L'ouvrage qu'il nous est donné de commenter, Quelques aspects du règne de Charles
Quint, empereur d'Allemagne et roi d'Espagne, est un ouvrage collectif dirigé par Marie Catherine BARBAZZA, professeur à l'université Paul Valéry de Montpellier, auteur, soit à titre personnel soit dans le cadre d'études collectives, de plusieurs ouvrages sur l'Espagne moderne, dont La société paysanne en Nouvelle-Castille. Famille, mariage et transmission des biens à Pozuelo de Aravaca (1580-1640) publié en 2000. Sa rédaction a été confiée à un cercle large et hétéroclite d'historiens, qui sont soit des hispanistes spécialistes de cette période, soit des historiens français.
Le règne de Charles Quint étant un sujet apprécié des concours du professorat, l'ouvrage a été rédigé dans le cadre de la question soumise à l'Agrégation et au CAPES d'Espagnol en 2005 : L'empire espagnol de Charles Quint. Il s'inscrit donc dans un contexte prolifique de publications sur ce sujet.
Le titre de cette étude collective est apparemment mûrement réfléchi et présente l'avantage d'éviter toute confusion ou toute ambiguïté: Charles Quint y est présenté en tant qu'empereur d'Allemagne et roi d'Espagne, et non comme empereur d'Espagne, ou à la tête d'un empire espagnol . Donc, il insiste d'emblée sur les angles d'études privilégiés par les auteurs : étudier deux aspects importants du règne de Charles Quint :
- L'accès à la couronne d'Espagne, en 1516 : Charles de Gand devient alors Charles Ier d'Espagne,
- En 1519, il reçoit la dignité impériale, en tant qu'empereur du Saint Empire romain et germanique : il est à partir de là, Charles Quint.
Les auteurs ont donc pris le parti de ne pas traiter, sauf de manière simplement allusive, les possessions néerlandaises de Charles Quint liées à son héritage bourguignon.
Ce titre montre également que l'intention de ses auteurs n'est pas de traiter du règne de Charles dans sa globalité et toute sa complexité, mais de réfléchir sur quelques aspects importants : la gestion des affaires allemandes, la dimension castillane de son empire, la politique extérieure, l'aventure américaine et la construction de l'empire américain. Comme l'explique Marie Catherine BARBAZZA, il est proposé au lecteur de «s'interroger sur la dimension européenne et hispanique du règne de Charles Quint, sur ses réussites politiques, intellectuelles, spirituelles mais également ses pratiques d'exclusion, ses refus.»
Dans ces conditions, cette contribution présente l'avantage indéniable de pouvoir réaliser un bilan de l'œuvre de Charles Quint dans un certain nombre de domaines ayant eu trait à son règne. Quels sont les « aspects » du règne de Charles Quint qui sont traités dans cet ouvrage ?
[...] Le Saint-Empire romain et germanique : Enfin, en 1519, Charles accéda à la dignité impériale et devint, à la suite d'une élection éprouvante et très coûteuse, Empereur du Saint-Empire romain et germanique, succédant ainsi à son grand-père Maximilien. Le titre impérial resta donc la propriété des Habsbourg, en dépit des ambitions d'autres prétendants comme le récent roi de France François Ier. Comme le montre la communication de Jean Michel SALLMANN Charles Quint, dernier duc de Bourgogne, le titre d'Empereur était un titre prestigieux, qui permettait de bénéficier de la préséance sur tous les autres rois de la Chrétienté. Il faisait aussi de lui l'une des deux têtes de la Chrétienté, l'autre étant évidemment le pape. [...]
[...] Pourtant, certains historiens relativisent cet échec en soulignant que cette paix ouvrit une période de paix assez longue 60 ans - en Allemagne. En tout état de cause, Charles Quint sortit meurtri de cet échec : Vaincu, le vieil empereur se retira à Bruxelles, sombra dans la dépression dont il ne sortit que pour préparer sa succession et sa retraite.[22] L'abdication et la difficile transmission d'un lourd héritage : Au final, l'empire de Charles Quint s'avéra un héritage lourd à porter, dont il s'empressa après son échec allemand de se débarrasser. [...]
[...] Il était donc destiné à succéder à Charles en tant qu'empereur. C'est d'ailleurs ce qu'il advint, même si tout ne se fit pas aussi naturellement. En effet, Michèle ESCAMILLA, dans sa communication Charles Quint et l'Allemagne, a relaté une réunion de famille qui eut lieu en 1551 à Augsbourg, au cours de laquelle Charles exprima sa volonté de voir son fils Philippe lui succéder également en tant qu'Empereur. Ce revirement provoqua de vives tensions au sein de la famille. Cependant, Charles abandonna ce projet et transmit, comme cela avait été prévu depuis au moins 1531, la dignité impériale à son frère Ferdinand. [...]
[...] Cependant, ce foisonnement de courants spirituels entraîna des controverses aboutissant à un raidissement marqué de l'Espagne dans le domaine religieux. Le camp traditionaliste prit alors nettement le dessus. Ce virage commença avec les polémiques autour du courant des alumbrados ou illuministes qui se manifesta d'abord à Tolède dans plusieurs maisons de retraite spirituelle. Ce mouvement fut critiqué en particulier en raison de l'attachement de ses membres à la doctrine de l'abandon qui insistait surtout sur l'importance de la pauvreté intérieure. Or, c'était remettre en cause un autre type de pauvreté : la pauvreté extérieure. [...]
[...] Mais en dépit de ces éléments, notre ouvrage collectif met bien en évidence la fin difficile du règne de Charles Quint, qui eut une issue inédite : son abdication. Conclusion En définitive, cet ouvrage collectif dirigé par Marie Catherine BARBAZZA traite d'un certain nombre d'aspects essentiels du règne de Charles Quint en tant qu' empereur d'Allemagne et roi d'Espagne. Dans le domaine politique, l'ensemble des communications met bien en évidence la volonté de Charles, alors à la tête d'un empire immense, de mettre ses possessions si disparates au service d'un idéal d'Empire auquel les Habsbourg sont rattachés : la conservation d'un héritage, la lutte pour la Chrétienté, son unité et la protection contre ses ennemis. [...]
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