La figure du paysan est intimement liée à l'avènement de la seigneurie, cellule socio-économique qui succède aux grands domaines de l'époque romaine.
La domination romaine avait eu pour effet de doubler les grands domaines gaulois de villes d'importance, tant productrices, grâce à un important artisanat, que consommatrices des denrées de première nécessité fournies par les latifundia.
Mais les invasions barbares du IIIème au Vème siècle sonnèrent la décadence urbaine, tandis que les grands domaines glissaient des mains de l'ancienne aristocratie gallo-romaine à celles des conquérants..
[...] II) L'asservissement de la paysannerie à partir du Xème siècle Nous tenterons d'abord de définir l'état du serf avant de détailler les incapacités serviles. L'état de serf Nous distinguerons le serf de l'esclave afin de mieux identifier en quoi consiste la dépendance servile La distinction du serf et de l'esclave L'esclave est marginalisé dans la société franque comme il l'était sous l'Empire romain, il est privé de la personnalité juridique et appartient à son maître. Le serf en revanche, s'il dépend du seigneur, a un semblant de personnalité juridique, obtenu grâce aux efforts de l'Eglise. [...]
[...] D'abord arbitrairement réglée dans son montant et dans sa fréquence par ce dernier, la taille devient ensuite abonnée, c'est-à-dire fixe. L'état de serf se complète par une série d'incapacités serviles qui forment son statut. Les incapacités serviles Le serf est incapable tant dans sa personne que dans ses biens Les incapacités frappant la personne du serf. Elles sont triples : judiciaire, fonctionnelle et matrimoniale. Le serf ne peut témoigner en justice ni recourir au duel judiciaire, ce qui amoindrirait le patrimoine des seigneurs. [...]
[...] Pour la même raison, il ne peut entrer dans les ordres sans avoir été affranchi, sans quoi le seigneur perdrait une partie de sa force de travail. S'il peut se marier dans le cadre de la seigneurie avec une personne de la même condition, le problème se pose en cas de formariage c'est-à-dire de mariage hors seigneurie ou en-dehors de sa condition servile. En tel cas, le serf s'expose à une amende infligée par son seigneur, qui peut aller jusqu'à la confiscation de tout son patrimoine par crainte qu'il en quitte la seigneurie ou que ses enfants, fruits du mariage mixte, en revendiquent la condition d'hommes libres. [...]
[...] Deux types de personnes sont soumis au seigneur. Il d'une part, des vassaux, qui dépendent de lui en vertu de la parole donnée lors de la conclusion féodo-vassalique. A cette dépendance honorable s'oppose, d'autre part, la domination q'il exerce sur les hommes de poesté Ces derniers sont tout entiers sous le joug de leur seigneur en vertu de son droit de ban l'ancien critère de liberté, naguère pertinent dans la société franque qui connaissait une large palette de degrés entre liberté et esclavage, selon l'origine de leur dépendance. [...]
[...] Enfin, les esclavages volontaires, notamment au profit de l'Eglise, s'accroissent corrélativement à l'effondrement des pouvoirs publics déficients. Quelle que soit leur origine, les esclaves connaissent une condition semblable. Une condition univoque L'esclave est dépourvu de personnalité juridique. Il n'est pas sujet de droit. Chose animée pour les Romains, il n'est que la propriété du dominus faisant l'objet d'un droit réel. Celui-ci peut, à ce titre, revendiquer sa possession où qu'il se trouve (droit de suite), l'aliéner librement ou décider, ce qui serait une atteinte à son patrimoine, de lui ôter la vie. [...]
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