Dans le Nouveau Testament, l'auteur de la première lettre à Timothée résume le sentiment traditionnellement éprouvé par les chrétiens envers l'argent lorsqu'il déclare « La racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent ». La richesse, l'abondance de biens, de moyens, de revenus impliquent souvent une attitude peu charitable envers les plus pauvres qui va à l'encontre du dogme chrétien. D'autant plus que l'amour des biens matériels détourne l'homme de l'amour de Dieu et de la richesse spirituelle.
Cependant, du XIe au XIIIe siècle, l'Occident chrétien connaît une expansion économique qui est la conséquence du développement technique de la production agricole, d'un essor du commerce et de mutations sociales. Dès lors, comment les chrétiens – qu'il s'agisse de l'Église, du clergé ou encore du peuple – s'adaptent-ils au contexte d'enrichissement de l'Occident ?
[...] La conséquence ultime est une richesse qui s'affiche dans la splendeur architecturale de l'art roman puis gothique. Pour preuve de ce changement de cap de l'Eglise, on peut noter qu'au Xème Siècle l'évêque Rathier de Vérone définit le marchand comme un esclave du vice, un amant de l'argent alors qu'au XIIIème Siècle les marchands sont les maîtres des villes, admis par l'Eglise, enviés par tous en raison de leur puissance et de leur richesse. Ainsi, il faut soulever ici un paradoxe: malgré la condamnation de la richesse par le Christ, l'Église est traditionnellement riche et surtout, cette richesse a des justifications traditionnelles qui restent valables à l'époque qui nous occupe. [...]
[...] Le riche apparaît comme enlisé dans des préoccupations matérielles et à ce titre il n'a pas le temps de prier son seigneur et de se préparer une place au royaume des cieux. L'accumulation de richesse peut même le pousser à refuser de faire l'aumône et à s'accaparer malhonnêtement des biens des autres. Il est donc difficile de concilier la richesse et une foi bonne et sincère. Cependant, cette vision traditionnelle est remise en cause par l'évolution économique qui a lieu du XIème au XIIIème Siècle. On peut dire que la période à laquelle nous nous intéressons, celle qui s'étend du XIème au XIIIème Siècle, voit l'essor de la Chrétienté. [...]
[...] D'autre part, les prêts maritimes et contrats de change justifiaient la perception d'un intérêt par les risques courus par les créanciers. Dans le même logique de faire la part des choses, les reliques prennent alors une importance considérable tout au long de la période. En effet, leur possession est une marque de richesse spirituelle. Les reliques attirent partout les chrétiens car en les priant ils sont censés se protéger des maux de la Terre. Or, les transferts de reliques par des transactions financières sont inconcevables: on n'introduit pas l'argent dans des croyances d'ordre spirituel. [...]
[...] Il est d'ailleurs intéressant de se demander si ces siècles ne sont pas l'annonce des mesures équivoques prises par l'Église pour s'enrichir. Le point culminant a lieu au XVIème Siècle lorsque, pour financer le dôme de l'église Saint Pierre de Rome, le Pape a pu proposer les pardons des péchés contre la vente d'indulgences. Bibliographie LE GOFF Jacques: La Civilisation de l'Occident médiéval. Coll: Les grandes civilisations. Ed: Arthaud. FOSSIER Robert: La société médievale. Coll: Histoire médiévale. Ed: Armand Colin. BALARD, GENET et ROUCHE: Le Moyen-Age en Occident. [...]
[...] Coll: Histoire Université. Ed: HACHETTE Sup. [...]
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