passé la notion moderne de constitution. Or, à ce stade, il n'y a pas encore d'Etat, mais une confédération guerrière dont la sahîfa est la chartre. [...]
[...] La constitution de Médine Les origines de la Constitution de Médine. Problème d'authenticité et d'unité. Muhammad le prophète. L'accueil de Médine: Entre hospitalité et hostilité. II / L'appel à la formation d'une communauté. Rassembler la population médinoise Régler les rapports sociaux en instaurant des règles Une union militaire III / La naissance de l'Islam. La crainte de Dieu La solidarité "le prix du sang" Bibliographie - PREMARE A.L, Les fondations de l'islam. Entre écriture et histoire, L'univers historique, Seuil, Paris - MANTRAN R., L'expansion musulmane (VIIe-XIe siècle), Nouvelle Clio, PUF, Paris - W.MONTGOMERY WATT, Mahomet, Bibliothèque historique Payot - CAHEN CL, L'islam des origines au début de l'empire ottoman, Pluriel, Hachette, Paris Un prophète, avec une autorité ne reposant pas sur le sang mais sur la religion, était capable de se tenir au-dessus des groupes rivaux et de tenir le rôle d'arbitre. [...]
[...] Muhammad est alors vu comme un guide à et un chef (l. 42- 43 et 57-58). Au moment où le prophète s'installe définitivement dans sa demeure- mosquée, la cité oasis de Médine est en proie de multiples conflits latents. L'accueil de Médine: Entre hospitalité et hostilité Il y a d'abord, l'opposition ancienne et tenace entre les clans Aws et les Khazraj ; ces derniers vaincus, quelques années plus tôt à la bataille de Bu'ath, se préparant à couronner l'un de leur chef le très influent Abdallah ibn Oubaï, comme roi de la ville L'irruption du Prophète à Médine ruine ce projet et provoque l'hostilité de ce clan. [...]
[...] Ce lieu, c'est Yathrib, rebaptisée Médine à l'arrivée du prophète. Médine qui signifie "la ville du prophète". Un prophète est un personnage sacré car ce qui est sacré a rapport au religieux, au divin, ou encore, est sacré quelqu'un à qui l'on doit un respect absolu, qui s'impose par sa haute valeur. Ainsi, Muhammad étant sacré, la "ville du prophète" l'est aussi, d'ailleurs Yathrib est décrite comme étant l.55 : un "territoire sacré pour les participants à cette charte". Toutefois, les membres d'une communauté sont obligés d'obéir à des règles communes qui répondent à leurs intérêts. [...]
[...] D'ailleurs, le croyant qui agit mal, sera l.41: "maudit par Dieu", c'est-à-dire condamné au malheur. La crainte de Dieu, élément important de l'Islam et des religions monothéistes en général, apparaît déjà dans la constitution, alors que l'Islam émerge à peine. La solidarité A la l.2 on peut lire l'expression "traité d'amitié", l'amitié se définit comme étant un sentiment de sympathie réciproque qui se concrétise par des témoignages de bienveillance et d'entente. Un traité, étant un document officiel, et plus précisément un acte juridique par lequel s'établissent des règles et des décisions (pacte). [...]
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