Charles de Luxembourg, Přmyslides, Venceslas III, Elika, royaume slave, Vita Karoli, jeune Charles, Europe, Bohême, couronne tchèque, construction polynucléaire, idéologie royale, reconquête du pouvoir, époque médiévale
La réussite, après bien des difficultés initiales, de l'implantation d'une nouvelle dynastie venue d'Europe occidentale (comme, au même moment, les Anjou succédant aux Arpads à la tête du royaume voisin de Hongrie) dans un pays slave, en l'occurrence la substitution des Luxembourg aux prmyslides dans le royaume de Bohême, relève de la problématique historique plus générale de l'alternative rupture/continuité.
[...] Le retour au pays et l'apprentissage du pouvoir : un prince cosmopolite, élevé et marié (à l'âge de treize ans) à l'étranger, retrouve à 18 ans sa ville natale, Prague et se réapproprie sa langue maternelle tchèque, un temps oubliée, outil indispensable pour séduire un pays géographiquement enclavé dans un océan germanophone- dont la sensibilité linguistique est vive et précoce, jusqu'au nationalisme (et où l'on revendique l'usage liturgique de la langue slave) Mais le récit n'est-il pas sciemment dramatisé (la solitude, la « fracture linguistique », mettant en valeur le volontarisme du nouveau détenteur du pouvoir ? C. La reconquête du pouvoir effectif : les châteaux royaux et la capitale ; la reconquête des « richesses » les mines ?] III. Les fondements idéologiques, humains et matériels d'un pouvoir en reconstruction A. [...]
[...] La rhétorique du récit oppose l'état de déshérence où Charles, obligé par ailleurs de réapprendre une langue maternelle entre- temps oubliée, a trouvé les états paternels, abandonnée aux appétits « tyranniques » des familles aristocratiques et la prospérité retrouvée que l'autorité royale rétablie par les efforts du jeune prince aurait procurées à un pays repris en main par la reconquête des châteaux royaux naguère aliénés et l'embellissement de la capitale. Au XIVe siècle, les impulsions culturelles viennent de l'Ouest et imprègnent l'éducation et le comportement des princes de toute l'Europe, jusqu'en Bohême. L'enjeu est de comprendre comment une éducation reçue par un prince de Bohême dans les plus prestigieuses cours d'Europe occidentale a pu influencer sa vision politique et sa façon de gouverner son royaume centre-Européen. [...]
[...] Conclusion - Charles écrivain : sa maîtrise de la langue latine et de la rhétorique n'est pas un vain mot. Autorité, mais aussi chaleur humaine et érudition littéraire : un savant sur le trône impérial ; - Le futur Charles IV, roi et empereur, apparaît en filigrane (mais n'est- ce pas l'effet d'une recomposition a posteriori ?) : l'appui privilégié sur les états matrimoniaux, tardivement redécouverts, mais tant et durablement aimés (l'enthousiasme des 18 ans, mais inscrit dans la durée : voir le titre de Pater Bohemie, plus tard décerné par Sigismond et les analyses de l'Itinerarforschung sur le règne de Charles) ; - La vision en creux de l'affaiblissement de la monarchie tchèque sous les derniers &pmyslides et sous Jean de Luxembourg, le roi absent. [...]
[...] Jean, outre le Luxembourg, régit donc la « couronne de Bohême » (Bohême, Moravie, Silésie conquise par lui sur les Polonais en 1329, et Haute- Lusace) du chef de sa femme, de 1310 à 1346. Charles, leur fils, devenu roi de Bohême et roi des Romains en 1345-6 1378), est l'auteur, postérieurement à 1354 (le texte parle du Luxembourg comme d'un duché), d'une autobiographie -genre peu représenté au Moyen Âge- la Vita Karoli, dont le texte nous est parvenu dans les trois langues du royaume, le latin, le vieux tchèque et le moyen haut-allemand. [...]
[...] Les ressorts du ralliement de la noblesse : Charles, un Luxembourg issu aussi de « la vieille lignée des souverains de Bohême », ce dont il souligne lui-même l'impact chez les nobles tchèques ; la réappropriation de la langue maternelle ; la référence au roi Otakar ; la naissance sur place d'une héritière : avec Charles, tchèque par sa mère et le lieu de sa naissance et redevenu tchèque par volonté, l'aristocratie de Bohême doit éprouver plutôt l'impression d'une continuité que d'une rupture La collaboration du jeune prince et des « hommes d'honneur » (que recouvre cette expression énigmatique ?). C. L'allusion discrète aux appuis matériels : les « richesses » : la population abondante et dense, le poids d'une capitale de 30 000 hab. [...]
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