Depuis la prise de Constantinople en 1453, l'Empire ottoman connaît un siècle d'expansion ininterrompue. Depuis les conquêtes de Mehmed II et de Sélim 1er jusqu'au règne éclatant de Soliman le Magnifique, la puissance de la Sublime Porte semble irrésistible. En Méditerranée notamment, la puissance ottomane est réputée invincible. Les puissances chrétiennes méditerranéennes : l'Espagne et Venise, soumises aux razzias, se trouvent dans une position défensive qui se concrétise par des pertes de territoires. Malgré leurs différends, ces deux principales forces chrétiennes s'unissent autour du pape Pie V en une Sainte ligue en 1571. Le but est de combattre l'Infidèle et mettre fin à la domination ottomane en mer méditerranée.
Cette union est le premier pas d'un processus de mobilisation de forces chrétiennes qui verra son aboutissement dans une bataille mettant aux prises deux gigantesques flottes. Cette bataille majeure constitue un tournant dans le monde méditérranéen.
[...] Les clauses imposées à Venise sont si dures que les Turcs semblent avoir été les vainqueurs à Lépante : la Sérénissime doit verser un tribut de ducats et reconnaître la mainmise des Ottomans sur Chypre. À cette occasion, un ministre ottoman aurait dit à un ambassadeur vénitien : il y a une grande différence entre votre perte et la nôtre: en battant notre flotte, vous nous avez seulement coupé la barbe. En vous arrachant Chypre, nous vous avons enlevé un bras. Le bras tranché ne repousse pas, la barbe rasée revient plus épaisse En effet, l'Empire ottoman a surmonté sa défaite. En galères sont construites dans les arsenaux turcs. [...]
[...] Le travail effectué n'est cependant pas toujours satisfaisant. Un voyageur français rapporte que le bois utilisé est trop vert, qu'il s'y produit des ouvertures rendant les navires impropres à la navigation, certains coulant même à pic par gros temps. La main d'œuvre pose également problème, en février le kapudan reçoit l'ordre de licencier de l'arsenal les menuisiers, forgerons et tourneurs maladroits. Le problème vient également des effectifs, les pertes de Lépante aggravent la pénurie d'hommes déjà existante, l'empire souffre de son manque de marins, les galères construites seront donc défendues par des soldats n'ayant pas d'expérience maritime. [...]
[...] La bataille menée en 1571 est en effet un exemple de la tactique élémentaire toujours utilisée par les galères, qui consiste à éperonner l'ennemi pour ensuite l'aborder. Une bataille navale diffère alors peu d'un engagement terrestre. Comme c'est le cas à Lépante, les deux flottes se rangent, comme sur terre, en ordre de bataille avec une réserve, deux ailes et un corps de bataille. Avec l'arrivée de l'artillerie, les combats s'engagent par un tir des pièces situées à l'avant de la galère, elles ne servent qu'une fois en raison du temps nécessaire pour recharger. Après ce tir, arquebusiers et archers entrent en action. [...]
[...] Don Juan y arrive le 28 août. Les dernières troupes rallient peu après : les Vénitiens Querini et Canale amènent leurs vaisseaux de Candie, Santa Cruz la flotte d'Espagne. Le 10 septembre, connaissant la proximité de la flotte turque, Don Juan décide d'attaquer contre l'avis des Espagnols et du Génois Gian Andrea Doria. Le nonce Odescalchi prononce alors la bénédiction pontificale. Il proclame en faveur des combattants les indulgences jadis accordées aux Croisés partant délivrer le Saint Sépulcre. Il ajoute de la part du pape une promesse de couronne pour Don Juan, ce qui constitue le meilleur encouragement pour le jeune prince, devenu le champion de la civilisation de l'Occident contre l'Islam. [...]
[...] Elle met le cap sur Corfou, qu'elle ravage, à l'exception du château de la forteresse protégé par ses fortifications et la puissance de feu de son artillerie. Les bâtiments ottomans reprennent leur route vers le sud fin septembre, en détruisant Parga, la seule ville vénitienne de la côte qui ait encore échappé au pillage. Elle parvient enfin dans les eaux grecques où elle va disposer de bonnes bases pour se reposer, se réapprovisionner et remettre les galères en état. La situation de la flotte ottomane est alors inquiétante. [...]
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