Le Bal des Ardents, 1393, représentation, signification, conséquences, charivari
Ce texte est tiré de la Chronique du Religieux de Saint-Denis concernant le règne de Charles VI. Ce dernier, fils aîné de Charles V, n'avait que 12 ans à la mort de son père mais fut cependant sacré aussitôt, en 1380. Jusqu'en 1388, ses oncles les ducs de Bourgogne, d'Anjou, de Berry et de Bourbon se disputèrent la réalité du gouvernement. Devenu majeur donc en 1388, Charles VI imposa ses conseillers, les "Marmousets", à la place de ses oncles. Mais la première crise de folie dont il fut victime en août 1392 permit à ses oncles de retrouver la réalité du pouvoir. C'est donc de l'histoire de ce règne que le Religieux de Saint-Denis s'attelle dès le début des années 1390. Le Religieux de Saint-Denis se nomme en réalité Michel Pintoin et a du naître vers 1349. Prévôt de la Garenne en 1394, il devient chantre de Saint-Denis en 1400, fonction qu'il gardera jusqu'à sa mort le 16 février 1421.
Sa chronique de Charles VI est une œuvre complexe. Naturellement, c'est d'abord un immense ensemble de faits et de dates. Peignant les hommes, il ne s'attache pas à leurs pensées intimes et à leurs émotions secrètes, seules l'intéressent leur apparences et leur attitudes publiques. Décrivant les cérémonies, le détail vrai compte moins pour lui que le type de liturgie dont il rend compte. Sur les hommes et les événements, il est surtout soucieux de faire connaître ses propres jugements. C'est une œuvre qui a des ambitions littéraires, et qui est la "mise en forme chronologique d'une idéologie" selon l'expression de Bernard Guenée.
Ainsi, par l'entreprise de sa chronique, le Religieux de Saint-Denis est le seul à donner sur la vie de la cour, qu'il suit de très près, de précieux renseignement. C'est ainsi qu'il en vient à raconter l'événement du bal des Ardents, qui se déroule en janvier 1393. A l'occasion de la célébration d'un mariage d'un riche seigneur, six membres de la cour, dont le roi Charles VI lui-même, se déguisent en sauvages, criant et hurlant. C'est alors que leurs costumes s'enflamment et quatre d'entre eux périssent, le roi étant toutefois épargné. Tout en le condamnant, le Religieux de Saint-Denis nous relève que cette scène s'agit en fait d'un charivari.
[...] La plupart des mentions de charivaris datent du début du XIVème siècle. Les archives des XIV, XV et XVIème siècles évoquent cette coutume sous diverses appellations : chalivalie, chavanari, charevary. Une des premières mentions connues est celle du Roman de Fauvel de Gervais du Bus qui comporte une description détaillée, avec miniature, du charivari. Le charivari apparaît comme un fait courant, traditionnel, mais déjà en butte à certaines restrictions ou interdictions. Le cortège décrit dans le Roman de Fauvel est composé de gens déguisés, masqués dont certains ont des gestes violents, d'autres obscènes. [...]
[...] La cour royale avait mauvaise réputation, et ce n'était pas avec ce dernier événement que cela allait changer. Cette troupe des Ardents, hommes-loups, hommes-boucs, et diables aussi, bande charivarique infernale, faillit conduire le royaume à sa perte si, comme le rappelle le Religieux, "l'ange gardien du Roi et la Providence qui veillait sur lui, ne l'eussent en ce moment tenu à quelque distance de ses compagnons"(l. Le Religieux de Saint-Denis a été horrifié par les courses et les danses des hommes-bêtes diaboliques répandus à travers l'Hôtel de Saint-Paul, ainsi que par le travestissement dont il dénonce la honte sacrilège en ce qu'il porte atteinte à l'ordre royal et divin. [...]
[...] Pour cela, nous verrons ce bal des ardents et ses significations, puis les conséquences de ce Charivari. I. Le bal des ardents. A. "Une horrible tragédie". La période des premiers Valois avait vu se constituer une noblesse de cour. Naturellement, Charles VI avait la sienne : "Les largesses [du roi Charles] s'adressaient surtout à ceux de sa cour qui cherchaient à mériter son affection" (l.4/6). La cour constitue, tout d'abord, un cadre et un genre de vie. Elle s'organise autour du monarque dont la puissance et la richesse sont reconnues, mais c'est aussi une façon de les montrer. [...]
[...] Nous avons donc vu que le charivari est une dérision du mariage et, comme tel, réprouvé par l'Eglise, qui ne peut cependant l'empêcher. En participant à ce charivari, le roi avait mis en péril le royaume. C'est ce que veut nous montrer le Religieux de Saint-Denis dans cette chronique. Pour lui, l'histoire doit être enseignement. Elle doit donner des exemples qui enseignent aux lecteurs à venir ce qu'ils pourront suivre et ce qu'ils devront éviter. Ainsi pour lui, ce qui vient de ce passer est un exemple répréhensible. Le Bal des Ardents (1393) I. [...]
[...] Le bal des ardents. A. "Une horrible tragédie". B. Un charivari. II. Conséquences de ce Charivari. A. Réaction populaire. B. [...]
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