Cet acte que nous allons étudier pose certains problèmes aux historiens. Certains d'entre eux le date plutôt en mai 1082, mais d'autres l'ont daté en 1084 ou en 1094. L'Alexiade d'Anne Comnène le relate en l'associant aux événements de 1084 par exemple. Une chose est sûre, il a été préparé à l'avance et a été très réfléchit à un moment critique de l'histoire byzantine. Nous nous attacherons à le dater en mai 1082. De toute façon, le contenu de ce document est bien plus important que sa datation. Comme nous le verrons, ce chrysobulle, cet acte officiel émanant de l'Empereur scellé par une bulle d'or, est le prototype d'une série d'actes qui pérennisent l'emprise de Venise en Méditerranée. Cette source diplomatique a une valeur juridique, le texte commence par l'énonciation des faits, la rédaction de ce chrysobulle est justifié par Alexis Comnène, jusqu'à la ligne 16, la fidélité des Vénitiens est évoquée. Puis le dispositif prévoyant les élément cédés sont présents de la ligne 17 à 83. Des sanctions sont également prévues dans ces dispositions réparties sur onze paragraphes. Nous retrouvons également la corroboration des lignes 81 à 86. Enfin, l'Empereur rédige son eschatocole aux lignes 86 et 87.
Dans son Alexiade, la fille de l'Empereur écrit qu' « Alexis combla les Vénitiens de donations et d'honneurs ». À travers l'étude du document qui les accorde, nous verrons réellement ce que révèle et ce qu'implique cette générosité apparente.
Afin de traiter ce sujet, nous envisagerons trois parties. Premièrement, nous étudierons les raisons qui poussent le basileus à octroyer les privilèges. Deuxièmement, nous verrons les honneurs attribués aux Vénitiens. Puis enfin, nous nous attarderons sur les éléments strictement commerciaux présents dans cet acte.
[...] Certains historiens ont tenté de résoudre ce souci, vraisemblablement l'omission des ports de la mer Noire, de Chypre, de Crète indique qu'Alexis souhaite prendre ses précautions et ne pas autoriser les vénitiens dans tout l'empire. Malgré tout, aucune restriction n'est mentionnée pour ces ports, cette énumération reste assez confuse étant donné la perte de larges parties de l'acte. C'est une des raisons qui explique les concessions accordées par le basileus. Comme nous pouvons le lire notamment des lignes 30 à 35, les vénitiens bénéficient d'infrastructures particulières sur le territoire entourant la Corne d'Or. Le chrysobulle envisage une espèce d'installation permanente de Vénitiens à cet endroit. [...]
[...] Dans le dispositif, nous pouvons lire qu'Alexis Ier garantit les vénitiens contre toutes charges commerciales, l'accès à presque tous les ports de l'Empire est également autorisé. A ce sujet, l'énumération de villes et de deux îles au paragraphe 8 le prouve. Ces places sont ouvertes aux vénitiens, la liste commence par des villes du nord de la Syrie avec Laodicée, Antioche (l.41), puis les villes de la côte méridionale de l'Asie Mineure sont citées. Des villes plus au nord sont mentionnées comme Strobélos en Carie, Ephèse. Ensuite, on retrouve des villes faisant face à l'Italie comme Dyrrachion, Coron ou Corinthe. [...]
[...] Ces installations ne devaient pas trop changer des Mitata, à la différence près que les marchands n'avaient plus besoin de payer pour y séjourner. L'Empereur n'innovait pas dans l'officialisation de la permanence d'étrangers dans la ville, car il existait déjà d'autres quartiers de commerçants en dehors des murs. C'est au niveau de l'emplacement de ces bâtiments que résidait l'originalité de l'acte impérial, puisqu'ils se trouvaient à l'intérieur des murs. Une certaine liberté de circulation est instaurée comme nous le verrons, l'Empire tentait d'intégrer les Vénitiens et leurs richesses dans les siennes. C'est pour cette raison que des lieux stratégiques leur sont accordés. [...]
[...] Textes et documents, Paris Ouvrages spécialisés - HEYD W., Histoire du commerce du Levant au Moyen Age, Hakkert -JACOBY D., The Venetian quarter of Constantinople from 1082 to 1261 : Topographical considerations, dans SODE C. [...]
[...] Venise est la puissance maritime dominante en Adriatique. En plus de devenir une alliée privilégiée de Byzance, Venise était très utile et rendait le commerce très prospère. Elle effectuait un commerce triangulaire qui rendait celui-ci intéressant pour les protagonistes commerciaux dont l'Empire. On l'a vu, Venise misait essentiellement sur sa flotte efficace pour la guerre et pour les transactions. Cette ville se situe au contact de plusieurs aires de production et de consommation, au carrefour des mondes occidental, byzantin, slave et musulman, à la rencontre des routes maritimes et des routes terrestres. [...]
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