Comment les villages, les paroisses et les seigneuries appréhendent-ils les modes d'encadrement des populations européennes au Moyen Âge ?

Thèmes abordés

Pouvoir, politiques, argent, population, église, segneureries, esclavagisme, hiérarchie du pouvoir, Moyen-âge

Résumé du document

Spelunca latronum, la « caverne de voleurs » est une image de la Vulgate que l'historien Claude Gauvard met en avant, dans son article, Grâce et exécution capitale : les deux visages de la justice royale française à la fin du Moyen Âge, l'analogie répandue au Moyen Âge du royaume de France avec Jérusalem affaiblie. Cette image montre bien l'état de faiblesse de la France, qui a du mal à imposer son pouvoir dans cette « caverne de voleurs ». En effet, plusieurs institutions, comme les institutions ecclésiastiques et seigneuriales, se disputent le pouvoir royal. Le pouvoir de commandement se trouve dispersé tandis que le pouvoir du roi est affaibli. On retrouve donc plusieurs niveaux de commandement où s'articule toute une pyramide hiérarchique, par exemple dans les seigneuries, on voit, en premier lieu, le seigneur, qui a des droits sur les tenanciers, paysans libres et sur les cerfs qui lui sont totalement assujettis ou encore les paroisses dirigées par l'évêque et les curés en second plan, qui vont s'occuper des populations.

Extraits

[...] De plus, cette force d'encadrement par l'agent est couplée par la polarisation de ces lieux de pouvoir. En effet on remarque une assise du pouvoir seigneurial en construisant des pôles centraux avec l'édification de châteaux. Déjà dans la géographie des seigneuries on remarque que les châteaux sont édifiés sur des mottes et ils surplombent la « basse-cour » qui désigne les logements des domestiques mais aussi les espaces d'exploitations. Ainsi le château marque ce qui est sien, car il inscrit les lignées familiales, avec le patronyme qui participe à l'onomastique. [...]

[...] Les villages sont considérés dans l'espace médiéval comme une « terre nourricière » car ce sont des espaces d'organisations et d'exploitations du milieu naturel. Il ne faut pas pour autant oublier que l'espace rural possède avant tout une économie de subsistance et ce n'est pas au sein des villages que se produit la majorité des transactions économiques monnayables. En effet c'est dans les zones fortement urbanisées comme l'Italie que se développent les productions monétaires en or ainsi que les systèmes de crédits qui sont présents dès le Xe s.-XIe s. [...]

[...] Elle identifie ce type de don foncier comme un don pro anima dont le but est de mettre en route les mécanismes et les acteurs qui garantissent au donateur sa place dans le Ciel. Car l'Écriture fournit les engage une telle démarche comme le Siracide qui rappelle la faculté qu'a l'aumône d'effacer les péchés, comme l'eau éteint le feu. Ce don foncier constitue aussi une manifestation ostentatoire de la puissante et du rang du donateur. Les dons sont gage de représentation car et leur écriture ont lieu au cours de cérémonies publiques durant lesquelles les actes de donation sont dictés, lus et entendus ; certains sont même rimés. [...]

[...] Au terme de notre étude nous allons nous demander : comment les villages, les paroisses et les seigneuries appréhendent-ils les modes d'encadrements des populations européennes au Moyen Age ? Pour répondre à cette question nous analyserons dans un premier temps les divers niveaux de commandements qui assurent un contrôle presque total sur les populations. Puis nous étudierons les éléments fondateurs de l'encadrement, le duo argent et pouvoir. Et pour terminer nous étudierons ce qui pousse un tel dévouement des populations, la peur. [...]

[...] Au XIIIe s., le Jugement Dernier devient un thème de plus en plus fréquent dans l'iconographie et la vie humaine apparaît comme un long cheminement dont tous les actes comptent. Donc ce livre ou rouleau que l'on voit dans les mains du Christ quand il juge une personne et dans lequel est renseigné les péchés et les mérites de chacun est vu comme un "passeport individuel" ou un "compte bancaire", pour reprendre les mots de l'historien Philippe Ariès dans son ouvrage L'Homme devant la mort, à présenter aux portes de l'Éternité. [...]