La notion de "Renaissance du XIIème siècle" a été forgée par les historiens modernes, mais certains hommes du XIIème siècle, se désignant comme moderni, tel Pierre de Blois, ont eux-même conscience de vivre une époque de renouveau, et la réalité d'une renaissance caractérisant le XIIème siècle paraît incontestable.
Cette lettre datant de 1160 environ, est une source narrative. Elle témoigne de la prise de conscience de ce renouveau. Pierre de Blois s'adresse ici au tuteur des jeunes élèves qui lui ont été confié et il divulgue des recommandations quant à l'éducation de ces jeunes gens.
Ce maître est né à Blois vers 1130/1135 dans une famille de petite noblesse bretonne. Pierre étudie les "Artes" à Tours sous la férule de Bernard Sylvestre, puis le droit à Bologne, et enfin la théologie à Paris. Ce cursus très complet ainsi que son talent de plume et son habileté diplomatique lui valent de faire une brillante carrière de curialis au service de princes et de prélats normands et angevins, notamment les rois Guillaume II de Sicile et Henri II Plantagenêt. Au moment où il rédige cette lettre, il est archidiacre de Nantes. Il meurt vers 1211/1212.
Son oeuvre vaste et diverse est à l'image de sa vie remplie. La postérité en a d'abord retenu un recueil publié et organisé par ses soins, de lettres remarquables (dont celle dont nous disposons ici). Il se distingue aussi par l'élégance de son style, par la profondeur de ses réflexions et enfin, par le ton personnel qu'il emploie.
Si l'on a pu parler de "révolution scolaire" du XIIème siècle, c'est évidemment parce qu'il existait déjà en Occident avant cette date un réseau d'écoles bien établi et relativement cohérent. Progressivement mis en place au cours du Haut Moyen Âge, donc tout au long d'un demi millénaire (entre le VIème et le XIème siècle) ce réseau avait pour lui la force de la tradition et, sauf exception, la légitimité d'une parfaite orthodoxie religieuse. Ceci passe par la redécouverte de textes perdus depuis des siècles. L'un des lieux de prédilection de cette renaissance est le Nord de la France où Pierre de Blois est une figure éminente.
A la ligne 1, Pierre de Blois se présente. De la ligne 2 à la ligne 6, il dit qu'un élève déjà formé, lui a été confié pour achever son éducation. Ensuite, (lignes 6 à 17) il précise que pour lui, un élève déjà formé n'est pas facile à prendre en charge car il faut travailler deux fois plus. Pour appuyer ce qu'il dit, il cite Quintilien, puis le droit civil, des lignes 18 à 20. Ensuite, de la ligne 21 à 30, il précise que la supériorité d'un élève ne dépend pas de sa "subtilité", jugée surtout inutile comme l'a précisé Sénèque. S'ensuit, une critique assez négative des arts libéraux, quant à l'ordre dans lequel ils sont abordés (lignes 30 à 40). De la ligne 40 à 57, il évoque la supériorité de la grammaire, qui doit pour lui, constituer la base de l'apprentissage. Il s'appuie une fois encore sur les intellectuels de l'Antiquité. De plus, il évoque ses propres études basées sur la grammaire et les textes anciens de la ligne 57 à 65. Pour finir, il revient à Guillaume, et précise que pour arriver à un bon résultat, il faudra du temps. (lignes 66 à la fin du texte)
Ainsi, nous pouvons nous demander quels éléments nous apportent cette lettre pour la connaissance des méthodes de l'enseignement et de ses acteurs au XIIème siècle.
Nous traiterons dans un premier temps le fonctionnement des écoles au XIIème siècle. Puis nous nous attacherons aux bases de l'enseignement à cette époque. Enfin nous analyserons les relations entre le maître et l'élève.
[...] Les Principes généraux Tout d'abord, Pierre de Blois se qualifie lui-même de maître à la ligne 5. Ceci, nous permet de dresser le cadre dans lequel se déroulait l'enseignement. En effet, l'éducation était assurée par des maîtres (magister en latin) au sein des écoles épiscopales situées en ville près de la cathédrale. Notons que le succès et le rayonnement de ces écoles éclipsèrent la renommée des écoles monastiques qui dominaient jusqu'alors. D'autre part, le terme d' archidiacre employé dès la première ligne, indique le statut social de ces enseignants. [...]
[...] Son oeuvre Institution oratoire est utilisé au XIIème siècle pour l'enseignement de la rhétorique. A cet ouvrage de grammaire, on préconise également De inventione de Cicéron. Il est d'ailleurs mentionné à la ligne 46 que Marcus Tullius Cicéron, "comme il en ressort beaucoup de ses lettres, incitait avec force son fils, qu'il aimait très tendrement, à étudier la grammaire". L'art rhétorique du XIIème siècle, s'efforce de conserver à la fois l'élégance et la clarté des Anciens; ainsi l'enseignement consiste principalement à commenter et expliquer les auctores, c'est-à-dire les écrivains qui font autorité sur un sujet. [...]
[...] Formation de Pierre de Blois B. Qualités requises d'un bon élève Conclusion Introduction La notion de "Renaissance du XIIème siècle" a été forgée par les historiens modernes, mais certains hommes du XIIème siècle, se désignant comme moderni, tel Pierre de Blois, ont eux-mêmes conscience de vivre une époque de renouveau, et la réalité d'une renaissance caractérisant le XIIème siècle paraît incontestable. Cette lettre datant de 1160 environ, est une source narrative. Elle témoigne de la prise de conscience de ce renouveau. [...]
[...] Ainsi, nous pouvons nous demander quels éléments nous apportent cette lettre pour la connaissance des méthodes de l'enseignement et de ses acteurs au XIIème siècle. Nous traiterons dans un premier temps le fonctionnement des écoles au XIIème siècle. Puis nous nous attacherons aux bases de l'enseignement à cette époque. Enfin nous analyserons les relations entre le maître et l'élève. I. Le Fonctionnement des écoles au 12ème siècle Cette lettre nous livre plusieurs types d'informations sur l'enseignement, tel qu'il était pratiqué au 12ème siècle. Nous en dresserons les principes généraux. [...]
[...] Conseils pour l'éducation d'un jeune homme (lettre de Pierre de Blois, vers 1160) Bibliographie Source ? QUINTILIEN, Institutions oratoires, Livres II-III, Les Belles Lettres, Paris Outils ? BERNARD Y., KAPLAN Dictionnaire des biographies, tome Le moyen Age, A.Colin, Paris 1993 ? GRIMAL N., LEBOHEC S., Dictionnaire des biographies, tome L'antiquité, A. Colin, Paris ? TOUATI F-O., Vocabulaire historique du Moyen Age (Occident, Byzance, Islam), La Boutique de l'Histoire, Paris ? VAUCHEZ A., Dictionnaire encyclopédique du Moyen Age, Cerf, Paris Manuel ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture