En 1009, la destruction du Saint-Sépulcre par le calife fatimide al-Hâkim avait été une raison invoquée pour la croisade qui reprend Jérusalem en 1099. Cette même année, la démolition de l'église d'Elvira par l'émir almoravide Yusuf b. Tâshfîn entraîne l'expédition d'Alphonse Ier qui met le siège devant Grenade en 1126 (l'année 519 selon le calendrier hégirien).
Au milieu du XIe siècle, le califat omeyyade de Cordoue se disloque en de nombreux royaumes indépendants appelés taïfas. Alphonse VI de Castille profite alors de la faiblesse musulmane pour lancer la reconquête chrétienne en al-Andalus. Le fait majeur de cette Reconquista est la prise de Tolède en 1085. La division politique de la péninsule ibérique bénéficie également au royaume almoravide, installé au Maghreb. Ces Berbères, s'appuyant sur la stricte école malékite, réunifient politiquement l'al-Andalus en lançant un appel au djihâd perçu comme une guerre sainte. L'émir almoravide Yusuf b. Tâshfîn affronte Alphonse VI à la bataille de Zallaqa en 1086, stoppant ainsi l'avancée chrétienne. Malgré ce climat d'hostilité entre les deux confessions, des chrétiens vivent en parfaite harmonie sous la domination musulmane et, avec l'arabisation culturelle du IXe siècle, ils prennent le nom de "mozarabes" dans les textes arabes. Représentant environ vingt pour cent de la population de l'Andalou à la fin du XIe siècle, les Mozarabes sont principalement présents dans le sud, comme à Séville, Cordoue, Grenade ou encore Sidonia, et disséminés dans le reste du pays, de Lisbonne à Valence.
[...] Pendant ce temps, Alphonse Ier envoya une ambassade à l'un des chefs des mozarabes de Grenade, Ibn al-Qallâs, pour lui reprocher de l'avoir induit en erreur sur la facilité de l'entreprise : il a "réprimandé ceux qui l'avaient appelé et surtout leur chef Ibn al-Qallâs" (l.51/52). Alors Alphonse Ier le Batailleur devant l'impossibilité, fin janvier 1126, de prendre Grenade, se met en marche pour Cordoue. Il est amené à affronter Tamîm, gouverneur de Grenade, à la bataille d'Aranzuel en mars 1126. [...]
[...] Vu la violation du pacte des mozarabes de Séville, de Cordoue et de Grenade, sortis de la dhimma, ‘Alî b. Yûsuf b. Tâshfîn écouta les conseils d'Ibn Rushd : "il dit que ces chrétiens avaient par là rompu le traité et qu'ils avaient perdu le droit d'être protégés puis il donna une fatwâ" (doc.2, l.74/75) qui rend licite leur exil et l'expulsion de leur maison. ‘Alî renforça cette décision juridique par un décret (zahîr) ordonnant la déportation des mozarabes vers les régions de Meknès et de Salé, au nord et à l'ouest du Maroc. [...]
[...] Les mozarabes, n'ayant pas subi la déportation et toujours présents en al-Andalus, peuvent ainsi récupérer leurs anciennes donations faites à leur église. Les habous redeviennent ainsi des biens privés que les mozarabes ont le droit de posséder en vertu du droit de conquête, déjà explicité auparavant. De cette façon, "tous les biens abandonnés par des propriétaires connus, reviennent au Trésor public des Musulmans" (l.58/59). Comme dans la situation précédente avec les chrétiens, les habous vont continuer "d'assurer l'entretien de l'église devenue mosquée" (l.34/35). [...]
[...] La communauté mozarabe sous contrôle La communauté chrétienne est encadrée par une double hiérarchie. On a vu précédemment que la hiérarchie ecclésiale est conservée. Mais sur celle- ci se greffe une hiérarchie instituée par les autorités musulmanes qui touchent notamment aux domaines de l'administration et de la fiscalité. Les mozarabes "cultivaient la terre et habitaient des villages (qurâ) sous des chefs de leur religion. Ces chefs étaient des hommes expérimentés, intelligents, agréables et qui savaient ce que chacun de leurs coreligionnaires devait payer comme capitation. [...]
[...] Il est important de souligner également qu'en plus de ces déportations forcées de chrétiens en Afrique, il y a aussi de nombreux départs volontaires de mozarabes d'al-Andalus, émigrant dans les royaumes chrétiens du nord de la péninsule. Selon Ordéric Vidal, quelques dix mille mozarabes reçurent d'Alphonse Ier l'autorisation de le suivre en Aragon. Expulsés sans avoir pu régler leurs affaires, ces mozarabes devaient adresser des réclamations à l'émir des musulmans ‘Alî b. Yûsuf b. Tâsfîn qui lui-même consulta des juristes d'al-Andalus au sujet des "biens haboussés" (doc.3, l.60) au profit des couvents. Pour éviter une expulsion et la perte de leurs biens, des mozarabes préférèrent se convertir : certains "d'entre eux [ . [...]
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