Chypre : peuplement et institutions aux débuts du royaume franc (1192)

Résumé du document

Ce texte est extrait de l'oeuvre de Léonce Machairas, Une histoire du doux pays de Chypre, rédigée vers 1430. Né vers 1360, mort vers 1450, Léonce Machairas est un chroniqueur chypriote médiéval ; c'est un chrétien orthodoxe mais il s'exprime avec respect sur le Pape et sur la classe dominante catholique de Chypre, au service de laquelle il se trouve. Sa chronique de Chypre est son oeuvre principale, écrite dans le dialecte chypriote de l'époque. Elle constitue une des sources majeures de l'histoire de l'île au Moyen-Age, rapportant les évènements historiques qui y ont eu lieu depuis le Ve siècle de notre ère. Le texte est particulièrement intéressant pour la description qu'il donne du Royaume de Chypre, dirigé par les Francs de 1191 à 1489, bien que Léonce Machairas ne soit pas contemporain des débuts de ce royaume avec l'arrivée de Guy de Lusignan et l'instauration du pouvoir franc qui nous intéressent ici (...)

Extraits

[...] Richard Cœur de Lion vend l'île aux Templiers l'année suivante (1192), mais s'ensuit une importante révolte des habitants grecs contre les Templiers ; ces derniers disposant d'une garnison insuffisante, Chypre est de nouveau confiée au roi d'Angleterre qui la revend immédiatement à Guy de Lusignan. Guy de Lusignan, dernier roi de Jérusalem la ville a été perdue face à Saladin en 1187 se retrouve donc au pouvoir à Chypre ce qui lui permet de conserver son titre de souverain, et son installation sur l'île en 1192 engendre la création d'un nouvel État Latin en Orient. Le texte que nous avons ici relate précisément comment Guy de Lusignan instaure son pouvoir ainsi que les institutions qui seront celles de Chypre jusqu'en 1489. [...]

[...] Guy de Lusignan fait également venir de la population pour des raisons militaires et diplomatiques. Il s'agit en effet pour lui d'asseoir le pouvoir suite à la conquête de Chypre grâce à une importante classe dirigeante de nobles militaires : connaissant les circonstances du départ des Templiers lorsqu'il rachète l'île, la peur des révoltes des indigènes met en évidence la nécessité de peupler lui-même volontairement le territoire avec ses propres hommes et fidèles colons le texte parle d' amis et de coreligionnaires du roi pour dominer et maitriser la société, et assurer paix sociale. [...]

[...] On peut voir que l'octroi de ces privilèges est institutionnalisé notamment par la création des Assises, qui jouent de ce fait un rôle majeur au sein de la société féodale chypriote. En effet les Assises, évoquées par le texte dans le quatrième paragraphe, représentent un exemple concret d'institution féodale gérant les privilèges des nobles par rapport à la situation des indigènes. Pour définir ce que sont précisément les Assises, l'on peut dire qu'au Moyen-Age il s'agit d'assemblées principalement judiciaires, tenues régulièrement par le roi ou par un haut seigneur ou tout autre représentant de l'autorité royale ; par extension le terme d'Assises désigne également les textes juridiques, servant de base à l'organisation de la société. [...]

[...] Apres avoir caractérisé les principaux aspects du pouvoir institué par Guy de Lusignan et les conditions de sa mise en place, il convient de nous intéresser à présent plus précisément au peuplement de Chypre : pourquoi et comment le roi repeuple-t-il l'île? Quelles sont les caractéristiques des populations concernées ? Dans un premier temps, il faut analyser les raisons pour lesquelles Guy de Lusignan, tout juste arrivé au pouvoir à Chypre, doit faire venir de la population sur l'île. Ces raisons sont d'ordre démographique et social d'une part, politique et militaire d'autre part. [...]

[...] Comme nous l'avons vu, la société chypriote est alors cosmopolite, variée, mais également et de fait inégalitaire : le phénomène majeur est celui de la domination de la classe noble, ce que l'on peut voir à travers les institutions qui instaurent une certaine hiérarchie sociale. Ainsi l'on constate que les catégories sociales sont très différenciées, voire pour certaines privilégiées par les institutions elles-mêmes. Concrètement, cela passe donc par l'accord de privilèges notons que le terme revient à plusieurs reprises dans le texte. Quels sont ces privilèges ? [...]