Déjà à l'époque carolingienne, les aristocrates occupent une place relativement importante dans la société et la politique : de nombreux maires du palais sont issus de l'aristocratie et sont de plus en plus présents à tous les étages de la politique. Cette aristocratie peut se définir comme un groupe représentants l'élite de la société se démarquant du reste de la population par sa noble extraction (les aristocrates sont issus de familles puissantes) et une puissance financière considérable.
L'aristocratie se développe et domine peu à peu le royaume de France et celui de Germanie, profitant des changements dynastiques, de la vacance du trône, mais aussi de périodes de régence.
Quelle est la place occupée par cette aristocratie dans la société et la politique entre la fin du IXe siècle (888) et la première moitié du XIIe siècle ?
[...] Cette indépendance politique des aristocrates est particulièrement visible dans le duché de Normandie (cédé par le roi à Rollon lors du traité de Saint-Clair-sur-Epte de 911). En effet, le duché de Normandie est devenu tellement indépendant que le titre de duc de Normandie est devenu héréditaire et le roi n'a plus aucun mot à donner dans la nomination des ducs de cette région qui semble totalement échapper à la mainmise du roi sur son territoire. Cette indépendance croissante des aristocrates va se traduire par la mise en place de véritables dynasties locales comme en Normandie (dynastie politique) mais la mise en place de dynasties concerne également le domaine religieux car, à Limoges, la famille vicomtale fournit trois évêques successifs dès 969 et jusqu'aux premières années du XIIe siècle. [...]
[...] Pour terminer, il faut rappeler que les aristocrates sont des modèles pour la société dans le domaine religieux car ils sont les principaux acteurs des pèlerinages qui sont de plus en plus nombreux à l'époque (Rome, Saint-Jacques-de- Compostelle, Jérusalem) : ils vont en Terre-Sainte, ils accompagnent les populations qui s'y rendent et deviennent par là des modèles car ils entretiennent la piété des sujets, piété indispensable dans le royaume de France et celui de Germanie où le roi est sacré. Si l'aristocratie peut être un outil au service du pouvoir, elle peut également représenter un obstacle pour ce dernier et c'est ce que va montrer la seconde partie. Premièrement, avec sa montée en puissance, l'aristocratie fait affaiblir et morceler le pouvoir royal. Cet affaiblissement est essentiellement dû à l'indépendance croissante des aristocrates qui semblent échapper de plus en plus à toute forme de contrôle et de domination. [...]
[...] Ensuite, il est important de voir que le pouvoir est mis à mal par l'aristocratie et ses pratiques : en effet, les relations semblent inversées entre le monarque et les aristocrates. Les aristocrates contrôlent et dominent le pouvoir royal et Henri IV en est le parfait exemple : ce roi, qui avait développé une politique de mainmise sur la Saxe, s'est fait détester par les aristocrates saxons qu'il a combattu et soumis à son autorité. Dans la cadre de la querelle des Investitures, Henri IV se donne le droit de nommer un archevêque à Milan alors que le pape Grégoire VII l'a formellement interdit et ce dernier excommunie Henri IV. [...]
[...] La reprise en main des aristocrates par le roi est également matérialisée par la mise en place d'une pyramide féodale c'est-à-dire que le roi affirme qu'il n'est la vassal d'aucun seigneur et que le roi soumet tous les vassaux de son royaume : les vassaux de ses vassaux sont ses propres vassaux. Par là, le roi s'assure que les aristocrates ne puissent plus soustraire au roi une partie de son pouvoir. Le monarque cherche également à soumettre les aristocrates par les pénitences et le pardon qu'il peut accorder. [...]
[...] Cela favorise la naissance d'un code éthique propre aux aristocrates. Avec la paix de Dieu et de manière générale, le roi et le Clergé veulent faire faire des choses bénéfiques et bonnes aux aristocrates qui étaient jusqu'alors vues comme un vecteur du mal La vie de Gérauld d'Aurillac, rédigée par Odon de Cluny, montre un comte qui utilise son pouvoir pour faire le bien et servir les intérêts religieux : cet écrit montre que l'on peut être laïc et saint en même temps. [...]
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