« Nous voulons aussi que chaque homme libre dans notre royaume reçoive le seigneur qui lui plaira, soit nous soit l'un de nos fidèles » cette phrase centrale dans le corps de texte du capitulaire de Mersen, marque un tournant décisif dans la conception du pouvoir royal; à l'aube du Xe siècle, cette directive signe la naissance de la vassalité et la mort de la royauté carolingienne.
[...] Plus avant, le sacre en 751 du premier Carolingien imprime sa marque à la royauté et ouvre la voie à l'augustinisme politique. C'est la seule prérogative royale que les grands n'oseront jamais dépasser malgré leur puissance concurrente et leur indépendance totale de la couronne. Le sacre royal frappait les mentalités même les moins élevées. La royauté est alors conçue comme une fonction exercée dans l'intérêt général. Dieu assigne au roi la finalité de son pouvoir par le sacre, il doit réaliser la paix et la justice sur terre. [...]
[...] Les intérêts du texte sont éminemment politiques, en effet la vassalité est un instrument politique redoutable dont les grands laïcs et ecclésiastiques se serviront pour écarter la couronne, le roi tente inversement dans le capitulaire de Mersen de l'employer pour maitriser les princes territoriaux. L'intérêt politique s'efface néanmoins devant les enjeux sociaux de ce capitulaire. L'importance prise par la vassalité et reflète les attentes de la société du Xe siècle. On parle d'organisation féodale et en aucun cas d'un désordre, de chaos ou d'anarchie. L'état s'affaiblissant n'est plus capable de remplir ses devoirs et les institutions qui s'y substituent appréhendent mieux le bien commun, à une échelle locale. [...]
[...] En ces deux-points le roi sera rapidement dépassé, incapable de maîtriser un phénomène social d'une telle ampleur. I. L'extension de la vassalité La vassalité réaménage les rapports sociaux à toutes les échelles de la société. C'est un contrat synallagmatique qui engage les deux parties à des obligations réciproques. Elle se développe dangereusement pour les Carolingiens, impuissants a l'enrayer ils cherchent donc à la discipliner, également a l'utiliser. Au Ixe siècle les engagements se multiplient, pour éviter que les chaines vassaliques excluent la royauté Charles le chauve va s'efforcer de les capter. A. [...]
[...] Un véritable contrat synallagmatique apparaît basé sur une loyauté et un amour absolu. Élargissement du champ de la commendatio Les vassi étaient originellement des hommes libres d'un assez bas niveau social se liant en confiance en se recommandant par un acte appelé commendatio, engendrant leur soumission. Charles Martel, ayant besoin pour repousser les Arabes de soldats qui lui fussent étroitement liés les a uni a lui par la vassalité. Ces guerriers souvent cavaliers pour s'équiper dépensaient beaucoup, Charles Martel s'est vu obligé de leur concéder des terres en bienfait, c'est la naissance du bénéfice, beneficio accroissant considérablement leur puissance et leur nombre. [...]
[...] Le roi tient son pouvoir de Dieu il est le représentant du Christ, son pouvoir en ce point ne sera jamais remis en cause. Plus avant, les ecclésias qui entourent Louis le pieux affirment que le roi est le dépositaire de l'État. Mais cette haute idée du pouvoir reste étrangère à une société barbare et si des éléments extérieurs ont porté un coup fatal à la royauté, c'est tout d'abord par son esprit qu'elle disparaît. B. Un pouvoir royal devenu conditionnel Toute la hiérarchie féodale repose sur la commendatio, plus tardivement appelée l'hommage, c'est un engagement réciproque. [...]
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