aristocratie, domination royale, Capétiens, Carolingiens, Robertiens, expédition militaire, principauté, pouvoir royal, partage de territoire, Eudes, Charles le Simple, succession royale
Avec la fin du IXe siècle, les partages territoriaux disparaissent des pratiques dans la succession royale : la division du territoire des Francs entre les deux fils du roi Louis II en 879 est la dernière. La disparition de cette pratique témoigne d'un important changement dans la hiérarchie sociale du royaume. Désormais, les rois ne sont plus les seuls détenteurs d'un royaume qu'ils peuvent se répartir à leur guise, l'aristocratie a également sa part.
Si les rivalités pour la couronne ne cessent pas, elles ne s'accompagnent plus de partages territoriaux. Un seul roi hérite de l'ensemble du royaume, et s'il est contesté par un autre candidat à la couronne, celui-ci cohabite avec lui sans lui arracher un fragment de territoire. Ainsi de 893 à 897 il y eut dans le royaume des Francs deux rois, Eudes et Charles le Simple, pour un seul territoire. Chaque roi est soutenu par des Grands du royaume, une aristocratie aussi bien laïque qu'ecclésiastique qui prend une place de plus en plus importante, et avec laquelle les rois successifs entretiennent des relations complexes, dans laquelle s'entremêlent les relations féodo-vassaliques et la contractualité établie de la monarchie. L'aristocratie, établie en principautés, échappe à la domination royale, mais prend-elle le pas sur les rois pour autant ?
[...] En Normandie, après s'être octroyé le titre de duc, Richard traite la royauté de la même façon, et l'aura Normande achève d'éclipser la royale lorsqu'en 1066 le duc de Normandie Guillaume le Conquérant gagne la couronne d'Angleterre. C'est en tant que simple prince sacré, et non en tant que supérieur, que le roi cherche à limiter le pouvoir des princes, et si les princes prennent leur indépendance vis-à-vis des rois, on peut dire que les rois eux aussi s'émancipent de l'emprise des Grands sur leur couronne. [...]
[...] S'ils ne récupèrent pas la domination sur les princes, ils amorcent leur retour dans l'ensemble du royaume : même celles de leurs tentatives d'affirmation qui échouent servent au moins à les faire connaître et à établir un premier contact auprès des seigneurs locaux. Malgré leurs erreurs et leur présence encore défaillante dans le royaume, les rois ont réussi à préserver un minimum d'influence grâce à laquelle les rois suivants, par deux règnes fleuves successifs, se rendent véritablement maîtres de leur royaume et acquièrent par cette prouesse un rayonnement sur l'Occident. [...]
[...] Ni les principautés ni le domaine royal n'échappent à la désagrégation de son territoire en plusieurs dizaines de châtellenies. Si, au siècle précédent, la construction de forteresse était encore un droit régalien et se produisait sur ordre du pouvoir royal ou du pouvoir local, le XI° siècle voit l'usurpation de ce droit par de nombreux sires châtelains qui élèvent des châteaux à leur propre initiative : ainsi, en Charente, on compte deux tiers des constructions effectuées à l'initiative d'un particulier. [...]
[...] L'aristocratie, établie en principautés, échappe à la domination royale, mais prend-elle le pas sur les rois pour autant ? Il semblerait que non, malgré leur puissance parfois supérieure à celle des rois, les princes ne contestent pas la supériorité hiérarchique et spirituelle octroyée par le sacre, et s'ils tentent sous les derniers Carolingiens de placer leur candidat favori sur le trône, ils ne parviennent pas à faire de la monarchie un pion entre leurs mains : en faisant couronner leur héritier de leur vivant, les Capétiens se prémunissent contre l'ingérence des Princes dans la succession royale. [...]
[...] Or, bien que surpassant le roi en influence et en capacité d'action, le comte d'Aquitaine n'en demeure pas moins le vassal du roi, et à ce titre il ne peut prendre légitimement les armes contre son seigneur. Ce conflit se résout par la soumission du seigneur de Montferrand et par un hommage vassalique que Guillaume rend à Louis VI, hommage qui n'avait pas eu lieu à l'avènement du roi et par lequel le comte d'Aquitaine reconnaît la suzeraineté du roi sur la seigneurie de Montferrand. Louis VI établit ici un contact tangible avec le Midi. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture