En 1337, Edouard III d'Angleterre (1327-1377) revendique la couronne de France à la place de Philippe VI de Valois, sacré en 1328 (†1350), car de par sa mère Isabelle, il est le seul héritier direct de Philippe le Bel. Dès lors, commence ce que nous appelons la Guerre de Cent Ans, dont l'une des dates importantes est la bataille de Crécy, qui se déroule le samedi 26 août 1346.
Cette bataille, défaite cinglante pour les Français, le Flamand Gilles le Muisit nous en fait le récit dans sa Chronique. Né en 1272, ordonné moine en 1289, il prend l'habit au monastère de Saint Martin de Tournai, en devient le grenetier en 1315, le prieur en 1330 et est élu abbé à l'unanimité en 1331. Extrêmement consciencieux, il tient des livres précis des comptes et des notes sur les événements en cours. Cependant sa Chronique ne voit le jour qu'après 1346, frappé de cécité, il fait dicter ses notes, ses pensées et des traductions de poèmes. S'il n'a donc pu être témoin direct des événements qu'il raconte alors, il en est néanmoins contemporain, et sa Chronique trouve son intérêt dans sa précision toute mathématique et dans sa claire exposition factuelle.
Le Muisit raconte donc la bataille depuis la rencontre des deux armées ainsi que le jour suivant. Cependant Le Muisit est clairement acquis à la cause française, et l'intérêt de son récit se voit décupler par cet aspect subjectif ; comment ce moine soucieux d'exactitude va-t-il tenter de redorer le côté français, et que nous apprend-il néanmoins sur cette bataille et les changements militaires qu'elle apporte. Nous verrons tout d'abord la chronologie de l'affrontement, puis en quoi le récit de Muisit est un récit partisan et enfin qu'il nous permet cependant d'identifier la révolution militaire que fut Crécy pour l'Europe occidentale.
[...] 12) tandis que beaucoup d'autres n'ont pour lui aucun crédit (l. 73). Or, l'une des sources connues de Gilles est une complainte d'un familier de Jean Hainaut, un des maréchaux du roi de France lors de la bataille, et qui comprend une longue partie sur Jean l'Aveugle, roi de Bohême, dont Gilles Le Muisit, atteint de la même infirmité se sent très proche. Dès lors, le récit apparaît très partial, critiquant beaucoup moins le roi de France que ne le firent la plupart de ses sujets, dont son fils, le futur Jean II le Bon. [...]
[...] En effet, la bataille de Crécy n'est que la suite logique d'une chevauchée anglaise victorieuse et aussi le prélude à des victoires encore plus grandes d'Edouard III. La poursuite En effet, tout a commencé pour Crécy par le vif désir de Philippe VI de Valois de rejoindre le roi d'Angleterre (l.15). Pourquoi les Français le poursuivaient-[ils] en toute hâte ? (l.16) Il faut revenir au début de cet été 1346 : le 12 juillet, Edouard III débarque à St Vaast- La-Hougue avec une armée de 10.000 à 15.000 hommes. Dans ces chevauchées anglaises, le but est de piller et d'incendier. [...]
[...] + pardon aux Génois ? La question des pertes Le Muisit déclare que du côté anglais, tombèrent de nombreux princes et nobles et un nombre considérable d'autres Anglais et d'archers en particulier qu'il imagine comparable aux quatre mille gens de pied et aux sept cents armures d'hommes d'armes (l. 56-57) français qu'il nomme. Un autre chroniqueur, Jean Le Bel (1290-1370) nous propose le nombre de 300 s'opposant à une plus lourde liste française : 11 princes prélat chevaliers & 15/16000 hommes à pied en comptant les massacre du dimanche (pour ROTHERO morts). [...]
[...] De plus, Crécy n'est pas seulement un désastre militaire pour la France, mais cette défaite amène de graves conséquences politiques, avec un roi déshonoré, l'image et l'autorité du roi sont atteintes, et il s'agit en plus du premier d'une nouvelle dynastie et on en attendait des preuves, cela débouchera sur les Etats généraux de 1347 et Etienne Marcel. Pour l'Angleterre, à moyen terme, l'écrasement de l'armée française lui permet d'imaginer le siège de Calais et le 4 août 1347, la ville tombe ; c'est un important relais guerrier et marchand qui vient de s'ouvrir pour les Anglais sur le continent. [...]
[...] Pour pouvoir tirer un si grand nom de flèches avec une telle rapidité (l. les archers anglais se sont approprié le grand arc (long bow), qu'ils ont découvert pendant les guerres galloises. Il s'agit d'un arc en if, chêne ou érable, mesurant 1m60 à 1m80 (2m qui peut percer un haubert à 200 mètres, et sa rapidité est supérieure de 4 à 6 fois à celle de l'arbalète. Cet arc est une surprise complète car il n'était utilisé qu'en Angleterre, Galles et Ecosse. [...]
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